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Le digital, un levier stratégique de croissance pour le Crédit Agricole du Maroc

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Résultats du Crédit Agricole du Maroc, engagement de la banque dans la relance de l’économie nationale, nouvelles lignes de financement, finance participative, digitalisation et projections pour 2021… Dans cet entretien, Abdelmounaim Dinia, DG du Groupe Crédit Agricole du Maroc nous parle aussi du travail mené par la banque verte dans le monde rural.

LeBrief : Revenons tout d’abord sur lesrésultats du Groupe Crédit Agricole du Maroc. Est-ce que ces résultatssont en phase avec vos projections surtout avec les effets de la crise sanitaire mais aussi ceux de la sécheresse ?

Abdelmounaim Dinia : Malgré la conjoncture économique et sociale fortement impactée par les retombées de la pandémie de la Covid-19 et la sécheresse, la Banque a réalisé des performances très honorables au terme du premier semestre de l’année 2020, des performances induites par son modèle de distribution lui permettant de jouer pleinement son rôle de banque citoyenne.

Nous avons, en effet, confirmé notre engagement effectif pour la relance économique et la lutte contre les effets de la Covid-19 à travers une série de mesures et d’actions que nous avons déployées au bénéfice de l’ensemble de notre clientèle, et nous nous sommes fortement mobilisés pour lutter contre les effets de la sécheresse avec, notamment, la mise en place d’une enveloppe supplémentaire de 1,5 milliard de DH pour soutenir la résilience du secteur agricole impacté par un déficit de pluviométrie au début de cet exercice.

C’est ainsi qu’au terme du mois de juin 2020, le Groupe Crédit Agricole du Maroc a affiché un encours de crédits distribués de 89 milliards de dirhams contre 83,7 milliards de dirhams au 30 juin 2019 soit une progression de 6,4%.

Par ailleurs, le Groupe a hissé l’encours de l’épargne mobilisée à près de 87 milliards de dirhams, marquant ainsi une progression de 3% par rapport au premier semestre 2019.

Le Produit net bancaire du Groupe s’est établi à 2,1 milliards de dirhams à fin juin 2020, en hausse de 9 % par rapport à la même période de l’exercice 2019.

Le Produit net bancaire social a affiché, quant à lui, une progression de 12% par rapport à fin juin 2019. Cette variation est la conséquence de la bonne tenue des marges d’intérêts, induite par la progression des volumes de crédit distribués, et par la marge sur commissions qui ont progressé respectivement de 10% et 6%.

Les progressions positives de nos fondamentaux enregistrées à fin juin seront maintenus à la fin de l’exercice grâce à la mobilisation de nos équipes.

Nous avons fortement contribué au programme Damane Relance pour soutenir les entreprises en difficulté avec « Damane Relance »et « Damane Relance TPE »destinés aussi bien au monde rural qu’au milieu urbain.

LeBrief :Votre banque s’est engagée dans la mise en œuvre de Damane Relance et Damane Oxygène, quel bilan pouvez-vous dresser pour ces deux produits ?

Abdelmounaim Dinia : C’est vrai qu’au début de la crise sanitaire mondiale, notre portefeuille de clientèle agricole et agro-industrielle n’a pas été fortement impacté et nous n’avons donc sollicité le programme Damane Oxygène qu’avec modération. En revanche, nous avons fortement contribué au programme Damane Relance pour soutenir les entreprises en difficulté avec Damane Relance» et Damane Relance TPE,destinés aussi bien au monde rural qu’au milieu urbain.

Signalons aussi que dans la même logique d’accompagnement et de soutien aux entreprises impactées par la crise sanitaire, nous avons reporté les échéances de crédits de ces entreprises. Nous avons aussi accordé des reports d’échéance de crédits pour les particuliers et professionnels éligibles. Le monde rural a mobilisé 21% de l’enveloppe nationale globale du programme Intelaka

LeBrief : Ces produits ont éclipsé en quelque sorte le programme Intelaka qui a pour but de stimuler l’emploi des jeunes et l’entrepreneuriat avec un intérêt particulier pour le monde rural. Est-ce qu’il y a eu un engouement pour ce programme ?

Abdelmounaim Dinia : Notre ancrage dans le monde rural et agricole nous a permis de maintenir la même dynamique de lancement du programme Intelaka, notamment sa composante « Al Moustatmir Al Qaraoui »dédiée justement au milieu rural. Il faut noter à ce sujet que le monde rural a mobilisé 21% de l’enveloppe nationale globale de ce programme, sachant que le secteur agricole est le premier secteur soutenu avec 18 % de l’enveloppe globale. Naturellement, Le Groupe Crédit Agricole du Maroc est l’un des acteurs majeurs qui a traité la quasi-totalité des dossiers du secteur agricole.

Al Moustatmir Al Qaraoui (AMAQ) connaît un engouement remarquable de la part des porteurs de projets. Nous avons, d’ailleursmis en place une plateforme digitale de traitement des dossiers. AMAQ et un dispositif dédié pour accompagner cette bonne dynamique aussi bien en matière de financement que de conseil.

LeBrief : Vous avez signé deux accords de financement : 200 millions d’euros accordés par la Banque européenne d’investissement (BEI) et 20 millions d’euros débloqués par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).Ces précieux fonds arrivent alors que tous les opérateurs sont engagés dans la relance de l’économie nationale. A quoi vont servir ces deux prêts qui couvrent deux domaines distincts ?

Abdelmounaim Dinia : La convention que nous avons signée avec la BEI nous permettra essentiellement d’accompagner la mise en œuvre de la nouvelle stratégie agricole du Maroc «Génération Green.2020-2030», à travers le renforcement de notre soutien aux entreprises marocaines opérant dans le secteur de l’agriculture et l’encouragement des investissements productifs et générateurs d’emplois et de valeur ajoutée.

Elle porte sur le financement des chaines de valeurs agricoles, toutes productions confondues et touche l’ensemble de l’écosystème y afférent et concerne l’ensemble des segments de production alimentaire, amont et aval (exploitations agricoles, coopératives agricoles, groupements d’intérêt économique, petites et moyennes entreprises, très petites entreprises, …).

Concernant l’accord avec la BERD, il s’agit d’une convention visant àstimuler les échanges commerciaux entre le Maroc et certains pays partenaires. Il s’agit d’une ligne multidevises et non-engagée qui sera déployée pour émettre des garanties en faveur des banques confirmatrices des crédit documentaires import ouverts pour le compte de nos clients importateurs et pour fournir un financement en devise destiné à des transactions commerciales d’exportations ou d’importations.

LeBrief : Al Akhdar Bank, la banque participative du Groupe Crédit Agricole du Maroca soufflé sa 3e bougie. Quelle est sa part de marché et quelle est sa stratégie pour une meilleure présence dans les différentes régions du Royaume ?

Abdelmounaim Dinia : Notre filiale poursuit la mise en place de son programme de développement stratégique à travers l’extension de son réseau. Elle compte désormais 21 agences réparties sur plusieurs villes du Royaume. Al Akhdar Bank dispose de toute la palette des produits et services autorisés et qui couvrent les besoins des particuliers, professionnels, entreprises et agriculteurs. Notre filiale occupe le 3e rang sur la place des banques participatives au Maroc.

Le Crédit Agricole du Maroc a fait du digital un levier stratégique de croissance et de différenciation en mettant en place une gouvernance adéquate

LeBrief : Un mot sur la digitalisation… Comment se décline ce grand chantier au Crédit Agricole du Maroc ?

Abdelmounaim Dinia : Le Crédit Agricole du Maroc a fait du digital un levier stratégique de croissance et de différenciation en mettant en place une gouvernance adéquate et en lançant plusieurs initiatives depuis plusieurs années déjà. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer avec beaucoup de satisfaction que nous avons atteint une maturité certaine et que désormais notre programme de transformation est dans sa phase d’accélération.A l’instar des banques de la place, nous avons une offre riche, complète et en phase avec les besoins de la clientèle dans le monde urbain. A cet effet, nous avons déployé des solutions de Mobile Banking, d’E-Banking, de cash Management et de paiement mobile mais aussi un réseau d’agences intelligentes en plus d’espaces de self-service digital. Ceci étant dit et partant de notre ancrage dans le monde rural et agricole, nous sommes convaincus que la digitalisation apportera plus de valeur dans ces zones et c’est pour cela, d’ailleurs, que nos équipes travaillent pour la mise en place de nouveaux parcours simples et accessibles favorisant l’inclusion financière digitale.

Notre Groupe ambitionne de contribuer fortement à la création d’un écosystème digital incluant les filières agricoles en offrant ses plateformes digitales comme socle de base pour la mise en place de parcours spécifiques aux diverses filières. C’est ainsi, par exemple, que nous avons co-construit un parcours 100% digitale avec la Sonacos au profit des agriculteurs. Ce parcours, intégré dans notre nouvelle application «Imtiazat-e», est la traduction réelle du paiement mobile dans le monde ruralet agricole. «Imtiazat-e» est la premièreapplication bancaire gratuite dédiée aux agriculteurs au Maroc.

Nous venons aussi d’avoir l’accord de Bank Al-Maghrib pour ouvrir les comptes à distance à travers notre nouvelle solution «Hssab-e», application mobile, qui permet d’ouvrir un compte bancaire à distance sans se déplacer en agence dans le respect total de la règlementation. Notre ambition est d’en faire un vrai levier d’inclusion financière au niveau du monde ruralest agricole. D’ailleurs, nous avons prévu de mobiliser, entre autres, nos agences mobiles pour des actions de terrain au niveau des zones enclavées.

Signalons, également, que nous venons d’avoir l’agrément de Bank Al-Maghrib pour lancer notre établissement de paiement «AlFilahiCash», établissement de paiement qui offre une panoplie de services spécifiques d’ouverture de compte de paiement, transfert, paiement mobile et des opérations de change.

Considérant notre mission de service public et notre spécificité liée au monde rural et agricole, notre EDP se basera, naturellement, sur 3 piliers pour apporter de la valeur à nos clients à savoir: – être le relais et trait d’union entre le monde urbain et le rural, – la dématérialisation du cash dans le monde rural, – et le développement économique dans le monde rural.

Notons, enfin, que l’ensemble de nos processus internes ont fait l’objet d’une forte transformation digitale visant à améliorer aussi bien le risque opérationnel que l’expérience collaborateur. Bien entendu, nous allons continuer à progresser dans un monde en perpétuel changement avec comme seul leitmotivde créer de la valeur pour nos clients et nos collaborateurs.

Tenant compte des récentes précipitations ainsi que les perspectives favorables par rapport à la crise sanitaire actuelle, nous restons optimistes pour l’exercice 2021

LeBrief : 2020, une année difficile. Comment s’annonce le dernier trimestre de 2020 et quelles sont vos prévisions pour 2021 ?

Abdelmounaim Dinia : Le secteur bancaire marocain a toujours démontré sa capacité de respecter les exigences réglementaires strictes en dépit de la montée conjoncturelles des risques. D’ailleurs, le macro-stress test effectué récemment par Bank Al-Maghrib a confirmé ce constat. Ceci étant dit, l’impact de la crise sanitaire mondiale ne sera pas neutre et les banques subiront inéluctablement des répercussions négatives de cette crise.

Tenant compte des récentes précipitations ainsi que les perspectives favorables par rapport à la crise sanitaire actuelle, nous restons optimistes pour l’exercice 2021 sachant que, pour nous au Crédit Agricole du Maroc, le plus important reste le bénéfice social et l’impact de nos actions sur nos concitoyens. Bien entendu, notre modèle économique de banque universelle adressant les besoins de l’ensemble des marchés et segments de la clientèle marocaine nous permet d’envisager l’exercice 2021 avec beaucoup de sérénité mais surtout avec beaucoup de détermination pour accomplir notre mission de banque citoyenne.

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