Accueil / Économie

Polémique sur la déductibilité des dons des entreprises au Fonds Covid-19

Temps de lecture

Alors que le Comité de veille économique (CVE) avait annoncé en avril dernier la possibilité de mise en place d’un traitement dérogatoire de déductibilité des dons effectués au profit du Fonds de soutien à la pandémie du Covid-19, un amendement a été déposé à la Chambre des représentants pour bloquer cette faveur au profit des entreprises.

Voilà une information qui va faire couler beaucoup d’encre. Les élus de la nation ont déposé un amendement cette semaine à la Chambre des représentants contre la déductibilité fiscale des contributions des entreprises au Fonds de soutien à la pandémie du Covid-19. L’amendement a été proposé par les groupes de la majorité, le groupe du PAM, celui du PPS ainsi que le groupe de l’Istiqlal. Ces partis justifient leur choix par «une injustice fiscale envers les autres contributeurs au Fonds Covid-19», rapporte Médias24.

En effet, les groupes de la majorité estiment que «les travailleurs indépendants, les collectivités territoriales ainsi que les institutions qui ne relèvent pas du champ d’application de la définition prévue à l’article 247 bis, ne pourront pas bénéficier de la même manière de cette mesure, malgré leurs précieuses contributions aux revenus du fonds de gestion de la pandémie», précise la même source.

L’Istiqlal estime pour sa part que «les contributions faites par certains organismes, au profit du Fonds pour la gestion de la pandémie Covid-19, sont des contributions humanitaires volontaires réalisées en montants nets». Pour éviter toute discrimination entre ces organismes et les autres contributeurs (salariés, fonctionnaires…) qui ont versé des montants nets, l’Istiqlal juge qu’il n’est pas possible de reverser une partie de ces contributions à ces établissements à partir du budget de l’État en appliquant la déduction lors du calcul des impôts.

De son côté, le PPS partage l’avis de l’Istiqlal et souligne que cet article constitue une violation du principe d’égalité entre toutes les personnes qui ont volontairement contribué au Fonds. Au niveau éthique, on peut se demander également si la participation spontanée des entreprises pour faire faire à cette crise sanitaire sans précédent doit être assujettie à un gain fiscal qui se reportera forcément sur le budget de l’État et donc sur les citoyens marocains.

«Une décision surprenante»

Cette annonce a résonné comme un coup de tonnerre du côté de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Hakim Marrakchi, président de la commission fiscalité à la CGEM, a confié que «c’est une décision surprenante dans la mesure où le communiqué initial des impôts dit clairement que les dons au Fonds Covid-19 sont déductibles des impôts». L’homme fort du patronat estime tout de même qu’«il est encore trop tôt pour donner un avis définitif, dans la mesure où cet amendement n’a pas force de loi parce que le Projet de loi de finances rectificative doit être adopté par les deux chambres du Parlement».

En effet, même si la Chambre des représentants a rejeté cette mesure, tout se jouera chez les Conseillers lors du vote. L’Économiste affirme, dans son édition du jeudi 16 juillet 2020, que les choses peuvent évoluer d’ici la fin de l’examen du Projet de loi de finances rectificative. Le journal se demande pourquoi les services des Impôts ne pourraientpas considérer les contributions au Fonds comme déductibles fiscalement, alors que l’article 10 du Code général des impôts prévoit les dons en argent, octroyés aux habous, à l’entraide nationale et aux associations d’utilité publique comme telles.

De son côté, Challenge souligne que cette polémique n’a pas lieu d’être et aurait pu être évitée dans le contexte actuel que nous vivons. Le site précise que l’annonce faite le 23 mars dernier par la Direction générale des Impôts (DGI), prévoyant la déductibilité fiscale des dons accordés par les entreprises au Fonds anti-Covid-19, est un grave dérapage. «Les parlementaires ont bien pris conscience de la gravité de ce dérapage et ont simplement agi en conséquence pour remettre un peu d’ordre et contribuer au respect de la Constitution, loi suprême du Royaume», précise Challenge. Seulement, peut-on changer les règles du jeu à la fin de la partie ?

Une chose est sûre, le bras de fer « politiques-entreprises » est bien engagé et cette polémiquerisque de connaître plusieurs rebondissements dans les jours à venir.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Forum de la PME africaine: le Maroc, acteur engagé dans la dynamique d’intégration africaine (Akhannouch)

Économie - Aziz Akhannouch a indiqué que le Maroc est pleinement conscient des enjeux auxquels le continent africain est confronté.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Commerce extérieur : gestion en ligne des certificats de conformité

Économie - Le ministère de l'Industrie et du Commerce, en collaboration avec Portnet, a annoncé le lancement d’un nouveau service en ligne dédié à la gestion des certificats de conformité (COCs) via le Guichet unique national des procédures du commerce extérieur.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Le premier congrès international des mines du Maroc ouvre ses portes

Économie - Le congrès international des mines du Maroc (IMC Morocco 2024) a débuté, ce mardi, à Marrakech.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Crédit du Maroc affiche des résultats croissants

Économie - Sur le plan commercial, Crédit du Maroc enregistre une progression des crédits de 7,6%, atteignant 55.173 millions de dirhams.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Croissance industrielle globale, stagnation dans certains secteurs

Économie - L’enquête mensuelle de conjoncture industrielle menée par BAM révèle une augmentation de la production dans tous les secteurs.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

« Les réformes fiscales propulseront les recettes fiscales à plus de 329 MMDH en 2025 », Lekjaa

Économie - Les réformes fiscales engagées en 2023 devraient faire passer les recettes fiscales de 201 MMDH en 2021 à plus de 329 MMDH en 2025, soit une hausse de 63%, selon Fouzi Lekjaa.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Un géant de l’automobile chinois investit 1,3 MMDH au Maroc

Économie, Entreprise - Shanghai Auto Parts, fabricant de pièces automobiles, prévoit d’investir 1,3 MMDH dans la création d’une usine au Maroc

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Chambre des conseillers : la première partie du PLF-2025 a été adoptée à la majorité

Économie - La Chambre des conseillers a adopté à la majorité la première partie du Projet de loi de finances (PLF) pour l'exercice 2025.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024
Voir plus

Économie nationale en 2023 : quelles perspectives de reprise ?

Économie - Quelles sont donc les perspectives de reprise de l'économie nationale dans un contexte d'incertitudes ?

Manal Ben El Hantati - 23 janvier 2023

Commerce extérieur : gestion en ligne des certificats de conformité

Économie - Le ministère de l'Industrie et du Commerce, en collaboration avec Portnet, a annoncé le lancement d’un nouveau service en ligne dédié à la gestion des certificats de conformité (COCs) via le Guichet unique national des procédures du commerce extérieur.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Maroc – BERD : vers une économie verte et inclusive

Économie, Politique - Aziz Akhannouch s’est entretenu à Rabat avec Odile Renaud-Basso, présidente de la BERD, ce jeudi 5 décembre.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

SABCA : l’aéronautique, une industrie en plein essor au Maroc

Économie - La société belge SABCA a inauguré, mercredi, sa nouvelle usine en périphérie de l’aéroport de Casablanca.

Nora Jaafar - 24 novembre 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire