Accueil / Économie

Dépenses publiques : les dessous de la rétractation de Benchaâboun

Temps de lecture

Lundi dernier, le Conseil de gouvernement a adopté le projet de décret-loi relatif au dépassement des seuils de financement extérieur. Jusque-là, tout va bien. Sauf que dans le courrier adressé par le secrétaire général du gouvernement aux ministres, le vendredi 3 avril, ce même décret-loi contenait également la proposition de suspendre les dépenses publiques. Après de multiples pressions, cette dernière a été rejetée. Retour sur les raisons qui ont poussé le ministre de l’Économie, des Finances et de la réforme de l’administration, Mohamed Benchaâboun à se rétracter.

La suspension des opérations d’engagements des dépenses était au centre du débat le week-end dernier. En effet, alors qu’il figurait dans l’agenda du Conseil de gouvernement, du lundi 6 avril, la proposition a été écartée à la dernière minute. Le Conseil n’a finalement adopté que la première partie du décret-loi, à savoir le déplafonnement des seuils de financement extérieur, fixé auparavant à 31 milliards de dirhams.

Cette proposition, qui a fait polémique (gel des engagements de dépenses publiques), concerne concrètement les dépenses budgétisées de l’année 2020, à l’exception des dépenses jugées essentielles, telles que les salaires des fonctionnaires, les bourses d’études, les redevances d’eau et d’électricité, les dépenses dédiées à la gestion de la pandémie ou celles relatives à la Caisse de compensation.

Selon le magazine hebdomadaire Telquel, de ce vendredi 10 avril 2020, cette démarche a provoqué «une bronca dans les rangs des patrons et au-delà», certains la considérant même comme «un acte de décès de l’économie». Chakib El Alj, patron de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), affirme avoir convoqué une réunion d’urgence dès l’annonce du décret-loi en question au programme du Conseil de gouvernement. La réunion avait pour objectif de faire barrage au décret. Le patron des patrons assure également avoir «contacté deux membres du gouvernement afin de plaider pour la préservation du tissu entrepreneurial». Même son de cloche du côté du gouvernement. Un ministre PJdiste aurait juré que le décret-loi ne passerait pas au conseil du gouvernement, rapporte Telquel. «Il est hors de question qu’on grippe la machine en fermant les vannes de la commande publique, nous sommes en désaccord sur le principe et sur la méthode», précise-t-il.

De son côté, un conseiller de l’opposition à la deuxième Chambre s’insurge contre ce qu’il appelle une centralisation des décisions. «On est où là ? En plein Soviet suprême? Le pays a besoin de ressources, il faut irriguer l’économie quitte à aggraver le déficit, on ne va pas faire du cas par cas alors que l’activité coule, il faut soutenir l’activité, et vite. Personne n’a le droit de définir ce qui est utile ou pas utile en temps de crise, l’idée est de respecter ses engagements en attendant une reprise d’activité. Mieux, accélérer la reprise en adoptant une politique budgétaire expansionniste».

Benchaâboun cède à la pression

Après de multiples tractations, Benchaâboun a fini par faire marche arrière. Interpellé cette semaine par les présidents des équipes parlementaires à la Commission des finances du Parlement, ce dernier a expliqué qu’il ne s’est pas rétracté, mais qu’il y a eu un débat autour de la gestion de la dépense en ces temps de crise, rapporte le site Ecoactu. «Il est inconcevable de mener le même train de dépenses dans les conditions actuelles. La rationalisation des dépenses est tout à fait logique suivant les scénarios futurs que nous avons établis suite à la durée de l’état d’urgence sanitaire. Nous avons abouti à ce que cette gestion se fasse en concertation avec les différents secteurs selon leurs priorités. Mais également selon les priorités du pays, notamment des secteurs comme la santé, les dépenses d’investissement et de fonctionnement obligatoire», précise le ministre.

Une chose est sûre. Vu les soucis économiques auxquelsfait face le royaume, Mohamed Benchaâboun espère prendre des décisions rapides afin de réduire l’impact du Covid-19 sur le budget de l’État. Mais face aux diverses pressions liées aux dépenses publiques, il devra pour le moment se contenter du déplafonnement des financements extérieurs.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Marrakech accueille le congrès annuel de KATA pour séduire le marché touristique coréen

Économie - L’Office National Marocain du Tourisme, a réussi un coup stratégique en accueillant, pour la première fois, le congrès annuel de KATA, à Marrakech.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Un volume d’échanges de 1,21 MMDH à la Bourse de Casablanca

Économie - La bourse de Casablanca a clôturé, ce lundi, avec un volume global des échanges qui a dépassé 1,2 milliards de dirhams (MMDH)

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024

Bourse de Casablanca : près de 4,2 MMDH levés, 6 IPO opérées sur 4 ans

Économie - Depuis 2020, la bourse de Casablanca a réalisé six introductions en bourse (Initial Public Offering) pour un montant global souscrit à 82,3 s MMDH, avec des levées de près de 4,2 MMDH.

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024

La MAP tient son 39e Conseil d’administration

Économie - La MAP a tenu à Rabat son 39ᵉ Conseil d’administration sous la présidence de Mohamed Mehdi Bensaid.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

CMGP Group : une entrée en Bourse qui restera dans les mémoires

Économie - Ce jour restera dans les mémoires. Celui où CMGP Group et a raflé le gros lot avec 33.771 souscripteurs.

Sabrina El Faiz - 16 décembre 2024

Viande rouge : le Maroc s’approvisionne en Espagne

Économie - La flambée des prix de la viande rouge au Maroc pousse les acteurs économiques et les autorités à s'approvisionner en Espagne pour endiguer cette crise persistante.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

OCP Africa et le Niger : un accord pour transformer l’agriculture

Afrique, Économie, Économie - OCP Africa, filiale du Groupe OCP, a signé un accord stratégique avec le ministère nigérien de l’Agriculture et de l’Élevage.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Cour des comptes : radiographie des finances publiques

Économie - En matière de vérification et de jugement des comptes, 3.951 arrêts et jugements ont été rendus.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024
Voir plus

Tourisme : « Maroc, Terre de Lumière » sacrée meilleure campagne publicitaire internationale

Économie - Nouvelle consécration pour l’ONMT, mardi 21 juin, à Madrid. L’institution a reçu le prix de meilleure campagne internationale pour "Maroc, Terre de Lumière".

Manal Ben El Hantati - 23 juin 2022

Tourisme : 3,4 millions de touristes ont visité le Maroc à fin juin

Économie - Près de 3,4 millions de touristes étrangers ont visité le Maroc durant les six premiers mois de l’année en cours. Les recettes en devises du secteur touristique, enregistrées au cours des cinq premiers mois de 2022, ont augmenté à 20 milliards de DH.

Khadija Shaqi - 27 juillet 2022

Réforme fiscale 2025 : nouveautés de l’IR et de la TVA discutées à la Chambre des représentants

Économie - L’impact de l'IR inclura une hausse salariale pour les fonctionnaires et un allégement de l’impôt pouvant atteindre 50%.

Rédaction LeBrief - 2 novembre 2024

Karim Zidane mobilise les acteurs pour dynamiser l’économie de Fès-Meknès

Économie - Le ministre chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des Politiques Publiques, Karim Zidane, a pris part au quatrième édition du forum economique Fès-Meknès.

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire