Image d’illustration. © DR
Il y a une semaine – alors que certains militants s’attendaient à l’annonce du nouveau dirigeant – le bureau politique du Parti authenticité et modernité (PAM) a décidé d’ouvrir le processus de candidature en vue d’élire le nouveau secrétaire général du parti. Et, à deux jours de l’élection cruciale, les militants n’avaient pas vent des noms des dirigeants à même de présenter leur candidature au poste.
Le dépôt des candidatures pour l’élection d’un nouveau secrétaire général reste ouvert jusqu’au samedi 10 février, jour où les militants devront élire les 400 nouveaux membres du Conseil national et les 23 membres du bureau politique. La première journée du 9 sera, elle, consacrée à la présentation et à l’adoption du rapport moral et financier pour le mandat 2020-2024 ainsi qu’à la discussion de la feuille politique et du projet de statut du parti.
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Qui est candidat ? Le mutisme général
Fatima Ezzahra El Mansouri, mairesse de Marrakech, ministre de l’Aménagement du territoire et actuelle présidente du Conseil national, Mohammed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, ou Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, lui-même… Les bruits de couloir font ressortir des congressistes dans l’expectative. Pour les observateurs, «l’ambiance froide de la préparation du congrès, couplée à l’immobilisme et aux hésitations qui entourent les aspects organisationnels, politiques et communicationnels, outre l’absence d’un nom, d’un projet, d’un enjeu ou même d’un slogan pour ce congrès, laisse transparaitre que les temps sont à l’incertitude».
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Faire le choix du genre, de la jeunesse ou reconduire un leader critiqué pour sa politique dont le mandat a été ébranlé par l’affaire Escobar. En effet, l’enjeu est d’autant plus complexe, deux cadres du parti étant poursuivis en état d’arrestation dans le cadre d’une affaire de trafic international de drogue. Un coup sévère porté à la crédibilité du parti même si le Conseil national avait, dès le début de l’enquête de la BNPJ, gelé leur adhésion et s’était très vite distancié des mis en cause. Et le silence du secrétaire général au sujet de ce dossier n’aurait pas plus à certains des cadres pamistes.
Plus que cela, ce congrès est d’une importance capitale, d’autant qu’il dessine les contours de la campagne à venir pour les élections législatives de 2026. La figure désignée devrait négocier le nombre de ministres pamistes (et au minimum le maintenir) en cas de remaniement ministériel, aura pendant deux ans la tâche de composer avec la coalition gouvernementale actuelle, dans un contexte de crises successives et de défiance populaire, mais pourrait aussi, dans un avenir proche, accéder à la primature.
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Notons que les deux autres partis de la coalition doivent prochainement tenir leurs congrès. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), conduit par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch tiendra son 8ᵉ congrès national le 17 février prochain. L’Istiqlal, pour sa part, devrait tenir son 18ᵉ congrès au cours du premier trimestre 2024, après avoir été reporté à plusieurs reprises.
Les scénarii d’un renouveau
«Tout ce qui circule actuellement n’est que de la spéculation». C’était ce qu’avait affirmé l’actuel chef de file du PAM à l’occasion de la conférence de presse en préparation du congrès national. Et comme indiqué plus haut, aucune candidature n’a, pour l’heure, été officiellement déposée.
Certains avancent que les membres qui souhaitent se présenter préfèrent attendre l’ouverture des travaux du congrès pour déposer leur candidature. D’autres expliquent l’absence de candidats par une «crise organisationnelle très profonde» au sein du parti. Ces tensions internes, en plus de la charge à devoir composer avec les multiples divergences d’intérêts, confèrent à cette formation politique la réputation de parti «qui épuise et consume». Chose qui, pour quelques observateurs, freine les pamistes probablement désireux de conduire le parti.
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Toutefois, nombre d’experts et de médias expliquent qu’une grande partie des militants poussent à voir une «candidature unique» portée par Fatima Zahra El Mansouri. Celle-ci ne s’est pas encore clairement prononcée. Des sources ont confié qu’elle aurait donné son accord préliminaire pour diriger le parti.
Tout est donc encore possible. Un des scénarii sur la table est que l’actuel secrétaire général brigue un second mandat. Auquel cas, voici les trois scénarii évoqués par les observateurs.
El Mansouri, pressentie pour succéder à Ouahbi
Loin d’être novice et figure très connue et influente au sein du parti du tracteur, Fatima Zahra El Mansouri est le nom qui revient sur toutes les bouches. À l’image de la direction du PAM qui se mobilise depuis des jours pour fédérer les militants, la maire de la ville ocre a appelé de ses vœux à faire de ce congrès un évènement qui «ose le changement, la différence, le renouveau». Pour la ministre, cette 5ᵉ réunion du parti est «l’un de ces instants où nous [NDLR, militants du PAM] avons la responsabilité de l’histoire».
Dans son message posté su X, Fatima Zahra El Mansouri, n’omettant pas le contexte de «la scène politique chamboulée par des scandales politico-financiers», considère qu’il y a aujourd’hui besoin de se «remettre en question» et «repenser l’organisation» des partis politiques. Pour que l’intérêt suprême des Marocains prévale, la militante espère qu’à l’issue de ce congrès, le parti saura «présenter un projet clairement défini, lisible, qui répond aux attentes citoyennes et inscrit le Maroc dans un développement durable confirmé».
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S’ils sont nombreux à se rallier derrière elle, dans les coulisses du PAM, ses détracteurs, eux, déplorent qu’elle délègue la gestion de presque tous les dossiers en lien avec ses missions de ministre et de maire d’une grande ville. Et pour ses partisans, ce cumul même de fonctions est, selon les analystes, son handicap pour prétendre au poste de secrétaire général du parti.
Fatima Zahra El Mansouri croit cependant avec sincérité que sa formation politique peut relever les défis qui se dressent devant lui. Car, selon elle, le PAM «a aujourd’hui en son sein une jeunesse née de ce projet empli de patriotisme et de convictions».
Bensaïd et Sekkouri, le choix de la jeunesse
Des scenarii, évoqués par les analystes politiques, ressortent d’autres noms : une alternative à la candidature d’El Mansouri. La candidature de Mohammed Mehdi Bensaïd ou de Younes Sekkouri, tous deux ministres au sein du gouvernement actuel, s’inscrirait en effet dans cette dynamique de rajeunissement du parti en laquelle croit El Mansouri.
Mais ces deux politiciens sont loin de convaincre. N’ayant pas suffisamment d’expérience politique (tout le contraire d’El Mansouri), ils ne seraient, de fait, «probablement pas capables de gérer l’organisation» du parti arrivé en second aux élections de 2016.
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Dans cette option de jeunesse, le ministre de la Culture serait «le seul joker possible». Proche d’El Mansouri, il serait actuellement le seul cadre du parti à faire l’unanimité pour remplacer la maire de Marrakech à la succession au poste de secrétaire général du PAM. Cet autre poids lourd du mouvement «correctif», dit courant de la «Jeunesse et du renouveau», qui est monté au créneau après l’éclatement de l’affaire Escobar pour appeler à un assainissement profond de la formation, serait un choix approprié pour le parti.
Direction collégiale bicéphale ou tricéphale
Une direction collégiale en lieu et en place d’un secrétaire général, voilà le troisième scénario qui semble faire son chemin. Alors que les analyses portaient sur des candidatures individuelles, explorant les capacités et limites de chacune, plusieurs sources concordantes rapportent que le parti se dirigerait vers la mise en place d’une direction à deux ou trois candidats.
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Si dans le monde, peu d’exemples similaires (et ayant réussi) existent, c’est une manière pour les cadres du parti de «faire de la politique autrement». C’est pour le PAM, aussi, une manière de diluer la responsabilité que porte un secrétaire général unique et désincarner le leadership. En même temps, cette option conduirait à la perte d’identité du parti, car un parti politique durable suppose une plateforme idéologique cohérente, une démocratie interne pérenne et bien sûr la présence d’un homme, ou d’une femme, fort(e) aux commandes.
Restent plusieurs questions en suspens : combien de dirigeants feront partie de cette direction ? Comment les décisions seraient-elles prises ? Ces questions mêmes seraient au centre de tractations afin de décider des «formulations et formes appropriées pour diriger le parti».
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