Les relations entre le Maroc et les États-Unis sont ancrées dans l’histoire. Depuis longtemps, le Maroc a constitué pour les États-Unis un allié stratégique. Ces relations très solides ont été établies sur plus de deux siècles d’amitié. Comme le président Trump l’a rappelé ce jeudi dans son tweet, le Maroc a été le premier pays à reconnaître les États-Unis d’Amérique en 1777.
Lire aussi : Les USA reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara et décident d’ouvrir un consulat à Dakhla
Des relations aussi vieilles que l’Amérique elle-même
Au début de la Révolution américaine, les navires marchands américains ne pouvaient plus compter sur les accords maritimes de la Grande-Bretagne avec les États côtiers d’Afrique du Nord. Le 20 décembre 1777, le sultan marocain Sidi Mohammed, dans ce qui équivalait à une reconnaissance virtuelle de l’indépendance des États-Unis, annonça que tous les navires américains pouvaient entrer librement dans les ports marocains pour «prendre des rafraîchissements et y bénéficier des mêmes privilèges et immunités que ceux des autres nations avec lesquelles Sa Majesté Impériale est en paix».
Deux ans plus tard, le consul du sultan, Stephen D’Audibert Caille, a informé le Congrès du désir du Maroc de conclure un traité de paix avec l’Amérique. Le 28 novembre 1780, le Congrès ordonna à Benjamin Franklin d’informer Caille que les États-Unis voulaient «cultiver l’amitié la plus parfaite» avec le Maroc et négocier un traité commercial avec le Royaume. Le 18 juillet 1787, près de dix ans après le premier contact, le Congrès a ratifié le Traité de paix et d’amitié, le plus ancien traité de ce genre des États-Unis, et le premier entre les États-Unis et un pays arabe, musulman ou africain. Le 1er décembre 1789, le président George Washington a écrit une lettre à son «grand et magnanime ami» Sultan Sidi Mohammed.
Après la mort du sultan en avril 1790, Jefferson a rappelé au Congrès que «l’amitié avec ce pouvoir est importante», et les Américains ont travaillé pour maintenir le traité avec le nouveau souverain marocain, le sultan Moulay Slimane. En 1821, le sultan Moulay Slimane a offert aux États-Unis un beau bâtiment à Tanger pour offrir une plus grande protection aux navires américains. Le bâtiment est connu comme l’une des plus anciennes propriétés appartenant aux États-Unis à l’étranger. Aujourd’hui, le consulat américain est basé à Casablanca et le bâtiment de la légation américaine de Tanger commémore les relations historiques des deux pays.
Seconde Guerre mondiale : regards sur la période 1939-1945
Pendant des années, le Maroc et les États-Unis ont minutieusement développé et entretenu leurs relations. Le Maroc, considéré comme un carrefour stratégique, constituaitpour les États-Unis la meilleure position avancée pour la défense de l’Europe, du Proche-Orient et de l’Afrique. Ainsi, plusieurs opérations se sont déroulées pendant la Deuxième Guerre mondiale sur son sol, en particulier l’opération Torch. Il s’agit du débarquement des Alliés le 8?novembre 1942 dans les territoires français d’Afrique du Nord. Les troupes américaines et anglaises, parties de leurs bases de Gibraltar, débarquaient à Alger, à Oran et à Casablanca. Cette opération, une bissectrice de la guerre, a permis d’envisager l’ouverture d’un premier second front au Sud de la machine de guerre nazie dans une Europe entièrement entre les mains de Hitler. Elle a contribué au succès de la contre-offensive victorieuse contre l’Allemagne hitlérienne.
Par ailleurs, les relations entre les Américains et le sultan Mohammed V remontent à la Deuxième Guerre mondiale précisément au 22 janvier 1943, date de la conférence d’Anfa. Lors de cette dernière, le président Théodore Roosevelt a rencontré le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef. Dans son œuvre « Le défi », Feu le roi Hassan II a reconnu l’importance politique de cette rencontre : «le Président américain déclara que le système colonial était périmé et à son avis condamné […]. F. D. Roosevelt évoqua le jour qu’il souhaite très proche, où les hostilités ayant pris fin, le Maroc accèderait librement à l’indépendance […]. Cette indépendance serait favorisée par une aide économique convenable».
La conduite de la politique américaine à l’égard du Maroc après l’indépendance
Avant l’indépendance du Maroc en 1956, le présidentRoosevelt a validé les aspirations du Maroc à l’indépendance et a élaboré une stratégie de développement du pays. Lorsque le Maroc s’est finalement déclaré libre de la domination coloniale française, les États-Unis ont continué à exprimer leur solidarité et leur soutien au progrès du pays en tant que nation indépendante. Quand le sultan est revenu de son exil le 18 novembre 1955, le président Dwight D. Eisenhower lui envoya un courrier spécial rappelant les anciennes relations qui existaient entre les deux pays. Ainsi, les États-Unis?ont aussitôt reconnu l’indépendance du Maroc. Le 2 août 1956, le président Eisenhower signe l’acte de renonciation aux droits d’exterritorialité au Maroc.
Le Sénat américain a établi la représentation américaine au Maroc en nommant le premier ambassadeur des États-Unis dans le pays en juillet 1956. Des mois après, des relations diplomatiques complètes ont été établies entre les deux pays. Moins d’une année plus tard, un accord d’assistance technique et économique est conclu entre les deux pays. Une aide de 20 millions de dollars est accordée au Maroc pour l’année fiscale 1956-1957. Depuis lors, le prince héritier Moulay El Hassan (futur roi Hassan II), Mehdi Ben Barka, président de l’Assemblée nationale consultative marocaine, et le sultan Mohammed V ont effectué des voyages aux États-Unis. À son tour, le président Eisenhower a été accueilli au Maroc en 1959.
Des relations en croissance continue
Après la mort de Mohammed V en février 1961, le roi Hassan II s’orienta vers une amélioration des relations avec l’Occident et notamment les États-Unis. Le Souverain a effectué une visite aux États-Unis en 1963. Bien qu’aucun président américain n’a effectué une visite officielle au Maroc depuis 60 ans, la Maison-Blanche et le Palais royal entretiennent des relations sur les fronts économiques, politique et social. Au lendemain du 11 septembre, le Maroc a renouvelé sa position d’allié fort des États-Unis. Depuis, les pays ont centré leurs liens sur les efforts antiterroristes, une coopération accrue en matière de sécurité, leur accord de libre-échange et le développement socio-économique. En novembre 2013, le roi Mohammed VI a été reçu à la Maison-Blanche par le président américain de l’époque, Barack Obama. Cette visite a été l’occasion de réaffirmer la solidité des relations et de la coopération croissante entre les deux pays.
Position des USA sur la question du Sahara
Le conflit du Sahara constitue un des plus anciens conflits non résolus. Depuis les années 1970, avec l’apparition du conflit, les États-Unis avaient joué un rôle fondamental. Dans les années 1981-1982, les États-Unis ont fortement augmenté leur aide au Maroc. Cette aide se résumera entre autres à une importante livraison dematériel militaire, suite aux accords passés entre le Maroc et les États-Unis dans le cadre du Consensus stratégique occidental au Moyen-Orient, et relatif aux déploiements des Forces spéciales américaines dans cette région. En septembre 1991, une mission des Nations unies «pour l’organisation d’un référendum au Sahara», la Minurso est mise en place afin de surveiller le cessez-le-feu et organiser dès janvier 1992 un référendum. Depuis, le Royaume rencontrera quelques difficultés pour défendre sa cause auprès de certaines personnalités américaines notamment l’ancien envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara James Baker. Ce dernier avait proposé deux plans de paix pour le Sahara entre 2000 et 2003 qui n’étaient pas conforme à la vision marocaine. En 2007, le Maroc propose son plan d’autonomie pour les provinces du Sud. Il est qualifié de crédible par l’administration de l’ex-président George W. Bush. Il faut dire que le Maroc a eu plus de mal avec les démocrates qu’avec les républicains pour ce qui est des positions américaines sur la question du Sahara. On se rappelle de « rapports » tranchants publiés par le Centre Robert Kennedy des droits de l’Homme contre le Maroc. D’ailleurs en septembre 2008, ledit Centre avait attribué son prix des droits de l’Homme à Aminatou Haidar, en présence du sénateur de l’Illinois de l’époque, un certain Barack Obama. L’ex-représentante des États-Unis à l’ONU Susan Rice avait aussi pris des positions hostiles à la souveraineté du Maroc sur le Sahara poussant le Royaume à faire des efforts monstres pour bloquer certaines résolutions. Avec l’administration Trump, c’est l’ancienconseiller à la sécurité nationale John Bolton qui mettait le bâtons dans les roues du Maroc avant son départ.Le Marocs’est appuyé sur les États-Unis, la France et l’Espagne, tout en comptant également sur les États membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Par ailleurs, en 2019, le quotidien national américain The Wall Street Journal avait publié un article qui fait état de la position des États-Unis sur le conflit en affirmant que «Washington ne soutiendrait pas un plan visant à créer un nouvel État en Afrique».
Sources :Tribune de Ray Hanania, journaliste américain et rédacteur en chef du journal The Arab Daily News ; les relations entre le Maroc et les États-Unis : regards sur la période 1943-1970 ; analyse du think tank colombien CPLATAM.
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