La concrétisation des promesses du ministère de la Santé se fait attendre. Lors de la dernière séance de questions-réponses à la seconde Chambre, Nabil El Andalousi, député du Parti justice et développement (PJD), a interrogé Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, sur le résultat de ses négociations avec les syndicats du secteur sanitaire. Selon Hespress Fr, le ministre a expliqué que son département a fait l’inventaire de leurs revendications, tout en les hiérarchisant dépendamment de leur pertinence. Dans ce sens, il a avancé que la proposition de son département «d’octroyer une compensation financière aux agents de santé concernés par la lutte contre le coronavirus (variant entre 1000 et 3000 dirhams)», a été positivement accueillie par le cabinet du Chef du gouvernement. Et, désormais son adoption dépend de l’aval des centrales syndicales et du ministère des Finances.
En outre, Aït Taleb a soutenu que son département a évoqué les autres demandes du secteur médical public, à savoir «la révision du statut des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes», ainsi que «la modificationdu systèmeactuel de rémunération», poursuit la même source. Et de préciser«la promulgation prochaine d’une loi sur la protection et la sécurité sanitaire contre les risques professionnels, ainsi que la révision du contrat d’assurance en cas d’accident du travail». Le ministre s’est enfin engagé à faire le nécessaire pour «assurer la sécurité publique au sein des établissements de santé (…), l’amélioration des conditions de travail et la motivation des professionnels».
La grogne des professionnels de la Santé
Pour les professionnels de la santé, le projet de loi et les promesses du ministère de tutelle sont loin de satisfaire leurs revendications. Imad Sousou, vice-secrétaire régional de la Fédération nationale de la santé (FNS), affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT), déplore que «la gestion de cette crise soit chaotique et que le gouvernement n’ait pas su profiter de cette aubaine pour revoir tout le système de santé du pays». Il confie à H24Info que les primes de compensations prévues par le département d’Aït Talebne «sont que dérisoires». «Nous donner quelques miettes n’est pas la réponse, il faudrait (…) d’abord une meilleure gestion des ressources humaines», martèle-t-il.
Le média digital précise que les tensions se sont accentuées au niveau dudit secteur ces dernières semaines, en raison de la recrudescence des cas de contaminations, mais aussi à cause de la décision detutelle de suspendre «jusqu’à nouvel ordre» tous les congés du personnel médical du royaume.«Le personnel médical reste mobilisé depuis des mois, sans une quelconque motivation ou appui psychologique ni financier (…). Mais, la situation actuelle est vraiment très compliquée, étant donné que nous sommes déjà fatigués et exténués», lance Sousou. Pire encore, poursuit-il, «le personnel hospitalier n’est pas à l’abri de la Covid-19».Il affirme que de nombreux foyers de contamination ont été découverts au sein même des hôpitaux, qui ont même coûté la vie à plusieurs de ses confrères.
De son côté, la Coordination nationale des infirmiers diplômés dénonce que les décisions du ministère detutelle sont «aberrantes, humiliantes etdoublement inéquitables», rapporte LeSiteInfo. Lors d’un sit-in organisé ce lundi 31 août 2020 devant le ministère de la Santé et les délégations régionales et préfectorales du département d’Aït Taleb, les infirmiers ont réclamé leur droit àune promotion exceptionnelle, juste et équitable dans le cadre de cette conjoncture sans précédent. Ces derniers ont ainsi exigé l’intervention du Chef du gouvernement pour ouvrir le débat sur leurs doléances, et l’examen du projet de loi les concernant pendant la réunion du dialogue social sectoriel, prévue pour le 10 septembre, entre la tutelle et les partenaires sociaux.
Pénurie imminente de certainsmédicaments au Maroc
Après les médecins, les techniciens de santé et les infirmiers, c’est au tour des pharmaciens d’exprimer leurs indignations et leur colère face à la gestion de la pandémie du coronavirus. Selon Yabiladi, suite à la publication d’une liste de médicaments à éviter et/ou à favoriser face à la Covid-19, certains traitements se font actuellement très rares dans les officines, voire même complètement en rupture de stock. Il s’agit, entre autres, de la paracétamol, de la vitamine C, du Zinc et… de la chloroquine. Amine Bouzoubaa, secrétaire général de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, indique à L’Observateur du Maroc et d’Afrique que cette pénurie est le résultat «du comportement de certains Marocains qui se sont précipités pour acheter desquantités dépassant leurs besoins».
Pour Bouzoubaa, ce manque de médicaments «indispensables pour certaines maladies et qui rentrent même dans le cadre du protocole prévu pour le traitement de la Covid-19» est catastrophique. C’est dans ce sens que l’Association nationale des pharmaciens du Maroc a adressé une lettre au département de la Santé, soulignant ses préoccupations quant à la gravité de la pénurie de ces médicaments. L’organisation a également précisé dans sa missive la nécessitéde «remplacer les médicaments en question par d’autres similaires», appelant la tutelle à mettre en place une circulaire dans ce sens.
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