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Post-Brexit : les dessous de l’accord commercial

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Après que la Grande-Bretagne et l’Union européenne aient passé des mois à négocier les termes d’un divorce chaotique, ils ont conclu un accord commercial ce jeudi. Les deux partenaires ont donc fixé les termes de leurs futures relations commerciales après que le Royaume-Uni ait achevé sa scission acharnée du bloc. Ainsi, les Britanniques quitteront pour de bon l’Union européenne le 31 décembre prochain, date de la fin de la période de transition, confirmant par cette démarche la victoire du Premier ministre britannique Boris Johnson, l’artisan du divorce. Mais que contient cet accord post-Brexit ? Quelles opportunités pour l’Afrique et le Maroc ?

Les législateurs britanniques avaient négocié pendant des années le divorce du bloc européen, connu sous le nom de Brexit. Après trois années de polarisation nationale et européenne, le Royaume-Uni a quitté le bloc des 27 pays membres de l’Union européenne (UE) le 31 janvier 2020, mettant fin à près d’un demi-siècle de liens étroits avec l’Europe. Le pays a toutefois continué à suivre les règles du bloc pendant une période de transition destinée à donner aux deux parties le temps de négocier le partenariat économique et commercial conclu ce jeudi 24 décembre. Le Royaume-Uni quittera donc pour de bon l’UE le 31 décembre prochain.

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Ainsi, il aura fallu dix mois d’intenses négociations pour que les deux partenaires se mettent d’accord. Ceci permet d’éviter in extremis un « no deal » dommageable pour leurs économies, déjà fragilisées par les conséquences de la crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus. Voici les conditions de base de cet accord.

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Ce qui va changer à partir du 1er janvier 2021

En ce qui concerne les biens, le traité garantit des échanges sans droits de douane ni quotas pour «tous les biens qui respectent les règles d’origine appropriées». Une première pour un accord commercial. Ainsi, le Royaume-Uni garde un accès à l’immense marché unique européen de 450 millions de consommateurs et les firmes européennes aux 66 millions de consommateurs britanniques. Les entreprises britanniques ont longtemps été en mesure de transporter des marchandises vers et depuis l’Union européenne sans payer de taxes ni de droits de douane. Si les deux parties n’avaient pas réussi à conclure cet accord, des droits de douane auraient été imposés, créant une rupture dans les chaînes de production de plusieurs secteurs, notamment celui de l’automobile.

Outre les règles sur les droits de douane, cet accord prévoit le respect des conditions de concurrence équitables «en maintenant des niveaux de protection élevés dans des domaines tels que la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique et la tarification du carbone, les droits sociaux et du travail, la transparence fiscale et les aides d’État». «Des mesures correctives» seront prises au cas ou l’une des deux parties manque à ses obligations.

Par ailleurs, le traité prévoit également de laisser aux pêcheurs européens un accès aux eaux britanniques jusqu’en juin 2026. Pendant cette période transitoire de 5 ans et demi, le bloc devra progressivement renoncer à 25% de ses prises, soit environ 650 millions d’euros par an.

En tant que marché unique et union douanière, l’UE adopte les mêmes règles et réglementations afin que les marchandises, les services et les capitaux puissent circuler librement à travers les frontières des pays du bloc, en appliquant les mêmes taxes sur les marchandises de l’extérieur du bloc. Mais la Grande-Bretagne quittera désormais à la fois le marché unique et l’union douanière. Ainsi, la connectivité aérienne, routière, ferroviaire et maritime continue sera garantie, mais de manière moins avantageuse que si le pays restait membre du marché unique. «Afin que les droits des passagers, des travailleurs et la sécurité des transports ne soient pas compromis», des dispositions visent à assurer que la concurrence entre les opérateurs soit exercée dans des conditions équitables.

Concernant le côté logistique, en cas de non-respect de l’accord, un «Conseil conjoint» sera chargé de trancher les litiges. Ce mécanisme contraignant existe dans la plupart des accords commerciaux. À la demande de Londres, la Cour de justice de l’Union européenne ne pourra pas intervenir dans le règlement des différends.

Enfin, en matière de coopération policière et judiciaire, l’accord«établit un nouveau cadre, en particulier pour lutter contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme».

Quelles opportunitéspour l’Afrique ?

Dans une année dominée par l’incertitude, cet accord de dernière minute et qui sera entera en vigueur à partir du 1er janvier 2021, a ouvert la voie à la fin du long et tortueux processus de négociations. Ce « deal » historique étant évalué comme un coup de pouce économique bienvenu ou une mauvaise décision, la Grande-Bretagne devrait se méfier du monde très différent dans lequel elle entre, ont déclaré des analystes internationaux. Dans ce contexte incertain, l’économie britannique retient son souffle. Ainsi, le Brexit pousse le Royaume-Uni à diversifier ses partenaires commerciaux. Au-delà du seul accord commercial avec l’UE, des accords ont aussi été trouvés ces dernières semaines avec la Corée du Sud, Israël, l’Islande, la Norvège, la Suisse, le Kenya…

L’Afrique est le « continent à venir », fort d’une population jeune qui doublera, à 2 milliards d’habitants, au cours des trois prochaines décennies et fera naître d’énormes opportunités pour les affaires et l’investissement. C’est dans cette optique que Londres a engagé des discussions avec des pays africains, continent où l’ex-puissance coloniale veut retrouver de nouveaux partenaires commerciaux. Alors que le Royaume-Uni redéfinissait les contours de sa politique étrangère, le pays avait organisé le Sommet Afrique–Royaume-Uni sur l’investissement en janvier 2020. En marge de cette rencontre qui avait connu la participation de seize dirigeants africains, le Maroc et le Royaume-Uni avaient pour objectif d’étudier les opportunités d’échanges commerciaux et d’investissements entre les deux pays.

En quittant l’UE, le grand défi du Royaume-Uni sera de redéfinir ses relations commerciales et de rechercher de nouveaux partenaires avantageux en dehors du bloc européen, notamment sur le continent africain, afin de limiter les pertes causées par ce divorce. Ainsi, le Maroc, au vu de sa place géostratégique, constitue pour le Royaume-Uni un hub et une porte d’entrée vers le marché africain pour renforcer ses investissements et ses exportations.

A cet effet, le Maroc, qui a prouvé sa compétitivité tout au long de ces dernières années grâce à ses multiples atouts, pourrait bien bénéficier du flux d’investissements et de délocalisations des entreprises britanniques vers le continent africain à la faveur de l’expertise dont bénéficient ses entreprises.

De plus, l’accord d’association entre les deux Royaumes, signé à Londres le 26 octobre 2019, entrera en vigueur le 1er janvier prochain. À cet effet, ce jeudi 24 décembre, les deux pays ont procédé à un échange de Notes verbales. Selon une Déclaration conjointe maroco-britannique, «l’Accord restitue l’ensemble des effets que les deux pays s’accordaient, mutuellement, dans le cadre de l’Accord d’Association Maroc-UE». Il assure la continuité des échanges entre les deux pays après la sortie de l’Union européenne le 31 décembre prochain, indique la Déclaration. Il s’agit d’une «garantie aux entreprises marocaines et britanniques qui entreprennent des relations économiques et commerciales dans tous les secteurs de coopération».

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