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Pétrole : À quoi s’expose le Maroc ?

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Pour le Maroc qui est importateur, un pétrole cher n’est pas une bonne nouvelle. Les prix du carburant à la pompe vont se renchérir, mais ne seront pas les seuls concernés. Les industriels qui utilisent le pétrole et ses dérivés comme intrant verront leur coût de production augmenter et pourraient le répercuter sur les prix de vente. En outre, la hausse du prix de l’or noir va mettre les réserves de change sous pression parce qu’il faudra plus de devises pour faire face à la facture énergétique. La pression sera d’autant plus forte si les sources de compensation que sont les transferts des MRE, les recettes du tourisme et d’IDE n’assurent pas. Mais, l’économie marocaine a plutôt bien résisté durant les périodes où le baril de pétrole valait plus de 120 dollars. Avec la ligne de précaution et de liquidité (3 milliards de dollars) fournie par le FMI, elle dispose aussi d’une assurance contre les chocs extérieurs notamment pétroliers.

Donald Trump souffle le chaud et le froid sur l’économie mondiale. Après les menaces à l’encontre de l’Iran, le président américain adouci le ton et est favorable à des négociations, à condition que les autorités iraniennes effectuent le premier pas. Cela ne risque pas d’arriver. Les tensions dans le Moyen-Orient pourraient faire flamber le prix du pétrole, une matière première très sensible aux facteurs géopolitiques. Tout en restant menaçants sur le dossier iranien, les États-Unis comptent sur leurs alliés notamment l’Arabie Saoudite pour éviter un embrasement des cours du pétrole.

De 51 dollars en fin 2018, le baril de Brent vaut plus de 72 dollars actuellement. Cette hausse des prix est déjà tangible dans le prix du carburant à la pompe. Le litre d’essence a augmenté deplus de 1 DH par rapport à son niveau il y a quelques mois (+10% selon le HCP sur les 2 derniers mois). Le mouvement des cours du pétrole ces derniers jours seront ressentis en décalés dans les prochaines semaines.

Jusqu’où pourrait aller la hausse?

Il est difficile d’avoir une réponse précise à cette question puisque les fluctuations du prix du pétrole dépendent des facteurs géopolitiques. Aujourd’hui, la pression sur les prix provient de la tension entre les États-Unis et l’Iran. Les dérogations accordées par les États-Unis à certains pays importateurs de pétrole iranien sont arrivées à échéance il y a quelques jours. La mesure va peser sur les finances iraniennes, mais aussi sur le niveau de production de ce pays. En dehors du cas de l’Iran, la politique menée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la Russie (OPEP+) influence fortement les cours. La ligne directrice de l’Organisation actuellement est de réduire la production pour faire augmenter les prix. Le week-end dernier, le ministre saoudien de l’Énergie a exhorté les membres de l’OPEP et la Russie à maintenir le cap sur les limites de production. Reste à savoir si l’OPEP maintiendra la même position au second semestre. Une réunion entre ses membres est prévue fin juin ou début juillet selon les dernières informations. Si les tensions au Moyen-Orient et la politique de l’OPEP tirent les cours vers le haut, ce mouvement est ralenti par les craintes autour de la relation entre les États-Unis et la Chine. Le conflit prend de nouvelles proportions avec l’intégration de Huawei sur une liste rouge et l’interdiction pour les firmes américaines de travailler avec l’entreprise chinoise. L’escalade des tensions entre les deux économies pourrait entraver la croissance mondiale et par ricochet ralentir la demande énergétique.

Quel risque pour un pays importateur comme le Maroc

La remontée des cours du pétrole n’est pas une bonne nouvelle pour les pays importateurs. L’effet le plus visible se trouve au niveau des prix affichés au niveau des stations-service. Depuis la libéralisation des prix en 2015, une partie de la hausse des cours à l’international qui était prise en charge par l’État ne l’est plus. Les automobilistes n’ont pas senti les effets de la réforme parce que les cours du pétrole étaient bas. La situation sera tout autre s’ils poursuivent leur ascension actuelle. Pour atténuer l’impact de la fluctuation des cours sur le litre d’essence, il est question de plafonner les marges des distributeurs. Plusieurs éléments entrent en compte dans sa fixation à savoir les coûts de stockage et de distribution, le hedging (couvertures), l’inflation… La question des marges soulève beaucoup d’interrogations et crée des tensions entre les autorités et les pétroliers. Une autre possibilité de limiter la hausse des prix à la pompe est d’agir sur les taxes. Elles représentent au moins le tiers du litre de gasoil.

En cas de remontée du cours du baril, les prix à la pompe ne seront pas les seuls contaminés. Le pétrole et ses dérivés sont utilisés comme intrant dans l’industrie. Un pétrole plus cher va renchérir les coûts de production. Cette hausse pourra être répercutée sur les prix de vente. Par ailleurs, les réserves de change pourraient être fragilisées par une hausse du prix du pétrole puisqu’il faudra plus de devises pour régler une facture énergétique plus lourde. L’incidence pourrait être limitée si les sources de rentrées de devises comme les transferts des MRE, les recettes de voyages et d’IDE assurent derrière. Leur comportement ces dernières années ne permet pas d’être totalement serein.

Le dossier iranien et la politique de l’OPEP vont influencer les cours du baril sur les prochains mois à moins qu’un autre événement majeur ne s’intercale. Néanmoins, l’économie a déjà traversé des périodes où le baril était au-dessus de 100 dollars. Elle est censée être plus robuste aujourd’hui pour surmonter de tels événements et les réformes menées depuis vont dans ce sens. Malgré tout, le Maroc dispose de certains parechocs notamment une ligne de précaution et de liquidité de 3 milliards de dollars. Il s’agit d’une assurance contre les chocs exogènes notamment pétroliers. Il faut espérer qu’on n’ait pas besoin d’y toucher.

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