Accueil / Société

Certificats de départ : les écoles privées dos au mur

Temps de lecture

Le bras de fer écoles privées-parents d’élèves se poursuit. Désireux de quitter le privé et migrer vers le public, certains parents d’élèves se retrouvent face à un véritable obstacle, à savoir, le refus des écoles privées de délivrer les certificats de départ si les impayés ne sont pas réglés. L’affaire est arrivée devant la justice qui a finalement tranché en faveur des enfants. Détails.

C’est un nouvel épisode du conflit qui lie les parents d’élèves aux écoles privées depuis le mois d’avril dernier. Cette fois-ci, c’est la justice qui entre en piste pour trancher. N’ayant pas été payées par les parents d’élèves durant le 3e trimestre de l’année scolaire 2019-2020, certaines écoles privées ont décidé de riposter. Ces dernières ont refusé de délivrer les certificats de départ aux parents désirant inscrire leurs enfants dans un autre établissement avant que la totalité des impayés ne soit réglée. L’affaire a pris de l’ampleur jusqu’à son arrivée devantla Justice. Medias24 nous informe que le tribunal de première instance de Tanger a statué ce lundi 7 septembre 2020 en faveur d’une mère désirant inscrire son enfant dans un autre établissement.

La justice estime que «le refus, par l’école de fournir le certificat de départ est susceptible d’impacter négativement la situation scolaire de l’élève. L’objectif est de garantir, dans les meilleures conditions, l’inscription de l’élève auprès d’un autre établissement». Le tribunal se base dans son verdict sur l’article 31 de la Constitution qui appelle l’État à «mobiliser tous les moyens disponibles pour faciliter l’accès des citoyennes et citoyens à l’éducation».

Afin de pousser l’école privée à exécuter rapidement la décision judiciaire, une astreinte journalière de 500 dirhamsa été décidée, souligne Medias24. Le tribunal de première instance de Tanger n’est pas le premier à se prononcer dans ce genre de cas. Des sentences similaires ont été rendues le 8 juin à Benguerir et le 11 juillet 2020 à Salé.

Ces événements interviennent au moment oùplusieurs appels à la migration du privé vers lepublic ont circulé sur les réseaux sociaux début septembre. Les parents d’élèves n’ont pas accepté le fait que les écoles n’aient pas pris en considération leur situation financièredurant cette crise sanitaire. De leur côté, les écoles estiment que les charges sont restées les mêmes en l’absence d’appui et de soutien de la part du gouvernement. Pour rappel, le personnel du secteur de l’enseignement privé n’a pas bénéficié desindemnités Covid délivrées par la CNSS de mars à juin 2020,leministère de l’Éducation nationale ayant considéré que les écoles privées sont non-éligibles aux indemnités.

Une migration massive du privé au public est-elle possible ?

En théorie oui, mais cela risque de faire couler le navire de l’enseignement public au Maroc. D’ailleurs, le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Said Amzazi l’avait lui-même affirmé : «l’école publique n’est pas en capacité de faire face à une migration massive des élèves du secteur privé».

D’après des statistiques livrées par Le360, il y aurait plus de 5200 établissements privés au Maroc dont près des deux tiers (entre 60 et 63%) dans les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Fès-Meknès. Par ailleurs, l’enseignement privé participe à raison de 14,2% à l‘offre pédagogique nationale. Anouar Himdi, premier vice-président de l’Alliance des écoles privées au Maroc a déclaré que «les parents qui se sont manifestés pour faire basculer leurs enfants dans le public ont deux inquiétudes : le type d’enseignement qui sera adopté pendant toute l’année scolaireet la crainte d’un nouveau confinement».

De son côté, Abdelghani Erraki, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) souligne dans une interview accordée à H24info que «l’école publique a été laissée à l’abandon depuis les années 1980 et le pays a toujours encouragé l’enseignement privé au détriment du public. Cela a été un mauvais choix entrepris depuis des décennies et dont les conséquences sont palpables davantage avec cette pandémie». Le responsable précise que «si une migration massive se produit, elle créera un débordementde l’école publique et en temps de pandémie cela compliquerait les choses, surtout pour le respect des mesures de sécurité».

Dernier articles
Les articles les plus lu

RAM : Rabat – Dakhla enfin connectées

Société - RAM étoffe son réseau domestique en inaugurant une nouvelle ligne directe entre Rabat et Dakhla à partir du 15 janvier 2025.

Rédaction LeBrief - 2 janvier 2025

Jours fériés et vacances scolaires au Maroc en 2025

Société - L'année 2025 au Maroc est marquée par une riche variété de célébrations et de fêtes. Elles témoignent de la richesse culturelle du Royaume. 

Mbaye Gueye - 2 janvier 2025

Vers un système de santé renforcé d’ici 2030

Société - Le ministre de la Santé, a annoncé une augmentation de 88% des places pédagogiques dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire en 2024.

Ilyasse Rhamir - 2 janvier 2025

Réforme des retraites : vers un départ à 65 ans et le gel de la revalorisation des pensions

Société - La réforme propose de relever l’âge de départ à la retraite à 65 ans pour les secteurs public et privé, d’augmenter les taux de cotisation, et d’introduire un plafond unifié dans le système fondamental, équivalent à deux fois le salaire minimum.

Mbaye Gueye - 2 janvier 2025

Médecins internes en grève : colère et revendications

Société - L’année 2025 commence sous le signe de la contestation pour les médecins et pharmaciens internes et résidents.

Ilyasse Rhamir - 2 janvier 2025

DGSN : 10.393 fonctionnaires de police promus en 2024

Société - La Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a annoncé que 10.393 fonctionnaires de police, dont 466 femmes.

Mbaye Gueye - 2 janvier 2025

Résidences universitaires : Azzedine El Midaoui annonce la signature de 18 conventions

Société - Azzedine El Midaoui, a déclaré que 18 conventions de partenariat ont été signées avec des investisseurs privés pour la création de résidences universitaires totalisant une capacité d'accueil d'environ 12.000 lits.

Mbaye Gueye - 31 décembre 2024

Nouvel an : la sécurité avant tout

Société - Un important dispositif sécuritaire a été installé dans les principales artères de Casablanca à l’occasion de la célébration du Nouvel an.

Mbaye Gueye - 31 décembre 2024
Voir plus

Bistouri : du glamour à la dérive

Dossier - Bienvenue dans un Maroc où le bistouri et les seringues sont devenus aussi communs que le brushing.

Sabrina El Faiz - 23 novembre 2024

Saigner pour guérir

Dossier - Rien qu’un rasoir, une pipette et un seau ne peuvent guérir. Car la saignée est réputée pour être «miraculeuse».

Atika Ratim - 14 décembre 2024

Enseignement : des réformes urgentes face à un système en crise

Société - Le dernier rapport de la Cour des comptes dresse un état des lieux préoccupant du secteur de l’enseignement au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Solitude urbaine : l’invisible poids des villes

Dossier - La solitude urbaine au Maroc n’est pas qu’une anecdote, elle est le reflet d’une fracture sociale, d’une urgence humaine.

Sabrina El Faiz - 16 novembre 2024

Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

Société - Avec 342.469 ressortissants en 2023, les Marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie.

Farah Nadifi - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire