Accueil / Économie

Fiscalité : une zone d’instabilité pour les entreprises

Temps de lecture

Si les parlementaires votent la mesure sur la contribution sociale de solidarité prévue dans le projet de loi de finances 2021, une catégorie de contribuables supportera donc cette surtaxe à huit reprises en dix ans. La difficulté d’élargir l’assiette de l’impôt fait que l’effort repose toujours sur une petite population d’entreprises. Moins de 100 entreprises génèrent 50% des recettes de l’IS. Le taux marginal d’imposition au Maroc ressort à un niveau élevé par rapport à des économies comparables et peut pénaliser la compétitivité des entreprises.

Parmi les principales mesures défendues par la CGEM pour la prochaine loi de finances, il y a la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés. C’est une demande qui revient chaque année et qui n’a pas été satisfaite pour un grand nombre d’entreprises, surtout celles qui contribuent le plus à l’impôt. Le problème, lorsque l’assiette n’est pas assez large et que vous avez un bataillon de déficitaires chroniques, est que l’effort de contribution pèse sur un trop petit groupe d’entreprises. Cette concentration de l’impôt a été relevée dans plusieurs rapports. Ainsi, le Conseil économique, social et environnemental (CESE)révèle que seulement 73 entreprises, soit 0,06% de la population des contributeurs, assurent 50% des recettes de l’IS. De même, seulement 7862 entreprises, soit 6,12% des assujettis, génèrent 95% des recettes de l’IS.

Le barème du taux d’imposition est pénalisant

La dernière réforme a introduit un barème progressif. Le taux d’imposition varie en fonction de l’activité (enseignement, agriculture…), du lieu d’exercice de l’emploi ou de l’activité (zone franche, CFC…), du critère d’exportation et du secteur d’activité. Les entreprises financières par exemple sont soumises à un taux d’IS de 37%.

Le taux marginal d’imposition au Maroc est de 31% et selon les benchmarks, il ressort à un niveau élevé par rapport à des économies comparables. Il est de 22% en Turquie, 25% en Tunisie, 19% en Slovénie, 21% en Slovaquie, 9% en Hongrie. À titre d’exemple, le taux d’imposition moyen dans les pays membres de l’OCDE est de 23%. L’écart de taux surtout par rapport aux principaux pays concurrents peut pénaliser la compétitivité des entreprises marocaines.

La contribution de solidarité, quand l’exceptionnel devient la norme

Au cours des dernières années, l’impôt sur les bénéfices des principaux contributeurs s’est alourdi en raison de taxes supplémentaires, principalement la contribution de solidarité. Elle a été instituée la première fois en 2012 et ciblait les entreprises dont le bénéfice net était d’au moins 40 millions de DH. Elle a été réaménagée en 2013 puisque le seuil de contribution a été ramené à 15 millions de DH. Elle a duré 3 ans et a donc pris fin en 2015.

Puis, la contribution pour la solidarité a été réintroduite en 2019. Elle s’appliquera encore en 2021 si les parlementaires votent cette mesure proposée dans le Projet de loi de finances. Le périmètre a été à nouveau élargi et les entreprises réalisant au moins 5 millions de dirhams de profits devront y contribuer. Le taux est fixé à 5% pour les entreprises pétrolières, les fabricants de ciments et les opérateurs télécoms. Toutes les autres entreprises faisant partie du périmètre paieront 2,5% sur les bénéfices nets.

Tout comme pour l’impôt sur le revenu, l’élargissement de l’assiette est primordial pour diminuer la pression fiscale. Les dispositifs d’incitations dans les lois de finances pour encourager les entreprises à sortir de l’informel n’ont pas tous donné les résultats escomptés.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Les tendances et les défis du marché immobilier au Maroc

Tribune - À Casablanca, l’IPAI a reculé de 1%, avec des baisses de 0,5% pour les biens résidentiels, de 2,7% pour les terrains.

Rédaction LeBrief - 30 décembre 2024

Transferts record : un pilier économique mondial en 2024

Économie - En 2024, les transferts financiers des diasporas vers les pays à faible et intermédiaire revenu atteindront 685 milliards de dollars, selon les données de la Banque mondiale.

Ilyasse Rhamir - 30 décembre 2024

Nouveau souffle pour l’emploi : un plan de 14 milliards de dirhams

Économie - Lors d’une conférence à Tétouan, Sekkouri a dévoilé un plan gouvernemental de 14 milliards de dirhams pour l'emploi.

Rédaction LeBrief - 29 décembre 2024

Marché des changes : dépréciation du dirham face au dollar

Économie - Durant la période du 19 au 24 décembre 2024, le dirham a enregistré une dépréciation de 0,7% face au dollar américain.

Rédaction LeBrief - 28 décembre 2024

Un budget 2025 ambitieux pour ADM

Économie - Le CA de ADM s'est réuni le 23 décembre 2024 pour approuver un budget de plusieurs milliards pour 2025.

Rédaction LeBrief - 27 décembre 2024

Fiscalité : permanence exceptionnelle de la TGR avant la fin d’année

Économie - La TGR informe les contribuables d’une permanence exceptionnelle pour l’échéance fiscale du 31 décembre 2024.

Rédaction LeBrief - 27 décembre 2024

Cannabis licite : bilan 2024 et ambitions pour 2025

Économie - L’année 2024 a été marquée par une forte mobilisation autour de la filière du cannabis licite. Lors de son conseil d’administration, l’ANRAC a présenté un bilan encourageant.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024

Rabat : le tourisme en pleine ascension

Économie - Le tourisme à Rabat poursuit sa progression avec une hausse de 4% des nuitées enregistrées dans les EHTC au cours des dix premiers mois de 2024.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024
Voir plus

La dette extérieure du Maroc a doublé en 10 ans

Économie - La dette extérieur (69 Mds $) dollars équivaut à 50% du revenu national brut (RNB) et représente près de 110% des revenus de l’export.

Mbaye Gueye - 7 décembre 2024

« L’Offre Maroc » : accélération vers l’hydrogène vert en 2024

Économie - Avec «L'Offre Maroc», le Royaume met en place un programme ambitieux pour catalyser le développement de l'hydrogène vert.

Chaima Aberni - 12 mars 2024

Horizon 2030 : ces grands chantiers qui transformeront Casablanca

Économie - Casablanca se prépare activement à être sous les feux des projecteurs internationaux à l’horizon 2030.

Hajar Toufik - 7 mai 2024

Conseil de la concurrence : soupçons d’entente sur les prix dans le secteur de la sardine

Économie - Le Conseil de la concurrence lance une enquête sur les soupçons d'entente sur les prix dans le secteur de l'approvisionnement en sardine, visant à protéger les consommateurs et à maintenir l'intégrité du marché.

Chaima Aberni - 30 avril 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire