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Santé : la grogne des praticiens monte d’un cran

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En application des décisions citées dans leur dernier manifeste, le mouvement national des médecins et techniciens de la Santé entame ce jeudi 27 août une série de sit-in régionaux et provinciaux. Selon eux, le secteur de la Santé plie devant la pandémie du nouveau coronavirus et face à «l’insouciance» du département de tutelle.

Dans les rangs des professionnels de la Santé, la grogne est généralisée et les causes sont multiples. La première est la différenciation du traitement reçu par les professionnels eux-mêmes. Selon Al-Massae, les écarts constatés dans les rémunérations des risques professionnels poussent le mouvement gréviste à sortir de ses gonds. En refusant l’indemnisation «pathétique» que le ministère de la Santé compte budgéter, le mouvement rappelle que «la pandémie a entraîné l’épuisement physique et moral de tout le corps de santé, privé de vacances de surcroît, mais en face, des milliers d’infirmiers fraîchement diplômés sont toujours au chômage».

Mais certains professionnels n’ont pas attendu l’appel du mouvement pour faire parvenir leur colère sur leurs conditions de travail actuelles. À Marrakech, les protestations récentes menées par le personnel de santé de l’hôpital Mamounia se sont révélées « contagieuses ». Les employés de l’hôpital El Antaki de la ville ocre ont mené à un sit-in le 25 août devant l’infrastructure sanitaire, informe Al-Ahdath. Ils ont dénoncé « l’improvisation » observée dans la gestion locale de la situation épidémiologique. De plus, le fait d’avoir consacré le service ORL de l’hôpital aux malades de la Covid-19 a conduit à la propagation du virus au sein du personnel de santé, estiment-ils.

Aussi, la progression rapide des cas actifs donne lieu à la montée du nombre de malades graves admis dans les services de soins intensifs et de réanimation, impactant durement le corps réduit de médecins d’anesthésie-réanimation.Des semaines durant, ces spécialistes ont alerté sur les déficits cruels dans leurs rangs. Ils ne sont que près de 600 médecins et 1300 infirmiers spécialisés pour tout le Maroc, alerte l’Économiste. «Nous ne pouvons pas avoir un médecin par bloc opératoire. D’où l’importance de l’assistance d’infirmiers anesthésistes. Pour un patient Covid, il en faut au moins deux, car il faudrait des gestes rapides pour limiter le temps d’exposition aux malades atteints», témoigne au journal Mohamed Miguil, médecin anesthésiste-réanimateur à l’hôpital d’application de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé (UM6SS).

Et il n’y a pas que les praticiens qui sont en colère, mais les élus également. Certaines régions ont accrédité des enveloppes importantes aux départements de la Santé pour contribuer à l’effort contre la pandémie. Cependant, leurs conseils constatent des chiffres exagérés en termes de bénéficiaires et d’argent dépensé, rapporte Assabah. Le Conseil de la région Souss-Massa a tenu une réunion d’urgence avec le directeur régional de la Santé pour discuter des montants alloués à son département. Près de 30 MDH avaient été octroyés par le Conseil pour l’alimentation des cadres de santé et l’achat de matériel médical. Cependant, les chiffres font état de 500 bénéficiaires de repas pendant plus de 3 mois, alors que le staff médical du circuit Covid-19 ne dépasse pas 50 personnes.À se demander donc si les directions mêmes de la Santé ont une véritable volonté de fournir un effort pour bien traiter les praticiens, alors que les ressources financières à même de le faire semblent ne pas manquer.

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