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La bataille de l’inclusion financière

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La difficulté d’accès aux services financiers explique le faible taux de bancarisation, mais n’est pas la seule raison. Le modèle de distribution classique basé sur l’agence n’est plus toujours le mieux adapté pour améliorer le nombre de personne détenteur d’un compte bancaire. Il faudra inventer des modèles de distribution plus compétitifs pour augmenter la pénétration des services financiers. Les nouvelles technologies offrent une multitude de possibilités. L’objectif ultime est de donner aux populations les moyens de participer à la vie économique du pays.

À Casablanca, les agences bancaires se chevauchent les unes les autres, mais cette réalité est loin d’être le cas ailleurs. Le nombre d’agences a beaucoup augmenté ces dernières années. Sauf que l’axe Casablanca-Kénitra en concentre pratiquement la moitié.

Encore intimidés, beaucoup de prospects préfèrent ne pas pousser la porte de l’agence. Les personnes non bancarisées évoquent la faiblesse des revenus comme une des principales barrières pour entrer en relation avec une banque.

Si l’on devait mesurer la maturité du système bancaire sur la base du taux de bancarisation, le Maroc ne figurerait pas en très bonne position par rapport aux économies comparables. Moins de 30% des adultes sont détenteurs d’un compte bancaire contre en moyenne près de 60% dans les pays à revenu intermédiaire inférieure (revenus nets par habitant situés entre 1 036 et 4 085 dollars par an). Les données sur la bancarisation au Maroc varient selon les sources. Pour Bank Al-Maghrib, il se situe à 34% contre 29% pour la Banque mondiale.

Les méthodes de calcul peuvent différer d’une source à l’autre. Dans ces deux cas, l’écart est faible et ne déforme pas le constat général : il existe au Maroc un faible niveau de bancarisation et plus globalement d’inclusion financière. La mobilisation s’est renforcée ces derniers mois avec au bout la déclinaison de la stratégie nationale d’inclusion financière. Un niveau d’inclusion financière élevé peut contribuer à l’expansion du secteur privé et donc soutenir la croissance. L’accès aux services financiers va soutenir la consommation des ménages et par ailleurs permettre aux petites entreprises de se développer (cela suppose plus de créations d’emplois).

L’agence devient désuète

Malgré le doublement du réseau d’agences sur les dix dernières années, le niveau de bancarisation n’est pas au niveau souhaité. La concentration du réseau sur l’axe Casablanca-Kenitra en est une explication, mais, pas la seule. Pour un grand nombre de personnes, la banque garde une image élitiste. Celle-ci est en train d’évoluer, il n’empêche qu’elle reste un facteur de blocage. En gros, l’agence bancaire est intimidante. La faiblesse des revenus et le coût d’accès aux services financiers formels sont parmi les principales raisons évoquées par les personnes non bancarisées pour ne pas entrer en relation avec une banque. L’ignorance biaise les arbitrages des ménages qui se rabattent sur les services informels plus chers et plus risqués. En même temps, cette situation révèle le manque de proximité des banques.

Pour ratisser large, elles sont obligées de faire évoluer leur modèle de distribution. Celui basé sur les agences a montré ses limites. Les autorités doivent aussi jouer leur rôle en favorisant plus de concurrence entre les acteurs. Cela passe par l’ouverture du marché à de nouvelles entreprises, notamment les fintech. Ces structures allient finance et technologie. Elles occupent des segments jusqu’ici délaissés par les banques avec l’agilité en plus.

L’Afrique en avance dans la banque sur mobile

Les taux de bancarisation varient entre 5 et 15% dans plusieurs marchés subsahariens. En revanche, la pénétration des services financiers par mobile progresse plus vite. Certes, l’offre reste globalement basique et est dominée par le transfert d’argent. Mais, elle est en évolution avec l’introduction de services à plus forte valeur ajoutée comme le crédit et la micro assurance. Le Maroc va franchir le pas avec le déploiement des établissements de paiement qui permettront une « mini-bancarisation », alternative à la complexité ou aux montants supposément élevés des transactions imposés par les banques classiques. Ces structures suscitent tout de même beaucoup de curiosité tout comme les banques participatives.

Si le Maroc veut mettre tous les atouts de son côté pour permettre à la consommation des ménages de jouer un rôle prépondérant dans le soutien de l’économie nationale, cela passera forcément par une démocratisation des services financiers et un taux de pénétration bancaire plus élevé. En ce sens, les banques classiques trouveront-elles une solution rentable pour séduire le marché qui lui fait défaut ? Les nouveaux acteurs du micro paiement, notamment les télécoms, sauront-ils convaincre cette population ? L’État devrait avoir un rôle à jouer dans l’éducation et la conduite de ce changement qui concernera également les commerçants.

Si l’Afrique subsaharienne a déjà montré de belles réalisations dans ce domaine, le Maroc se doit de prendre conscience de l’importance de cette évolution nécessaire au bon développement de son économie, mais aussi du niveau de vie de sa population.

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