Accueil / Politique

Fermeture des villes : explications du gouvernement et reproches des politiques

Temps de lecture

Suite à l’annonce de la fermeture des accès et sorties de 8 villes marocaines en raison de l’exacerbation de la pandémie du coronavirus, Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, a tenu une conférence de presse dans la soirée du lundi 27 juillet. Lors de son intervention, il a souligné la gravité de la situation et la nécessité de l’adoption de mesures urgente pour contenir le virus. Pour leur part, le PAM et le PPS ont dénoncé la «punition collective du peuple marocain» et le manque de communication du gouvernement, qui ont provoqué, selon eux, un chaos sur les routes et les gares du pays dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 juillet.

L’interdiction d’accès et de sortie à 8 villes du royaume a provoqué un chaos au Maroc. Cette décision gouvernementale de taille a été annoncée à 19h le dimanche 26 juillet et a pris effet le même jour à minuit. Craignant d’être bloqués loin de leurs familles ou de devoir passer l’Aïd Al Adha (vendredi 31 juillet) dans des villes qui ne sont pas les leurs, les citoyens ont afflué en masse vers les gares ferroviaires et routières ou ont pris la route pour atteindre leurs destinations avant la fin de cette échéance. Cette précipitation a provoqué de nombreux accidents de route, des embouteillages au niveau des péages, une explosion de prix des billets et un encombrement sans précédent des transports intervilles. La situation a tellement dégénéré, que même Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, qui évite d’habitude les caméras, a tenu une conférence de presse ce lundi 27 juillet, pour expliquer la décision du gouvernement.

Intervention d’Aït Taleb

Selon le ministre de la Santé, ces derniers jours la situation épidémiologique «s’est dégradée l’équivalent des trois premiers mois de l’épidémie». D’après Médias24, il impute la recrudescence de la pandémie à l’irresponsabilité et au relâchement des Marocains vis-à-vis des mesures de prévention, constatées depuis le lancement des phases 2 et 3 de l’assouplissement du confinement. Cette négligence, poursuit-il, a conduit à la surcharge des structures sanitaires à cause de l’augmentation des cas graves et critiques. Après plusieurs concertations, le gouvernement a ainsi pris la décision de fermer Casablanca, Tanger, Marrakech, Meknès, Fès, Tétouan, Settat et Berrechid, et ce pour protéger les villes et régions qui ont été épargnées par le virus. Aït Taleb a martelé qu’«on ne peut pas prévenir les citoyens à l’avance d’une décision de restrictions». Pour lui, «donner un délai n’est pas une mesure sanitaire» et«la population doit se montrer compréhensive».

S’agissant de la durée de cette nouvelle disposition restrictive, le ministre a soutenu que l’observation de l’évolution du Covid-19 se fait généralement par quatorzaine. Il faudra donc attendre la même période pour se prononcer sur le rétablissement ou pas des déplacements depuis et vers les villes barricadées. Une autre source ministérielle a pour sa part confié à nos confrères que cette nouvelle interdiction ne concerne que les limites du «périmètre urbain», soit les localités urbaines et non rurales. Et de préciser que «pendant les heures et jours de travail, la circulation entre les zones limitrophes avec une autorisation et un ordre de mission de l’employeur est autorisée dans les deux sens. Mais cette circulation sera interdite le jour de l’Aïd et le week-end».

Citant, Rachid El Khalfi, chef de division du suivi à la direction des affaires politiques au sein du ministère de l’Intérieur, Telquel indique en outre que «les réservations touristiques provenant d’établissements hôteliers peuvent faire office de justificatif de déplacement, le ministère considérant que l’établissement hôtelier appliquera les mesures sanitaires à ses potentiels clients et visiteurs».Khalfi assure dans ce sens que «les autorités locales ont fait de leur mieux afin de faciliter la tâche au citoyen quant à la délivrance d’une attestation exceptionnelle de déplacement».

Le PAM et le PPS dénoncent la mauvaise gestion du gouvernement El Otmani

Pour le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), qui fait partie de l’opposition au Parlement marocain, la décision du gouvernement d’interdire les déplacements depuis et vers huit villes du pays devait être plus réfléchie. Yabiladi rapporte que le Parti en question avoue comprendre les raisons de l’adoption de cette disposition, mais juge qu’un délai supplémentaire de 24 heures «n’aurait pas eu d’incidence significative sur la situation épidémiologique générale». Ainsi, les membres du PPS estiment qu’en raisondu «manque de communication du gouvernement» l’opinion publique n’a pas été suffisamment préparée à une telle mesure restrictive, surtout à la veille de l’Aïd Al Adha. Ils dénoncent de plus une décision précipitée qui a engendré «une grande confusion et un chaos dans les routes du pays», exposant«la vie de milliers de femmes et d’hommes à de réels dangers».

Le parti de Nabil Benabdella a également réclamé que l’administration de Saad Dine El Otmani, chef de l’Executif, «prenne en compte toutes les circonstances, les dimensions et les répercussions des décisions (…) afin d’éviter de nuire à l’image positive que s’est constituée l’opinion publique sur la manière dont notre pays fait face à la pandémie».

De son côté, le bureau politique du Parti Authenticité et Modernité (PAM) avance que cette décision compromet et ternit «la stratégie proactive de Sa Majesté le roi» et «à laquelle ont adhéré les citoyennes et les citoyens avec une conscience collective». Dans un communiqué de presse, le PAM accuse le gouvernement El Otmani de «favoriser les conditions de l’ébullition et la frustration parmi les Marocains par de brusques décisions». La même source précise que le parti du Tracteur condamne «la logique de punition collective du peuple marocain et plaide plutôt pour déterminer les responsabilités, conformément au principe de reddition des comptes».

Ce sont les citoyens qui sont en faute, pas l’État

Dans une publication sur Facebook, Mohamed Aayadi, conseiller du chef du gouvernement, a imputé le chaos qui a suivi l’annonce de la fermeture de 8 villes du pays, au manque de civisme des Marocains. Selon lui, tant que «l’état d’urgence sanitaire n’a pas été levé, personne ne doit négliger les exigences relatives à cette situation». Il a rappelé qu’El Otmani «a appelé les citoyens à plusieurs reprises à éviter les voyages dans le contexte de l’Aïd al-Adha et à veiller en premier lieu au respect des mesures sanitaires pour prévenir du nouveau coronavirus». Déplorant «les embouteillages monstres, les mouvements de voyageurs en masse et les accidents de la circulation» survenus la nuit du dimanche 26 juillet, le conseiller juge toutefois que les responsables de ce carambolage sont les citoyens «qui ont décidé de prendre la route dans ces circonstances et dans le contexte d’une forte hausse des infections».

Enfin, ce dont on est sûre aujourd’hui c’est que la pandémie du coronavirus menace de s’étendre davantage dans le pas. La décision du gouvernement, aussi imprévisible soit-elle, pourrait peut-être aider le Maroc à survivre à cette crise sanitaire, si, et seulement si, les Marocains appliquent correctement les recommandations et les consignes des autorités sanitaires.

Dernier articles
Les articles les plus lu

L’actif net des OPCVM dépasse les 663 MMDH au 8 novembre (AMMC)

Politique - L'actif net sous gestion des OPCVM a atteint 663,33 milliards de dirhams (MMDH) au 8 novembre 2024.

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

Les recettes fiscales enregistrent une hausse de 12,5% à fin octobre 2024

Politique - Les recettes fiscales ont atteint 243,75 milliards de dirhams à fin octobre 2024

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

Finances publiques : bilan de la SCRT à fin octobre 2024

Politique - Le ministère de l’Économie et des Finances a publié son rapport sur la situation des Charges et Ressources du Trésor (SCRT) à fin octobre 2024

Farah Nadifi - 21 novembre 2024

Décarbonation : Le Maroc met en avant ses initiatives à Bakou

Politique - Le Maroc a mis en avant ses initiatives en matière de décarbonation et de lutte contre les effets du changement climatique lors d'un événement parallèle à la COP29, organisé mercredi à Bakou.

Farah Nadifi - 20 novembre 2024

Akhannouch préside le premier CA de l’Agence nationale de soutien social

Politique - Le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé ce mercredi 20 novembre 2024 à Rabat la première réunion du Conseil d'Administration de l'Agence Nationale de Soutien Social (ANSS).

Farah Nadifi - 20 novembre 2024

Les peines alternatives, désormais effectives

Politique - Aziz Akhannouch, a présidé aujourd’hui une réunion consacrée à l’opérationnalisation de la loi n°43.22 sur les peines alternatives.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2024

Le Maroc accueille la retraite du CDH de l’ONU à Rabat

Politique - Le Maroc organisera, les 21 et 22 novembre à Rabat, une Retraite du Conseil des Droits de l'Homme (CDH) des Nations Unies

Farah Nadifi - 20 novembre 2024

Le tourisme inclusif, moteur du développement régional (Fatim-Zahra Ammor)

Politique - Le tourisme inclusif représente un «levier stratégique» essentiel pour le développement et l'intégration de toutes les régions.

Farah Nadifi - 20 novembre 2024
Voir plus

La famille royale célèbre mardi le 16ᵉ anniversaire de la princesse Lalla Khadija

Politique - Le peuple marocain célèbre, ce 28 février 2023, le 16ᵉ anniversaire de la princesse Lalla Khadija.

Khadija Shaqi - 27 février 2023

Le Maroc et l’intelligence artificielle : une vision claire pour un futur digital

Politique - Le Maroc se positionne comme un acteur clé dans l’essor de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique et au-delà.

Farah Nadifi - 15 novembre 2024

Union africaine : bilan du 36e Sommet de l’organisation

Afrique, Économie, Politique, Politique - Clap de fin dimanche pour la 36e session ordinaire du Sommet de l'UA, où une dizaine de résolutions ont été adoptées.

Manal Ben El Hantati - 20 février 2023

Espagne : la nouvelle feuille de route avec le Maroc présente des « résultats positifs »

Politique - Suite à la visite du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, en avril dernier au Royaume, à l’invitation du roi Mohammed VI, Madrid a exprimé sa satisfaction par rapport à la nouvelle feuille de route établie avec le Maroc.

Rédaction LeBrief - 7 juin 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire