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Une médiation nécessaire entre les écoles privées et les parents d’élèves

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L’ambiance est tendue entre les parents d’élèves et les directeurs d’écoles privées. La raison ? Le paiement des frais de scolarité, précisément ceux du 3e trimestre de cette année scolaire 2019-2020. Les parents d’élèves dénoncent un harcèlement de la part des écoles tandis que ces derniers appellent au paiement des frais de scolarité afin de pouvoir assurer les différentes charges de l’établissement. Le gouvernement appelle quant à lui à trouver un terrain d’entente. Décryptage.

Le Covid-19, c’est la crise financière, mais aussi des tensions, beaucoup de tensions. L’une d’entre elles oppose les parents d’élèves aux propriétaires d’écoles privées. Les parents s’indignent contre le traitement qui leur a été réservé par certaines écoles durant cette période. Ils dénoncent le harcèlement qu’ils subissent au quotidien par la direction des écoles à propos du paiement des frais de scolarité.

De leur côté, les parents d’élèves pâtissent pour une grande partie d’entre eux d’une baisse conséquentede leurs revenus. Autre raison qui a motivé le non-paiement des frais scolaires, l’annulation de tous les examens finaux cette année (mis à part ceux de la première et de la deuxième année du baccalauréat). Les parents se sont vus confortés dans leur choix puisqu’aucune échéance n’est en vue en fin d’année.

Les écoles menacées de faire faillite

De leur côté, les écoles privées demandent le paiement des frais de scolarité pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le maintien des salaires des enseignants. Les écoles privées ont été exclues des indemnités forfaitaires liées à la pandémie du Covid-19. Said Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, avait annoncé le placement des écoles privées dans la liste des secteurs d’activités qui n’ont pas cessé leurs activités en raison du coronavirus, puisqu’ils assuraient l’enseignement aux élèves parvisioconférence, précise le ministre. Système aux résultats très controversés comme le rappelle l’Economiste dans son édition du jeudi 28 mai.

Les écoles privées continuent donc de payer les charges habituelles sans pour autant percevoir les mêmes recettes. Dans ces conditions, le spectre de la fermeture n’est jamais loin, surtout pour les «petites écoles». Un bon nombre d’entre elles a déjà annoncé être en situation de crise, surtout qu’aucune reprise normale d’activité n’est visible à l’horizon.

Toufik El Alj, secrétaire national de l’association marocaine des établissements privés d’enseignement condamne “une campagne” à l’encontre des écoles privées, rapporte le magazine Telquel dans son édition du vendredi 29 mai 2020. Ce directeur d’école évoque que «des parents ont pu économiser durant le confinement sans toutefois s’acquitter des frais de leurs enfants qui assistent tout de même aux cours à distance mis à leur disposition par les enseignants d’écoles». Le syndicaliste reproche aussi à Said Amzazi d’avoir mis à mal un secteur «qui a toujours été à ses côtés».

Objectif: imposerun consensus

Le ministre Amzazi a appelé à trouver un consensus entre les deux parties. Le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia souligne ce vendredi que le ministre de l’Éducation a appelé les académies régionales d’éducation et de formation (AREF) a joué le rôle de «médiateurs» entre les parents d’élèves et les écoles privées, puisque les deux parties sont importantes dans le système éducatif national.

Contacté par le site éco actu, Abdelkebir Tabih, avocat au barreau de Casablanca souligne que «Légalement, les parents ne sont pas obligés de payer un service qui n’a pas été fourni. Il s’agit d’une relation contractuelle de payer un service dans une logique de marché où l’on paie ce qu’on reçoit. Toutefois, si les salaires du personnel ont été réglés dans leur totalité et si ces derniers ont assuré un enseignement à distance, les écoles ont droit à une partie des frais et non pas la totalité».

L’heure est donc aujourd’hui à l’écoute. Si les directeurs d’écoles et les parents d’élèves sont tous les deux dans une situation compliquée, il y a toujours un moyen de discuter et de trouver un terrain d’entente afin d’enterrer la hache de guerre et couper la poire en deux. Une nouvelle année débutera dans quelques mois et on la voit mal redémarrer sur de bonnes bases si ce conflit n’a pas trouvé d’issue positive.

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