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Société marocaine : 65 ans d’évolution

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Le 18 novembre de chaque année, les Marocains commémorent la fin du protectorat et l’entrée dans le Maroc «moderne», libre et démocratique, tel que feu Mohammed V l’avait voulu. Six décennies après l’indépendance, le Maroc a enregistré des bouleversements sociaux, économiques et politiques très importants. La société a connu progressivement de profonds changements qui ne constituent pas une évolution d’une étape à une autre mais s’apparentent à une archéologie. Comment cerner ces changements ?

C’est le 18 novembre de chaque année que les Marocains peuvent bénéficier d’un jour de repos au titre d’une indépendance ardemment souhaitée. Cette fête politique coïncide avec la célébration de la fête du trône sous le règne de Mohammed V, sur l’esplanade de la tour Hassan à Rabat et ce, quelques jours après son retour de l’exil, le 16 novembre 1955.

Le processus de décolonisation a généralisé la souveraineté des États-nations. Ce processus a établi, pour la première fois dans l’histoire, l’équivalence formelle des unités politiques à travers le monde. Cependant, les situations économiques et sociales étaient loin d’une telle équivalence, et cet écart entre les anciens colonisateurs et les territoires en décolonisation devenait plus apparent.

La société marocaine a donc subi de grandes transformations depuis l’indépendance. Par conséquence, la sphère des valeurs a également connu un changement. Alors qu’il existait un référentiel de valeurs traditionnelles par le passé, ce dernier a été confronté aux facteurs de changement des modes de vie, notamment l’apparition de nouveaux besoins, de la mobilité des populations ainsi qu’aux changements des canaux de production des valeurs et de la complexification de la société contemporaine. Le développement social a été fortement influencé par le changement de la structure de la société marocaine, qui a connu des disparités socio-économiques remarquables et une croissance économique stable.

Évolution de la famille marocaine depuis l’indépendance

La famille marocaine, comme celles de la plupart des pays arabo-musulmans, a hérité au lendemain de son indépendance d’un réservoir de valeurs traditionnelles qui intervient dans les relations des individus et des groupes avec l’État et la collectivité. La religion, la coutume, la tradition, les droits coutumiers et les pratiques sociales sont restés les principales sources des valeurs. Ces derniers délimitent le cadre moral et dictent les valeurs à suivre par rapport à soi, aux autres et à la communauté. Cependant, l’évolution sociale et les changements induits par l’indépendance ont ouvert le registre des valeurs pour intégrer d’autres valeurs, notamment les valeurs universelles et celles des organisations onusiennes. Ceci inclut les droits de l’Homme, l’égalité des hommes et des femmes, les droits des enfants, la liberté d’expression, l’État de droit et la démocratie. De plus, l’exposition aux médias satellitaires a fait introduire de nouveaux modèles de vie au sein des foyers marocains.

Ainsi, afin d’affronter les changements, la famille traditionnelle a fait preuve d’inventivité et d’ajustement. Alors que la famille étendue était le type le plus dominant, de nos jours ce n’est plus le cas. Elle est devenue flexible, générant plusieurs types de familles. Aujourd’hui dans la société marocaine, alors que plus de la moitié des familles sont de type nucléaire (composée du père, de la mère et des enfants), le reste représente de nouvelles formes de famille qui pourraient résister à toute typologie, notamment la famille des mères célibataires.

Le statut de la femme marocaine entre traditions et changements

Avec les changements progressifs qu’ont connus les sociétés, et alors que les foyers sont devenus flexibles, la femme au Maroc s’est positionnée comme un acteur actif d’une société autrefois bédouine patriarcale. Depuis cinq décennies, malgré les écarts qui subsistent encore entre les régions urbaines et rurales et entre les hommes et les femmes, de grands efforts ont été consentis en matière d’éducation et de formation des femmes. Ces efforts ont rendu possible l’émergence d’une femme qui a su graduellement faire entendre sa voix. Cette dernière, qui fait partie d’une élite instruite et économiquement active, s’est positionnée, à partir du milieu des années 1980, enrevendiquantl’égalité entre femmes et hommes dans toutes les sphères, notamment la sphère familiale. Ces femmes actives, enseignantes, infirmières, chanteuses ou encore actrices ont perturbé l’ordre social traditionnel. Ainsi, les pères de la famille n’avaient plus les moyens de maintenir leur suprématie.

Les femmes marocaines ont réussi à jeter les bases pour l’émergence d’un mouvement féministe contre la privatisation et la chosification, et ouvert sur les autres dynamiques sociales et politiques. Ayant participé à développer la culture en faveur de l’égalité, ce mouvement a contribué au renforcement de l’autonomie de cette partie de la population. Aujourd’hui, alors que les valeurs de la pudeur et de l’honneur exerçaient un contrôle social sur les membres de la société, le Maroc est dans une dynamique de changementdont la rapidité et la complexité mettent en avant toute certitude quant à l’avenir.

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