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Ce vendredi 29 mai, Abderrahmane Youssoufi, l’ancien Premier ministre marocain, est décédé à l’hôpital Cheikh Khalifa, à Casablanca, à l’âge de 96 ans. Hospitalisé le dimanche 24 mai, il a succombé suite à une longue maladie. Le politicien de gauche et symbole du socialisme marocain est né à Tanger le 8 mars 1924. Homme politique de haut calibre, il est devenu Premier ministre du Maroc en 1998, et a quitté ses fonctions en 2004.Populaire auprès de la population, il a été le modèle de probité, d’intégrité et d’honnêteté de la classe politique, souligne l’Économiste.
Avant de servir en tant que Premier ministre, Youssoufi était avocat des droits de l’Homme, activiste et défenseur des droits des travailleurs immigrés en France. Sa carrière politique avait commencé en 1959 lorsqu’il a rejoint l’Union nationale des forces populaires (UNFP). Le politicien emblématique avait été arrêté pendant les années de plomb, en 1959 puis en 1963, purgeant une peine de deux ans de prison. Libéré en 1964, Youssoufi avait passé les 15 années suivante de sa vie en exil à Paris.
Une fois retourné au Maroc en 1980 après que le roi Hassan II ait engagé une sorte d’amnistie politique, il avait occupé le poste de secrétaire général de l’UNFP après la mort d’Abderrahim Bouabid en 1992. En 1998, Il avait été appelé par le roi Hassan II à diriger le gouvernement en tant que Premier ministre, pour éviter «la crise cardiaque» au pays.Youssoufi avait accepté de former le gouvernement sans avoir de majorité au Parlement. En effet, le roi lui garantissait la stabilité politique. Il était ainsi de venu le premier et l’unique opposant dans le monde arabe à prendre la tête d’un gouvernement dit d’Alternance, précise H24.
En 2002, il a déposé sa démission du gouvernement puis de son propre parti l’année suivante. Depuis lors, il a quitté définitivement la scène politique et a continué d’observer une neutralité politique. Cependant, il est resté fidèle aux principes socialistes, la défense des libertés et de progrès des couches populaires, écrit l’Économiste.
Souffrant d’une pneumonie, l’ancien Premier ministre a été admis à l’hôpital en 2016, où il a reçu la visite du roi Mohammed VI.
Sa dernière apparition publique a eu lieu en janvier 2020 à Fès, où il avait présenté un livre relatif à son expérience politique, écrit par Driss Guerraoui, économiste marocain et résident du Conseil de la concurrence.
Abderrahmane Youssoufi raconté par Driss Guerraoui
Dans son livre « Abderrahmane El Youssoufi : Des leçons pour l’Histoire », une biographie autorisée par letaulier socialiste, Driss Guerraoui donne un aperçu d’un pan de l’histoire méconnu du grand public, écrit Telquel. Guerraoui, qui était conseiller du Premier ministre Abderrahmane Youssoufi pendant l’Alternance, revient en détail sur l’expérience politique unique du défunt, la première en son genre de l’Histoire du Maroc. Cette expérience, qui a duré de mars 1998 à octobre 2002, soit cinq ans, a largement contribué à apaiser la transition institutionnelle entre le règne de feu Sa Majesté Hassan II et celui de SM le Roi Mohammed VI.
Selon Guerraoui, Youssoufi a jeté les bases de la réforme des droits et de la condition sociale au royaume, contribuant ainsi à la construction du Maroc d’aujourd’hui. L’auteur cite plusieurs réalisations, notamment la promotion des droits de la Femme, le plaidoyer international pour l’unité territoriale du Maroc, la réforme du Code de la couverture médicale… Rendant hommage à l’homme d’État que fut son mentor, Guerraoui a déclaré que «feu Ssi Abderrahmane Youssoufi fut un homme d’État exceptionnel et qui avait l’intérêt supérieur de son pays chevillé au corps».
Héritage
Youssoufi s’est retiré de la politique en 2003, cédant son poste à Driss Jettou, un membre de son propre parti. En août 2019, alors qu’il célébrait le 20e anniversaire de son couronnement, le roi Mohammed VI avait rendu hommage au patriotisme de Youssoufi et a loué leur relation particulière. Le souverain avait baptisé la promotion 2019 de recrues militaires diplômées du nom de Aderrahmane El Youssoufi,rappelle Hesspress.
«J’ai choisi de donner à votre promotion le nom de Maître Aderrahmane Youssoufi, en hommage aux principes immuables de patriotisme, d’attachement aux symboles sacrés de la Nation et à l’intégrité territoriale du Royaume, et de défense de ses intérêts supérieurs que cette personnalité partage avec Notre vénéré Père, Sa Majesté le roi Hassan II, et avec Notre Majesté», avait déclaré le roi.
Trois ans plus tôt, le Roi Mohammed VI avait déjà honoré l’ancien Premier ministre en inaugurant à Tanger l’Avenue Abderrahmane Youssoufi.
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