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Les foyers industriels du Covid-19, un casse-tête pour le Maroc

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Détectés le 19 juin à Lalla Mimouna, dans la province de Kenitra, 3 foyers de contamination au coronavirus ont suscité une vive polémique au Maroc. Ces clusters, qui ont enregistré près de 700 infections, ont révélé la précarité des conditions de travail des ouvrières, employées par les unités de conditionnement des fruits rouges dans cette région. Outre ces foyers, d’autres ont également été signalés dans d’autres villes du pays. Selon certains experts, cette hausse du nombre de malades s’explique par l’augmentation des tests de dépistage.

Identifiés la semaine dernière dans les usines de conditionnement et de traitement des fruits rouges à Lalla Mimouna, dans la province de Kenitra, trois foyers de contaminations au Covid-19 dénombrant près de 700 infections continuent de faire polémiques au Maroc. L’identification de ces clusters aété d’autant plus marquantequ’elle est survenue quelques jours avant le lancement de la deuxième phase de l’assouplissement des mesures de confinement au Maroc. Les malades ont tous été internés dans un hôpital de campagne à Sidi Yahya, qui a été érigé spécialement pour les accueillir. Assabah, dans son édition du jour, rappelle que le procureur du roi près de la Cour d’appel de Kénitra s’est empressé d’ouvrir une enquête judiciaire pour déterminer les causes et les circonstances de cette propagation du Covid-19.

Les révélations du président de la commune de Lalla Mimouna

Brahim Chouikh,président de ladite commune, a expliqué lors de son passage à l’émission «Dayf Khass», que les premiers cas de contaminations ont été enregistrés le 6 mai 2020 dans l’une des unités de conditionnement de fraises, et que «plusieurs salariés ont demandé le lancement d’une campagne de dépistage pour limiter la propagation du virus». Chouikh a déploré que leur requête ait été ignorée et que rien n’ait été fait pour prévenir l’apparition d’un foyer de contagion. Il a soutenu que les ouvrières n’ont été soumises au dépistage que le 16 juin, soit plus d’un mois après l’apparition du premier cas, «ce qui a favorisé la propagation du virus parmi elles», rapporte Les Inspiration Éco ce vendredi 26 juin. Tout en réclamant «des explications aux autorités compétentes sur le retard accusé dans le lancement des tests de dépistage», le président de la commune a indiqué, qu’en cette saison de cueillette, la région se transforme en véritables fourmilières et que les ouvrières, dont le nombre peut augmenter jusqu’à 4000, s’entassent quotidiennement dans des pick-up qui les conduisent aux champs ou aux usines. Et de conclure : «C’est l’occasion d’améliorer les conditions de travail et de transport de ces salariés, surtout ceux qui travaillent dans les exploitations agricoles».

L’indignation de l’AMDH

Contacté par TelQuel, Aziz Rhali, président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) basée à Kénitra, a martelé : «Cela fait longtemps que l’on crie haut et fort que la situation risque de dégénérer, et voilà le résultat. On a demandé qu’il y ait un arrêt de travail des ouvrières agricoles pendant le confinement, parce que les mesures sécuritaires et sanitaires n’étaient pas suffisantes, mais cela n’a pas été pris au sérieux par le gouverneur de Kénitra ni par le ministère de la Santé». Pour Rhali, le nombre de cas pourrait dépasser les 1000, imputant cette exacerbation de la pandémie aux autorités qui auraient dû prendre à temps des mesures pour garantir la sécurité sanitaire des ouvrières. L’activiste soutient que les usines responsables de cette recrudescence ont refusé de suspendre leur activité, «au détriment de la santé de leurs salariés»,pour ne pas perdre de bénéfices en pleine saison de récolte de fraises.

L’hebdomadaire ajoute que l’AMDH a ainsi adressé une lettre ouverte au Chef du gouvernement et aux ministères de l’Intérieur, de l’Emploi, de l’Agriculture et de l’Industrie. Dans cette correspondance, l’Association exige une investigation approfondie pour identifier et «condamner les responsables à des sanctions juridiques et administratives». Et de dénoncer : «Nous considérons que le propriétaire de l’entreprise est responsable de la propagation de l’épidémie et de l’exposition des travailleurs à l’infection par le virus», et «que les autorités publiques sont responsables des foyers de contamination dans les usines de fraises à Lalla Mimouna».

Détection d’autres clusters industriels

Selon des experts sollicités par Maroc Hebdo, l’identification de nouveaux foyers de contagion dans le royaume est principalement liée à l’augmentation du nombre de tests de dépistage. C’est ainsi qu’outre les clusters de Lalla Mimouna, unautre a été détectée dans l’usine de Renault Tanger, comptant environ 100 cas. La même source indique que les autorités locales ont par la suite décidé de fermer l’usine pour contenir la propagation du virus. Aussi, d’autres foyers industriels sont apparus dans d’autres régions, «notamment à El Jadida, où le site Jorf Lasfar de production de gaz a vu la détection d’une centaine de cas». Les experts prévoient que la poursuite de l’opération massive de dépistage au sein des entreprises et des usines du Maroc va révéler de nouvelles contaminations et de nouveaux clusters dans le pays.

Toutefois, ces derniers assurent que la situation reste maîtrisable, et exhortent les citoyens «à redoubler de vigilance et de prudence en respectant toutes les mesures sanitaires exigées par les autorités, dont le portobligatoire dumasque, la distanciation sociale… et le lavage fréquent des mains».

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