La situation des services des urgences au Maroc est catastrophique. La Société marocaine de la médecine d’urgence (SMMU) a affirmé ce constat dans le livre blanc, un rapport de quelque 50 pages, qu’elle a publié il y a quelques jours. Ce rapport, qui intervient à un moment oùle Royaume fait face à une grave recrudescence de la pandémie de la Covid-19, révèle des chiffres accablants. Selon TelQuel, le document dévoile que «sur l’ensemble du territoire national, on ne compte que 118 services des urgences et11 services d’aide médicale urgente (SAMU) pour 16 régions sanitaires, et 24 médecins spécialisés dans la médecine d’urgence, pour un total de six millions de malades qui visitent ce service chaque année». Représentant 50% des consultations ambulatoires des hôpitaux publics, dont 10% se soldent par une hospitalisation, les services d’accueil des urgences (SAU) se retrouvent très souvent confrontés à de graves surcharges.
D’après Maroc Diplomatique, le livre blanc évoque également «la pénurie flagrante en ressources humaines qualifiées, que ce soit pour le personnel médical ou paramédical, dans les deux secteurs de santé (public et privé)». Le journal estime que cette situation rend l’accès à des soins de qualité difficilement équitable. Pour ce qui est de la formation du personnel soignant « urgentiste », poursuit la même source, le rapport déplore qu’elle ne soit assurée que dans deux universités, dont celle de Casablanca qui n’est plus active. Pire encore, la SMMU dénonce qu’«aucun spécialiste en médecine d’urgence ou infirmier spécialisé en soins d’urgences et soins intensifs n’exerce dans le secteur privé», «alors que les cliniques privées, dont le nombre est de 332 avec une capacité d’environ 8.400 lits, représentent 23% de la capacité litière nationale totale».
Par ailleurs, les auteurs du rapport ont souligné plusieurs recommandations pour pallier les lacunes des SAU. Ils proposent ainsi une révision des appellations des professionnels spécialisés dans ce domaine (médecins et infirmiers), l’augmentation de l’activité des SAU et la diversificationdes pathologies prises en charge nécessitant une organisation rigoureuse. Mais aussi un triage adapté en termes de prise en charge des personnes se présentant aux urgences, notamment «selon la gravité de l’état de santé des patients, au lieu du mode du “premier arrivé/premier servi” qui n’est plus de mise». La SMMU recommande enfin «l’informatisation des soins et des dossiers médicaux au niveau des structures des urgences afin de permettre une meilleure gestion des dossiers malades et un gain de temps considérable sur toute la filière de prise en charge».
Tarifs des prestations liées à la Covid-19
Outre le problème des services d’urgence du pays, le système de santé fait face à un autre défi majeur : la tarification des prestations liées au nouveau coronavirus. Selon Hespress Fr, depuis que les cliniques privées ont eu l’aval du ministère de la Santé pour commencer à prendre en charge les patients souffrant de la Covid-19, plusieurs problèmes sont survenus, notamment la surfacturation. La même source rapporte que l’hospitalisation d’un cas confirmé «peut atteindre jusqu’à 140.000 dirhams, voire plus». En plus, un chèque de garantie doit être déposé avant l’admission du patient, dont la somme peut atteindre jusqu’à 40.000 dirhams.
C’est dans le but de régler le problème des tarifs exorbitants pratiqués par les cliniques privées que s’est tenu ce mercredi 11 novembre une réunion d’urgence entre Khalid Aït Taleb, ministre de tutelle, et les représentants de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP). Le360 nous fait savoir que cet échange a été l’occasion «d’exposer les contraintes qui pourraient justifier la différence colossale entre, d’une part, les tarifs pratiqués par les cliniques et, d’autre part, la tarification de référence fixée récemment par l’ANAM dans le cadre de l’Assurance maladie obligatoire (AMO)». Les différentes parties prenantes ont à l’issue de cette réunion convenu d’instaurer «une tarification spéciale pour tout acte lié à la Covid-19, et ce, dans l’ensemble des cliniques», assure Redouane Semlali, président de l’ANCP. Et à partir de ce jeudi 12 novembre, les experts du ministère de la Santé, de l’ANAM et de l’ANCP entament les études préalables à la détermination de la nouvelle tarification, indique la même source, notant que «celle-ci va ressembler à une “revalorisation” de la grille tarifaire établie par l’ANAM».
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