Les jeunes âgés de 15 à 25 ans représentent un cinquième de la population mondiale. S’ils sont souvent impliqués dans des processus informels, notamment l’activisme et l’engagement civique, beaucoup d’entre eux ne participent pas aux élections. Au Maroc, l’augmentation régulière de l’abstention ainsi qu’une baisse significative des identifications partisanes traduisent un malaise de plus en plus diffus à l’égard de la représentation politique, touchant plus particulièrement les jeunes générations.
Alors que le Royaume dispose d’un profil démographique relativement jeune (moyenne d’âge de 31,9 ans), cette tranche d’âge représente près du cinquième de la population marocaine, soit six millions selon le dernier recensement général. Ces jeunes, qui deviennent de plus en plus éduqués, montrent un fort désintérêt vis-à-vis de la participation démocratique. Cela peut avoir un impact sur la qualité de la gouvernance démocratique. D’autant plus que l’année 2021, qui connaîtra l’organisation des élections communales, régionales et législatives, sera déterminante du fait de l’après-crise pandémique.
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Désintérêt des citoyens
Globalement, selon une étude réalisée par L’Économiste, l’électeur marocain ne s’intéresse pas au processus démocratique du Royaume. En effet, 55% des sondés déclarent ne pas vouloir voter lors des prochaines législatives. Et ce, en raison de leur perte de confiance dans la classe politique. Ce phénomène n’est pas nouveau : 54% des hommes et 68% des femmes interrogés indiquent ne pas avoir participé aux échéances de 2016. Lors de ce scrutin, le taux de participation n’a pas dépassé 46%. Pire encore, les listes électorales n’affichaient que 30% de jeunes entre 18 et 35 ans. Ces derniers ne représentaient à la date du 31 mars 2019 que 24% de la liste électorale.
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Dans le même constat, selon une enquête du Haut-commissariat au plan en 2011, «les jeunes âgés de moins de 18 à 24 ans enregistrent le taux de participation le plus faible (23% contre 69% parmi les jeunes âgés de 35 à 44 ans)». De plus, «les jeunes ayant un niveau scolaire supérieur sont moins enclins à voter (43% contre 57% parmi les jeunes sans niveau scolaire)». Le niveau de participation aux élections est plus faible parmi les femmes (46% contre 54%) et en milieu urbain (46% contre 55%).
Cet abstentionnisme important est dû au faible degré de confiance des jeunes dans les institutions politiques nationales. 37% des jeunes accordent une grande ou moyenne confiance au Parlement, 26% aux collectivités locales et 24% aux partis politiques. De plus, 1% des jeunes adhèrent à un parti politique, 1% sont membres actifs d’un syndicat, 9% participent à des activités de bénévolat, 4% aux rencontres d’un parti politique ou d’un syndicat et 4% aux manifestations sociales ou grèves.
Un manque d’engagement en raison de la faible représentation des jeunes
Alors que les jeunes jouent souvent un rôle central dans les mouvements de démocratie à travers le monde, ils sont moins engagés que d’autres générations dans le vote et l’activisme des partis. Et ce, parce qu’ils sont souvent exclus ou ignorés comme potentiels candidats aux postes élus. La politique étant généralement considérée comme un espace pour les hommes expérimentés, les jeunes sont systématiquement marginalisés en raison de leur jeune âge, des possibilités limitées et du manque conséquent d’expérience. Selon l’Union interparlementaire (UIP), bien que les personnes âgées de 20 à 44 ans constituent 57% de la population mondiale en âge de voter, cette tranche ne représente que 26% des députés du monde. Les jeunes de moins de 30 ans représentent 1,9% des députés dans le monde et plus de 80% des chambres supérieures de Parlements n’ont pas de députés en dessous de 30 ans.
Que fait le Maroc pour y remédier ?
Une chose est certaine : l’apport de la jeunesse est la condition indispensable de tout progrès politique ou social. Ainsi, depuis son accession au trône, le roi Mohammed VI porte une attention particulière à la jeunesse marocaine. Le Souverain, qui avait mentionné ce problème lors du discours du trône en 2017, appelle les partis à accueillir les jeunes citoyens, à les encadrer et à les sensibiliser à investir les instances décisionnelles. Alors que 2021 sera une année foncièrement électorale, la participation politique des jeunes est encore une fois mise en question. Leur rapport à la politique occupe de façon récurrente les débats et suscite souvent une certaine inquiétude. Ainsi, afin de les appeler à participer activement à ces rendez-vous électoraux, plusieurs formations partisanes offriront des programmes politiques en adéquation avec les attentes et les aspirations de cette tranche de la population. Par ailleurs, dans le mémorandum commun pour des réformes politiques et électorales, les trois partis de l’opposition (PAM, le PSS et le Parti de l’Istiqlal) avaient proposé de rendre le vote obligatoire. Les trois partis envisageaient de le placer comme «condition de pondération lorsque les candidats sont égaux pour accéder à une fonction publique ou pour être nommés à des postes supérieurs». Cette mesure est considérée comme le seul recours face au manque de participation politique des jeunes.
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