Accueil / Société

Confiner ou ne pas confiner, la question qui brûle les lèvres

Temps de lecture

Les chiffres des clusters et des contaminations montent, les écoles sont fermées dans la capitale économique, la lutte contre la recrudescence des contaminations se poursuit : le coronavirus revient en force depuis quelques semaines. Si les perspectives d’un prochain confinement font partie des propositions de plus en plus avancées, le scénario le plus probable serait d’appliquer des restrictions locales strictes dans les zones à risques comme à Casablanca. Cette démarche aura toutefois un coût socio-économique important.

1889 nouveaux cas de contamination, 38 décès et 2127 guérisons en 24 heures. Tel est le bilan établi jeudi par le ministère de la Santé, concernant l’évolution de la pandémie du coronavirus au Maroc. À Casablanca, 691 nouveaux cas ont été recensés. Une nouvelle « normalité », puisque depuis un peu plus d’un mois, des centaines de cas d’infection sont enregistrés quotidiennement dans la capitale économique. En effet, selon les chiffres de la tutelle, la ville concentre à elle seule plus de 40% des cas, des formes graves et des décès enregistrés à l’échelle nationale.

Espérant contenir ce rebond, les autorités de la région Casablanca-Settat, qui ont pris des mesures de reconfinement partiel, ont mis en place un circuit simplifié pour les patients testés positifs à laCovid-19 et pour les cas «probables», rapporte Médias24. Selon le journal, «la lenteur du parcours du patient et la longueur du cycle détection-diagnostic-traitement» contribuent à l’aggravation de la situation épidémiologique dans la ville. Ainsi, afin de fluidifier le processus et en se basant entre autres sur la dernière circulaire du ministère de la Santé, les autorités ont décidé la prise en charge des cas probables sans attendre le résultat du test PCR. Et ce, en identifiant les cas contacts et les clusters ainsi que les individus qui soupçonnent être contaminés en constatant des symptômes.

La même source ajoute que chaque personne qui pense avoir contracté le virus doit se présenter à la délégation régionale de la santé ouà l’hôpital local dont relève son domicile ou encore auxurgences de n’importe quel hôpital (de préférence le plus proche de son lieu de résidence). Par ailleurs, Médias24 rappelle le lancement il y a deux semaines d’un nouveau centre d’appels pour le suivi des cas positifs de la Covid-19. Ce dernier n’est toutefois pas accessible à tous puisqu’il est exclusivement dédié au suivi des patients testés positifs.

La menace d’un reconfinement pèse sur les esprits

Avec 79767 contaminations et 16426 cas actifs, les nuages commencent à s’amonceler dans le ciel marocain. Deux mois et demi après avoir résisté à la première vague de la pandémie du nouveau coronavirusgrâce à des mesures deconfinement rigoureuses, le royaume se retrouve dans une situation épidémiologique critique.

Avec lereprise nette de la circulation de la maladie au Maroc, la possibilité d’un reconfinement, général ou même local, n’est pas exclue en cas d’aggravation de la situation. En effet, le quotidien arabophone Assabah, qui reprend dans son édition de ce vendredi 11 septembre une étude menée par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), organisation relevant de l’université de Washington, indique que face à une explosion des cas de contaminations, qui risquent de dépasser les 300000, la seule solution serait de décréter un reconfinement général en novembre.

Selon cette étude, qui se base sur cinq indicateurs, notamment le total des décès, les décès quotidiens, les tests de dépistage, les capacités hospitalières et le respect des mesures préventives, le Maroc serait sous les griffes du coronavirus jusqu’en 2021. Ceci entraînerait une augmentation du nombre de décès, qui, selon les prévisions de l’IHME, pourra atteindre les 1000 morts par jour à la fin de l’année.

Pour faire face à ce déluge de contaminations, l’organisation souligne que le royaume devrait disposer de 37843 lits, dont 8000 lits de réanimation équipés de 6700 respirateurs. Actuellement, le royaume ne dispose que de 10721 lits d’hospitalisation, dont seulement 660 lits de réanimation. Des chiffres qui, selon l’Opinion, contrastent avec ceux annoncés par les autorités sanitaires marocaines qui recensent 20000 lits dont 1200 de réanimation. Ainsi, afin d’éviter le scénario d’un reconfinement général et de préserver les hôpitaux de la submersion, l’IHME appelle au respect des gestes barrières, notamment le port obligatoire du masque de protection. Une mesure que seuls 53% de la population respecte, rappelle l’institut.

Les économistes inquietsface à cette démarche

Si le retour à un confinement général n’a pas été décrété par l’exécutif, plusieurs pistes sont envisageables pour éviter de mettre tout le Maroc à l’arrêt. Alors que plusieurs mesures ont été adoptées à Casablanca face à une nouvelle hausse des cas de contamination à la Covid-19, le retour au confinement est un scénario de plus en plus plausible, estime Médias24. Entre les déclarations des économistes et des scientifiques, la confusion règne. En effet, selon des experts sondés par le quotidien, si un reconfinement de la métropole peut s’avérer nécessaire sur le plan sanitaire, économiquement, il peut être lourd de conséquences.

Selon les personnes interrogées, en bloquant Casablanca, qui représente «50% du PIB induit», on risque de faire exploser la mortalité des entreprises et de ralentir l’économie du pays. «La mortalité des entreprises qui sera induite par un nouveau confinement sera 10 fois supérieure à la mortalité causée par le virus. Sauf que quand une entreprise fait faillite, on ne tue pas que l’économie, mais on crée aussi de la précarité sociale», souligne un économiste sous couvert d’anonymat. L’arrêt de toutes les activités induira une crise économique et sociale sans précédent. «Les entreprises, notamment dans le commerce et les services, ne survivront pas à un nouveau confinement», prévoit un autre économiste. De plus, cette démarche pourrait conduire à une explosion du chômage et de la précarité, infèrent les sondés. Ainsi, alors que Bank Al-Maghrib prévoit une récession de 5% pour 2020, en confinant Casablanca, cette récession pourrait être plus marquée, passant à au moins 8%. Dans ce cas, «même la croissance attendue en 2021 ne sera pas au rendez-vous comme le prévoit le gouvernement», explique un économiste.

Par ailleurs, pour Lahoucine Barrou, chef du service de réanimation au CHU de Casablanca, interviewé par H24, le problème peut être réglé sans décréter un reconfinement. Et ce, «à condition que la population soit quand même consciente de la gravité et applique les mesures sanitaires». «Je ne pense pas qu’un reconfinement va régler le problème ni qu’on doive en arriver là. Je pense que tout un chacun doit être responsable. Si tout le monde respecte les règles sanitaires établies pour éviter la propagation du virus, nous n’avons pas besoin de reconfiner», a-t-il lancé. Pour la population qui «a déjà vécu un confinement très difficile sur le plan économique, social et psychologique», Barrou estime qu’il «vaut mieux apprendre à vivre avec ce virus».

Dernier articles
Les articles les plus lu

Retraités en grève pour des pensions plus élevées

Société - Les retraités marocains expriment leur mécontentement face aux récentes révisions des régimes de retraite proposées/

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Renforcement de la lutte contre les fake news sur les réseaux sociaux

Société - Mohamed Mehdi Bensaid a annoncé des mesures pour lutter contre la prolifération des fausses informations sur les réseaux sociaux.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Mohamed Aouzal : de la gloire sportive à la tourmente judiciaire

Société - Mohamed Aouzal, a été présenté, ce mardi, devant le procureur du Roi au tribunal de première instance de Casablanca.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Trafic d’animaux protégés : saisies à Nador et Marrakech

Société -Des opérations conjointes menées mardi par la police nationale et l’ANEF ont permis d’intercepter plusieurs animaux.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Affaire Naciri : report du procès et tensions sur les convocations

Société - La Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a reporté l’examen des demandes formulées par la défense de Saïd Naciri.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Protection sociale : Akhannouch préside une réunion de la Commission ministérielle

Société - Akhannouch a présidé une réunion de la Commission ministérielle chargée de piloter la réforme du système de protection sociale.

Rédaction LeBrief - 26 novembre 2024

L’ex prisonnier de guerre, le capitaine Ali Najab, n’est plus

Société - Ali Najab est décédé après avoir mené une vie marquée par de nombreuses épreuves et luttes. Adieu Capitaine.

Rédaction LeBrief - 26 novembre 2024

MRE : un encadrement religieux renforcé

Société - En 2024, le Maroc a renforcé sa stratégie pour assurer l’accompagnement spirituel des marocains résidant à l’étranger (MRE).

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024
Voir plus

Latefa Ahrrare nommée au conseil de l’ANEAQ

Société - La nomination de Latefa Ahrarare au conseil de l'ANEAQ fait polémique

Mouna Aghlal - 3 janvier 2025

LeBrief de la journée du 5 octobre 2022

Société - L'Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis a délivré les premières autorisations.

Hajar Toufik - 5 octobre 2022

L’opération «Marhaba 2023» est lancée

Société - L’opération d’accueil des Marocains Résidant à l’Étranger «Marhaba 2023» a démarré ce lundi 5 juin.

Atika Ratim - 5 juin 2023

Covid-19 : la pandémie a réduit l’espace budgétaire en Afrique (ONU)

Afrique, Société - L’Organisation des Nations unies a indiqué, lundi 8 août, que la pandémie de la Covid-19 a réduit un «espace budgétaire déjà limité» dans les pays africains.

Manal Ben El Hantati - 9 août 2022

Vers un système de santé renforcé d’ici 2030

Société - Le ministre de la Santé, a annoncé une augmentation de 88% des places pédagogiques dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire en 2024.

Ilyasse Rhamir - 2 janvier 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire