La bataille contre le coronavirus fait toujours rage au Maroc. Pour la première fois depuis près de 3 semaines, le nombre de contaminations est passé sous la barre des mille. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, le pays compte désormais 53.252 infections (903 enregistrées pendant ces dernières 24 heures), 920 décès (+32), 14.854 cas actifs (+204) et 37.478 guérisons (+1135). Le taux de létalité à atteint 1,73%, alors que celui des rémissions s’élève à 70,38%. Ce bilan quotidien, bien que plus bas que les précédents, ne peut être considéré rassurant tant que les citoyens continuent de faire fi des recommandations et des consignes préventives des autorités compétentes.
Le relâchement à l’origine de la recrudescence de la pandémie
Dans sa livraison de ce mardi 25 août, Al Ahdath Al Maghribya estime que le relâchement des citoyens vis-à-vis des mesures préventives est la principale raison derrière l’exacerbation de la situation épidémiologique du royaume. Abdellatif Kiday, psychologue et doyen de la faculté des sciences de l’Éducation, a expliqué au quotidien que «l’ignorance, les comportements irrationnels, les rumeurs et certaines croyances alimentent la théorie du complot parmi la population». L’expert soutient qu’il est dorénavant impératif de «renforcer la communication avec la population, pour une meilleure sensibilisation et afin de rompre avec les fausses croyances entretenues autour de la Covid-19». Et de souligner qu’il faut réitérer la nécessité de suivre à la lettre les consignes des autorités sanitaires, qui ont déjà prouvé leur efficacité pendant la période du confinement. Nos confrères rappellent d’ailleurs que les éléments des forces sécuritaires du pays ont été dépêchés dans l’ensemble du royaume pour à la fois contrôler les quartiers à risques, mais aussi pour appeler les Marocains à se conformer aux dispositions sanitaires en vigueur.
Un nouveau foyer à Kénitra
La négligence croissante des mesures préventives a d’ailleurs provoqué l’apparition d’un nouveau cluster à Kénitra. Selon Al Akhbar, depuis le dimanche 23 août, le quartier Oulad Oujih est en état d’alerte maximale, suite à l’identification de 60 cas confirmés au niveau de son avenue principale. Les 300 personnes qui ont été en contact avec les contaminés sont toutes actuellement soumises à des analyses de laboratoire pour déterminer si elles sont porteuses ou non du virus. Le journal indique que cette partie de la ville regroupe plusieurs commerces et vendeurs ambulants qui attirent chaque jour un bon nombre de clients, faisant d’elle un espace propice à la transmission et à la propagation du coronavirus. En plus du lancement d’une campagne de sensibilisation, les autorités locales ont également imposé aux commerçants de baisser les rideaux de leurs magasins à 21h, notant que si la situation ne s’améliore pas cet horaire sera avancé à 16h en après-midi. Elles ont également procédé à la fermeture de plusieurs quartiers de la ville et à l’élaboration d’une stratégie de sécurité sanitaire, comprenant l’imposition du port généralisé du masque sur la voie et dans les lieux publics, sous peine d’amende corsée.
Manque de moyens et d’effectifs dans les hôpitauxde Marrakech
Étant l’une des villes les plus touchées par la Covid-19, Marrakech est dépassée par la crise sanitaire. Dans son édition du jour, Al Massae déplore qu’en plus du relâchement des résidents, la négligence et l’incompétence médicalesainsi quela pénurie de personnel soignant et de matériaux sanitaires ont favorisé l’expansion de la pandémie dans cette préfecture. Selon un rapport, récemment soumis à Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, la Commission d’enquête mobilisée dans la ville ocre a révélé de graves dysfonctionnements hospitaliers. Le document souligne que l’hôpital Al Mamounia «a connu une grave pénurie d’oxygène qui a mis la vie de plusieurs malades en danger». D’autres structures médicales ont pour leur part pâti d’un manque de médicaments, de lits et d’ambulances. D’après le journal, la Commission en question a également relevé l’incompétence de certains médecins quant à la gestion des malades atteints du virus. Pire encore, plusieurs membres du personnel soignant, censés assurer une permanence, ont déserté les hôpitaux.
Afin de remédier à cette situation catastrophique, poursuit la même source, les ressources et les effectifs des Forces armées royales (FAR) ont été mobilisés pour venir en aide aux établissements hospitaliers de Marrakech, mettant à leur disposition toute leur logistique de médecine militaire.
Comment éviterun nouveauconfinement ?
En effet, les chiffres portant sur l’évolution de la pandémie du coronavirus au Maroc présagent l’imposition d’un nouveau confinement national. Pour Aujourd’hui le Maroc, le sort du royaume se décidera dans les jours à venir.Le journalcitele discours du roi Mohammed VI prononcé lors de la fête de la Révolution du Roi et du Peuple la semaine dernière, durant lequel il a précisé que «si cette tendance haussière perdure, la Commission scientifique chargée du suivi de l’évolution de la Covid-19 pourrait préconiser un retour au confinement». Une mesure qui selon le Souverain aurait des répercussions sociales et économiques rudes pour l’ensemble des citoyens. L’économiste El Mehdi Fakir explique au quotidien qu’à ce stade, le respect des mesures sanitaires (port du masque, distanciation, dépistage, etc.) n’est pas suffisant. Il estime qu’une implication de l’ensemble des forces de médiation est de mise, notant que«c’est le moment ou jamais pour les partis politiques, les acteurs associatifs et les médias de remplir pleinement leur rôle de proximité et d’information si l’on veut éviter le pire».
L’explication de Fakir va de pair avec les instructions royales, qui appellent à «uneconduite civique et citoyenne, engageant l’ensemble des parties prenantes dans une mobilisation accrue et effective». «J’appelle les forces vives de la Nation à faire preuve de mobilisation et de vigilance et, particulièrement, à adhérer unanimement aux efforts déployés à l’échelle nationale, afin de sensibiliser la société, éveiller sa conscience et l’encadrer», a exhorté le Roi.
Enfin, reste maintenant à voir si les citoyens et les différents acteurs gouvernementaux et associatifs vont s’activer davantagepour renforcer la lutte nationale contre la pandémie.
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