Accueil / Économie

Dette du Trésor : qui sont les créanciers du Maroc ?

Temps de lecture

La crise économique provoquée par la pandémie du coronavirus a engendré des dépenses importantes pour tous les gouvernements. Elles seront pour une bonne partie financées par la dette. Après six mois, l’encours de la dette du Trésor a augmenté de 47 milliards de DH soit le double de la hausse enregistrée sur l’ensemble de l’année 2019. Ce contexte est l’occasion de faire le point sur les créanciers du Maroc. Les emprunts du Trésor sur le marché financier international sont très médiatisés, mais les investisseurs sur ces marchés détiennent moins de 7% de l’encours de la dette du Trésor (fin 2019). Cette dernière est en majorité détenue par les institutions financières marocaines, les OPCVM en tête avec 26% de l’encours. Les banques et les compagnies d’assurances détiennent ensemble 293 milliards de DH, soit 39% du stock de la dette. La durée de vie moyenne de la dette s’est établie à 6 ans 11 mois en 2019 pour un coût moyen de 3,9%.

La dette du Trésor s’est établie à 794 milliards de DH à fin juin 2020. Il a augmenté de 47 milliards de DH depuis le début de l’année. Cela représente le double de la hausse enregistrée sur toute l’année 2019. La crise du coronavirus a nécessité des dépenses importantes. Pour les financer, le gouvernement a eu massivement recours à la dette et ce n’est pas encore fini puisque les incertitudes autour de l’évolution de la situation sanitaire sont nombreuses. Selon les prévisions, la dette du Trésor après s’être stabilisée autour de 65% ces dernières années va tourner autour de 75% en 2020 et 2021 selon le ministère des Finances. Cette envolée de la dette est l’occasion de revenir sur les créanciers du Maroc.

Tout d’abord, le montant de l’endettement sur une année est fixé dans la Loi de Finances. Pour 2021, le gouvernement a prévu de mobiliser 107 milliards de DH sur des maturités moyen et longs termes dont 41 milliards de DH de financements extérieurs. Ces opérations sont pilotées par la Direction du Trésor et des finances extérieures au ministère des Finances.

Sorties à l’international

Les emprunts sur le marché financier international sont très médiatisés. Ce fut encore le cas de l’émission de 1 milliard d’euros réalisée il y a quelques semaines. Cependant la part du marché financier international dans la structure de la dette du Trésor se limite à 6,7% en 2019. De façon générale, la dette extérieure représente 22% de l’encours global. Parmi les créanciers multilatéraux, on retrouve principalement la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), la Banque africaine de développement (BAD) etla Banque européenne d’investissement (BEI). Du côté des partenaires bilatéraux, les pays européens sont prépondérants. On retrouve dans ce groupe de créanciers les pays arabes ou encore le Japon.

Dette intérieure

Cependant, plus de 78% de la dette du Trésor sont libellés en dirham ce qui veut dire qu’elle est en grande partie détenue par les investisseurs locaux. Les compagnies d’assurances, les banques, les caisses de retraite, les OPCVM sont donc les principaux bailleurs de fonds du Trésor. Autrement dit, les Marocains détiennent indirectement une bonne partie de la dette du Trésor. Les OPCVM détiennent leplus gros du stock avec 193 milliards de DH à fin 2019 soit 26% de l’encours global. Les bons du Trésor dans les bilans des banques s’élevaient à 164 milliards de DH contre 129 milliards de DH dans les compagnies d’assurances. Les montants collectés en assurance-vie sont essentiellement placés dans les obligations souveraines parce que ce sont des titres considérés sans risque puisque la probabilité de voir un État faire faillite est rare.

Durée et coût de la dette

En2019 et 2020, la durée de vie moyenne de la dette du Trésor s’est allongée de 1 mois pour passer à 7 ans. Quant au coût moyen de la dette, il s’est établi à 3,9% en 2019 à un niveau stable par rapport à 2018. Le coût moyen de la dette intérieure est de 4,2% et il reste sur un trend baissier. Pour les financements extérieurs, il est passé de 2,4% en 2018 à 2,6% en 2019. Pour la dette extérieure, le Trésor fait attention à ce que la structure par devises soit proche du panier de cotation du dirham (60% euro – 40% dollar) pour limiter le risque de change. Par ailleurs, l’opinion des agences de notation sur le risque souverain a une influence sur le coût de financement sur le marché financier international. Elle guide les investisseurs pour leurs placements. Un pays noté AAA ne sera pas perçu de la même façon qu’un autre qui est noté A- ou un autre noté B+ ou CCC. Aux yeux des agences de notation, un AAA est un très bon risque. Pour ces titres, certains investisseurs sont prêts à payer pour les détenir. Les taux négatifs sont observés pour des titres de plusieurs pays. Par contre, plus la note du titre descendra dans la grille de notation des agences, plus le risque associé est élevé. En fonction de la note, les investisseurs exigeront une prime de risque importante.

En raison de la crise économique et de la dégradation des indicateurs macroéconomiques, les agences de notation ont dégradé les notes de plusieurs pays. Malgré cela, le Maroc préserve encore l’investment grade chez S&P.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Jouahri : les régulateurs financiers marocains face aux défis du risque climatique

Économie - Les régulateurs financiers marocains sont particulièrement sensibles aux risques climatiques, a affirmé Abdellatif Jouahri

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Soutien public à la presse : les modalités fixées

Économie - Le gouvernement a publié une décision conjointe qui fixe les plafonds d’aide à la gestion pour les secteurs de la presse.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Tourisme : envol des arrivées et des recettes

Économie - Le secteur du tourisme au Maroc continue de montrer une vitalité remarquable, avec une hausse de 10% des nuitées dans les EHTC.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

BOA : le PNB consolidé en amélioration de 12%

Économie - Le produit net bancaire (PNB) consolidé de Bank of Africa (BOA) a enregistré une progression de 12%.

Mbaye Gueye - 26 novembre 2024

PLF 2025 : un budget citoyen pour tous

Économie - Le budget citoyen détaille les notions liées au budget de l’État ainsi que les étapes de préparation et d’approbation du PLF

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Finances publiques 2024 : ce que les chiffres nous révèlent

Économie - La note de conjoncture révèle que le déficit budgétaire a atteint 47,3 milliards de dirhams à fin octobre.

Mbaye Gueye - 26 novembre 2024

LGV Kénitra-Marrakech : Gezhouba décroche le contrat clé

Économie - L’ONCF a sélectionné le groupe chinois Gezhouba pour l’exécution du neuvième lot des travaux de génie civil de la LGV.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Stellantis délocalise la production de la prochaine C4 de Madrid à Kénitra

Économie - Stellantis a décidé de transférer la fabrication de la future ë-C4 de son usine de Madrid vers celle de Kénitra, dès 2028

Farah Nadifi - 25 novembre 2024
Voir plus

L’inflation attendue à 0,8% au T4-2024 (BAM)

Économie - BAM a indiqué l’inflation au Maroc devrait revenir à 0,8% au quatrième trimestre (T4) 2024, après 1,3% le trimestre précédent.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Le commerce extérieur au vert, malgré un déficit croissant

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM), a révélé que les exportations de biens marocaines ont connu une hausse de 6,2% à fin octobre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Riz : suspension des taxes pour 55.000 tonnes en 2025

Économie - Le ministère de l’Industrie et du Commerce a récemment annoncé une initiative visant à stabiliser les prix et à assurer l'approvisionnement en riz sur le marché national.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024

Cannabis licite : bilan 2024 et ambitions pour 2025

Économie - L’année 2024 a été marquée par une forte mobilisation autour de la filière du cannabis licite. Lors de son conseil d’administration, l’ANRAC a présenté un bilan encourageant.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024

Retard des pluies : entre espoir et inquiétude

Économie - À peine démarrée, la campagne agricole inquiète déjà. Les agriculteurs et les citoyens espèrent que la pluie sera au rendez-vous.

Hajar Toufik - 26 octobre 2022

La retenue de TVA s’impose aux avocats dans leurs transactions avec l’État

Économie - Les avocats sont désormais soumis à la retenue de TVA dans leurs transactions avec les institutions publiques, selon la loi de finances 2024.

Chaima Aberni - 13 septembre 2024

Port de Tan Tan : un investissement stratégique pour l’économie régionale

Économie - Le projet du port de Tan Tan est structuré autour de la construction et de la rénovation des infrastructures existantes.

Rédaction LeBrief - 4 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire