La dernière publication au Bulletin officiel (BO) du royaume a semé la zizanie dans les structures scolaires privéeset lesparents d’élèves. Ce lundi 22 juin, ont été confirmés non éligible àla déclaration de leurs salariés en arrêt de travail auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) les établissements privés d’enseignement primaire, secondaire et supérieur et de formation professionnelle, rapporte Aujourd’hui le Maroc dans son édition du 23 juin.Contacté par EcoActu, Saïd Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, a tenu à dissiper la confusion suscitée par cette publication. Le ministre a expliqué qu’elle concerne une mesure prise le 21 mai 2020, après que plusieurs «écoles privées avaient déclaré environ 48000 employés en arrêt temporaire de travail, alors qu’elles avaient encaissé la mensualité du mois de mars». Il rappelle que cette tentative malsaine «avait abouti à la mise en place de nouvelles conditions d’éligibilité pour bénéficier de l’indemnité forfaitaire financée par le Fonds spécial de lutte contre la pandémie».
Par ailleurs, Amzazi a assuré que l’indemnisation forfaitaire destinée à une frange spécifique des employés des établissements privés (éducatrices, accompagnatrices, chauffeurs, cuisiniers…) est encore en phase d’étude. Notons que le ministre avait promis d’intervenir auprès du ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme administrative pour demander des subventions pour cette catégorie de personnel. Le média indique dans ce sens que «le gouvernement est sur le point d’approuver cette décision qui sera publiée incessamment», et qui «devra apaiser la tension entre écoles privées etparents d’élèves».
La crise des établissements scolaires privés
Lesécoles privéesavaient sollicité le ministère de l’Éducation nationale pour les aider financièrementafin d’amortir l’impact économique de la pandémie du coronavirus sur leurs caisses. Lesdits établissements avaient expliqué «qu’environ 90% des parents refusent de s’acquitter de leur facture du mois de mai, et que certains réclament une réduction de 30% à 50% des frais, tandis que d’autres revendiquent une exonération totale». Conscients que la loi ne leur permet pas de souscrire aux indemnités CNSS, ils avaient appelé la tutelle à leur octroyer un statut particulier, soulignant que «la nouvelle loi-cadre pour l’enseignement les considère comme une composante essentielle du système de l’enseignement» et «les positionne en tant que prestataires d’un service public», avait précisé Moulay Saïd Messaoudi, président de la Fédération marocaine de l’enseignement et de la formation privés (FMEFP).Toutefois, le silence du ministère de l’Éducation a pousséla FMEFP ainsi que l’Alliance de l’enseignement privé au Maroc aannoncé une grève nationale le 30 juin 2020. Taoufik Laâlej, président de l’Association marocaine des établissements d’enseignement privé, a de son côté pointé du doigt les parents en les menaçant de dévoiler les «listes secrètes» des mauvais payeurs. Et de marteler : «celui qui essaiera de transférer ses enfants d’une école à l’autre verra comment on va se comporter avec lui lors de la prochaine année scolaire».
La colère des parents d’élèves
Comme les établissements privés, les parents d’élèves ont également soutenu que leurs revenus ont été affectés par la pandémie du Covid-19, affirmant que plusieurs parmi eux sont en arrêt de travail ou n’ont plus suffisamment de ressources pour payer la scolarité de leurs enfants. «Je n’ai plus aucun revenu à cause de la crise. L’école devait penser aux parents qui sont dans la même situation et les dispenser des frais. Où est le sens du patriotisme ? J’appelle le ministère à intervenir. C’est une crise mondiale. Personne n’a été épargné», déplore un parent à Maroc Hebdo. De plus, poursuit le journal, la Fédération nationale des associations de parents d’élèves au Maroc (FNAPEM) a quant à elle expliqué que certains tuteurs refusent de verser lesdits frais, car ils jugent que la qualité de la méthode de l’enseignement à distance est insatisfaisante. La même source rapporte que certains parents d’élèves ont même organisé des manifestations devant des écoles privées à Casablanca, à Marrakech, à Fès et à Rabat, pour réclamer une ouverture de négociation avec les représentants de ce secteur ainsi qu’une exonération totale ou partielle du versement des mensualités scolaires.
Enfin, il n’est pas encore sûr que l’approche d’Amzazi puisse mettre fin au bras de fer opposant les deux parties, mais elle servira, peut-être, à sauver les caisses des établissements de la ruine, et à pousser ces derniers à considérer les propositions des parents d’élèves.
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