Accueil / Société

Affaire Adnane : le CNDH contre la peine capitale

Temps de lecture

La sordide affaire de viol et d’assassinat du petit Adnane Bouchouf continue de hanter les esprits des citoyens et de la justice marocaine. Après un long silence, Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), s’est enfin prononcée à ce sujet. Tout en exprimant son horreur face à cette tragédie, elle estime que condamner à mort l’agresseur de l’enfant de 11 ans, ne réglera en rien la problématique du viol ni de la pédophilie au Maroc. Pour elle, la peine capitale est «l’une des atteintes les plus graves au Droit à la Vie», et recommande plutôt un durcissement des sanctions contre ce genre de crime.

Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH)estime que condamner l’assassin et violeur du petit Adnane Bouchouf à la peine capitalene réglera en rien la problématique du viol ni de la pédophilie au Maroc. Dans un communiqué de presse intitulé “Pour nos enfants”, Amina Bouayach, présidente du CNDH, a livré la position de son instance sur ce dossier tragique, qui est très vite devenu une affaire d’opinion publique, rapporte Les Inspirations Éco. Selon le journal, cette dernière a souligné que le recours à la peine de mort comme sanction dissuasive pour éradiquer le phénomène des violences sexuelles au Maroc n’est pas la solution la plus judicieuse à adopter.Et de déplorer que «l’application de celle-ci ne fera que provoquer le sentiment d’injustice le plus profond et une soif, jamais inassouvie, pour la brutalité et la violence», ajoute Hespress Fr.

Absence d’un cadre juridique défini

De plus, la présidente du CNDH a soutenu que «les dispositions légales afférentes à cette sanction sont ambigües, confuses et non prévisibles, et l’application de la loi, non systématique», notant que ce sont «les lacunes de la législation pénale qui profitent aux criminels». Elle explique «que la loi marocaine ne nomme pas le viol et la pédophilie». «L’article 486 du Code pénal ne définit le viol que dans le cas où “un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci”», et ne mentionne aucun âge de consentement, avance-t-elle. Pour ce qui est de«l’attentat à la pudeur», terme utilisé dans les cas de viol de mineurs des deux sexes, ou de viol d’un adulte de même sexe, «la loi marocaine ne considère ces deux crimes que comme des “ délits ” lorsqu’ils sont commis sans violence, soit une peine de 2 à 5 ans».Et «le mot violence lui-même n’est pas défini dans la loi», précise Amina Bouayach.

«Une des atteintes les plus graves au Droit à la Vie»

Par ailleurs, pour le CNDH, appliquer la peine de mort dans l’affaire du petit Adnane, qui a choqué les familles marocaines, est un acte inconstitutionnel. L’instance juge que cette sentence est «“l’une des atteintes les plus graves au Droit à la Vie”, un droit“originel, suprême et absolu”. Et cite en exemple le règlement de la Cour Pénale internationale (CPI), “qui traite des crimes les plus graves, les plus odieux et les plus barbares, tels les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité», et qui ne prévoit pas dans ses statuts la Peine de Mort comme châtiment. Amina Bouayach ajoute que «l’abolition de la peine capitale est un prérequis à l’État de droit, pour une société juste, libre et où la dignité des citoyens est non seulement respectée, mais protégée». Elle souligne de plus que la Constitution marocaine stipule clairement dans l’article 20 que «le droit à la vie est le droit premier de tout être humain». «Non seulement notre Constitution ne prévoit aucune exception au Droit à la vie, mais, en sus, le législateur a l’obligation constitutionnelle de le protéger de toute atteinte ou infraction», insiste-t-elle.

Enfin, la défenseure des droits de l’Homme propose le recours à d’autres «mesures alternatives qui peuvent être formulées par une réforme du Code pénal», notamment «un durcissement des sanctions contre les viols, non seulement des mineurs, mais aussi de toutes les catégories d’âge victimes de violences sexuelles».

Dernier articles
Les articles les plus lu

L’essor des écoles communales au Maroc

Société - Le réseau des écoles communales au Maroc a connu une croissance remarquable, passant de 226 établissements en 2021 à 329 en 2024.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Le taux de généralisation de l’éducation préscolaire atteint 83% pour 2024-2025

Société - Le taux de généralisation de l'éducation préscolaire au Maroc a atteint 83% durant l'année scolaire 2024-2025, a annoncé, lundi à Rabat, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des Sports, Mohamed Saad Berrada.

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles : lancement de la 22e campagne nationale

Société - La 22e édition de la campagne nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles a été officiellement lancée lundi à Rabat

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Lutte contre la vague de froid : 872.000 personnes concernées pour l’hiver 2024-2025

Société - Laftit a annoncé que le Plan national d'atténuation des effets de la vague de froid ciblera 169.000 ménages dans 2.014 douars.

Rédaction LeBrief - 25 novembre 2024

Maroc-UE : 190 millions d’euros pour la reconstruction d’Al Haouz

Société - Le Maroc et l'UE ont signé une convention de financement d’un montant de près de 2 milliards de dirhams pour Al Haouz.

Rédaction LeBrief - 25 novembre 2024

Mendicité au Maroc : entre répression et réinsertion

Société - Le ministère de l’Intérieur a révélé des chiffres alarmants qui témoignent de l’ampleur du fléau qu'est la mendicité au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 25 novembre 2024

Intoxications alimentaires : un plan national déployé

Société - Le ministère de l’Intérieur a alloué un budget de 10,4 milliards de dirhams pour la création de 130 bureaux de santé publique.

Ilyasse Rhamir - 25 novembre 2024

Bistouri : du glamour à la dérive

Dossier - Bienvenue dans un Maroc où le bistouri et les seringues sont devenus aussi communs que le brushing.

Sabrina El Faiz - 23 novembre 2024
Voir plus

Réhabilitation des forêts à Kénitra : l’ANEF présente les avancées de la stratégie « du Maroc 2020-2030»

Société - L'Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a organisé une visite de terrain dans la forêt de Maâmoura, située dans la province de Kénitra

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Voyageurs, vous passerez moins de temps à l’aéroport

Société - Le développement des infrastructures permettra de réduire le temps à l'aéroport à moins de 25 minutes.

Rédaction LeBrief - 24 décembre 2024

Handicap : qui a réellement accès à la scolarité ?

Société - Au Maroc, le droit à l’éducation pour tous est inscrit dans la Constitution et soutenu par divers traités internationaux. Pourtant, pour les enfants en situation de handicap (ESH), ce droit demeure dans bien des cas, théorique.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024

Alerte météo : fortes averses et chutes de neige prévues de dimanche à lundi

Société - La Direction générale de la météorologie (DGM) a émis un bulletin d'alerte de niveau « orange », annonçant de fortes averses orageuses et des chutes de neige.

Mbaye Gueye - 4 janvier 2025

Alerte météo (vigilance orange) : 40 cm de neige attendus à Midelt, Azilal, Beni Mellal

Société - La DGM annonce des chutes de neige importantes, de samedi à lundi, dans plusieurs provinces du Royaume.

Ilyasse Rhamir - 26 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire