Accueil / Société

Covid-19 : des soins inaccessibles

Temps de lecture

Alors que le Maroc fait face à une forte recrudescence de la pandémie du coronavirus, la Société marocaine de la médecine d’urgence (SMMU) a publié un livre blanc dénonçant la situation chaotique des services de soins d’urgence et pré-hospitaliers. De plus, afin de régler le problème des tarifs exorbitants pratiqués actuellement pour les prestations liées à la Covid-19, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, les représentants de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) ont tenu mercredi 11 novembre une réunion d’urgence à ce sujet.

La situation des services des urgences au Maroc est catastrophique. La Société marocaine de la médecine d’urgence (SMMU) a affirmé ce constat dans le livre blanc, un rapport de quelque 50 pages, qu’elle a publié il y a quelques jours. Ce rapport, qui intervient à un moment oùle Royaume fait face à une grave recrudescence de la pandémie de la Covid-19, révèle des chiffres accablants. Selon TelQuel, le document dévoile que «sur l’ensemble du territoire national, on ne compte que 118 services des urgences et11 services d’aide médicale urgente (SAMU) pour 16 régions sanitaires, et 24 médecins spécialisés dans la médecine d’urgence, pour un total de six millions de malades qui visitent ce service chaque année». Représentant 50% des consultations ambulatoires des hôpitaux publics, dont 10% se soldent par une hospitalisation, les services d’accueil des urgences (SAU) se retrouvent très souvent confrontés à de graves surcharges.

D’après Maroc Diplomatique, le livre blanc évoque également «la pénurie flagrante en ressources humaines qualifiées, que ce soit pour le personnel médical ou paramédical, dans les deux secteurs de santé (public et privé)». Le journal estime que cette situation rend l’accès à des soins de qualité difficilement équitable. Pour ce qui est de la formation du personnel soignant « urgentiste », poursuit la même source, le rapport déplore qu’elle ne soit assurée que dans deux universités, dont celle de Casablanca qui n’est plus active. Pire encore, la SMMU dénonce qu’«aucun spécialiste en médecine d’urgence ou infirmier spécialisé en soins d’urgences et soins intensifs n’exerce dans le secteur privé», «alors que les cliniques privées, dont le nombre est de 332 avec une capacité d’environ 8.400 lits, représentent 23% de la capacité litière nationale totale».

Par ailleurs, les auteurs du rapport ont souligné plusieurs recommandations pour pallier les lacunes des SAU. Ils proposent ainsi une révision des appellations des professionnels spécialisés dans ce domaine (médecins et infirmiers), l’augmentation de l’activité des SAU et la diversificationdes pathologies prises en charge nécessitant une organisation rigoureuse. Mais aussi un triage adapté en termes de prise en charge des personnes se présentant aux urgences, notamment «selon la gravité de l’état de santé des patients, au lieu du mode du “premier arrivé/premier servi” qui n’est plus de mise». La SMMU recommande enfin «l’informatisation des soins et des dossiers médicaux au niveau des structures des urgences afin de permettre une meilleure gestion des dossiers malades et un gain de temps considérable sur toute la filière de prise en charge».

Tarifs des prestations liées à la Covid-19

Outre le problème des services d’urgence du pays, le système de santé fait face à un autre défi majeur : la tarification des prestations liées au nouveau coronavirus. Selon Hespress Fr, depuis que les cliniques privées ont eu l’aval du ministère de la Santé pour commencer à prendre en charge les patients souffrant de la Covid-19, plusieurs problèmes sont survenus, notamment la surfacturation. La même source rapporte que l’hospitalisation d’un cas confirmé «peut atteindre jusqu’à 140.000 dirhams, voire plus». En plus, un chèque de garantie doit être déposé avant l’admission du patient, dont la somme peut atteindre jusqu’à 40.000 dirhams.

C’est dans le but de régler le problème des tarifs exorbitants pratiqués par les cliniques privées que s’est tenu ce mercredi 11 novembre une réunion d’urgence entre Khalid Aït Taleb, ministre de tutelle, et les représentants de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP). Le360 nous fait savoir que cet échange a été l’occasion «d’exposer les contraintes qui pourraient justifier la différence colossale entre, d’une part, les tarifs pratiqués par les cliniques et, d’autre part, la tarification de référence fixée récemment par l’ANAM dans le cadre de l’Assurance maladie obligatoire (AMO)». Les différentes parties prenantes ont à l’issue de cette réunion convenu d’instaurer «une tarification spéciale pour tout acte lié à la Covid-19, et ce, dans l’ensemble des cliniques», assure Redouane Semlali, président de l’ANCP. Et à partir de ce jeudi 12 novembre, les experts du ministère de la Santé, de l’ANAM et de l’ANCP entament les études préalables à la détermination de la nouvelle tarification, indique la même source, notant que «celle-ci va ressembler à une “revalorisation” de la grille tarifaire établie par l’ANAM».

Dernier articles
Les articles les plus lu

Santé publique : Marrakech réunit les experts pour un avenir plus sain

Société - Le 6e Congrès National d’Hygiène et de Salubrité Publiques a ouvert ses portes à Marrakech, réunissant des experts et des professionnels de la santé publique autour du thème « Les Bureaux Communaux d’Hygiène, retour d’expérience et perspective 2030 ».

Farah Nadifi - 10 décembre 2024

CNSS : lancement du contrôle de scolarité des enfants bénéficiaires

Société - CNSS informe ses assurés du lancement de l’opération de contrôle de droit aux prestations pour l’année scolaire 2024-2025.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Programme d’aide directe au logement : 30.848 bénéficiaires dans les différentes régions du Royaume

Société - Le programme d'aide directe au logement a contribué à l'amélioration des conditions de vie de 30.848 bénéficiaires dans les différentes régions du Royaume.

Mbaye Gueye - 10 décembre 2024

Villes sans bidonvilles : amélioration des conditions de vie de plus de 358.000 ménages ( Adib Benbrahim)

Société - Le programme villes sans bidonvilles permis d'améliorer les conditions de vie de plus de 358.000 ménages.

Mbaye Gueye - 10 décembre 2024

Critiques au parlement sur les politiques de soutien aux médias

Société - Le parlement a vivement débattu des nouvelles orientations gouvernementales concernant le soutien au secteur des médias.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Le Maroc vote pour le moratoire sur la peine de mort

Société - Le Maroc s’apprête à voter en faveur du moratoire sur la peine de mort, une résolution portée à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Colmar: vibrant hommage aux Goumiers marocains qui se sont sacrifiés pour la liberté de la France

Société - Un vibrant hommage a été rendu aux Goumiers marocains lors d’une cérémonie tenue à Fréland, près de Colmar, pour commémorer le 80e anniversaire de la libération de cette commune de l’occupation nazie.

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024

Vannerie marocaine : tradition, innovation et succès international

Société - La vannerie marocaine, fruit d’un savoir-faire transmis de génération en génération, connaît aujourd’hui un essor sans précédent.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024
Voir plus

Travaux imprévus à Maarif, circulation paralysée, la goutte de trop

Société - Les Casablancais qui empruntent le quartier Maarif sont confrontés à un véritable casse-tête. Des travaux… Encore !

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Quand l’ultime repos devient un luxe

Société - Le business de l'ultime repos au Maroc… quelle industrie étrangement florissante que celle de la mort et l'organisation des funérailles.

Sabrina El Faiz - 26 octobre 2024

RGPH 2024 : vieillissement de la population, urbanisation et défis économiques

Société - Les résultats du dernier RGPH 2024 révèlent des changements profonds dans la structure démographique et socioéconomique du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Comprendre l’affaire Hamza mon bb

L'affaire Hamza mon bb continue de faire du bruit. Nous vous apportons les faits internes à l'affaire pour démêler le vrai du faux, et plus encore.

Nora Jaafar - 12 février 2020

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire