Les économistes de la Banque mondiale n’ont certainement pas eu le temps d’analyser la récente escalade des tensions entre les États-Unis et l’Iran et ses répercussions sur l’économie régionale et mondiale. Pour l’heure, l’institution prévoit une hausse modeste de 2,4 % en 2020 de la croissance dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. La hausse du PIB régional serait stimulée par l’augmentation des investissements et la vigueur du climat des affaires. La croissance s’établirait autour de 2 % dans les pays exportateurs de pétrole. Le Maroc devrait faire mieux que la moyenne régionale avec une prévision de 3,5 %. « L’activité touristique favorable continue de soutenir la croissance des importateurs de pétrole, dont le Maroc. Cependant, la production agricole est devenue moins favorable et a pesé sur l’activité dans ce pays ». L’évolution du PIB marocain reste encore fortement liée aux conditions climatiques. En neutralisant la volatilité du PIB agricole, la croissance des activités non agricole peine à décoller, malgré les politiques déployées ces dernières années. En Afrique du Nord, l’Égypte signerait la meilleure performance avec une hausse de 5,9 % du PIB. Ce dernier progresserait de 1,9 % en Algérie et de 2,2 % en Tunisie.
À l’échelle mondiale, la situation n’est pas très reluisante. La banque mondiale anticipe une hausse de 2,5 % de l’économie. La croissante s’établirait en moyenne à 1,4 % dans les économies avancées, en raison surtout de la faiblesse persistante des activités manufacturières. Dans les marchés émergents, l’activité progresserait de 4,1 %. La reprise n’y est toutefois pas généralisée, nuance la banque mondiale. Environ un tiers des économies émergentes et en développement devraient ralentir cette année sous l’effet d’exportations et d’investissements plus faibles que prévu. «Alors que les économies émergentes et en développement vont probablement continuer à croître lentement, les responsables politiques sont appelés à engager des réformes structurelles qui stimulent une croissance généralisée, laquelle est indispensable à la réduction de la pauvreté, affirmeCeyla Pazarbasioglu, vice-présidente du Groupe de la Banque mondiale pour la Croissance équitable, la finance et les institutions.Les mesures visant à améliorer le climat des affaires, l’État de droit, la gestion de la dette et la productivité peuvent contribuer à une croissance soutenue».
Par ailleurs, la Banque mondiale s’inquiète du niveau de la dette des économies émergentes et en développement. Ces économistes relèvent quatre vagues d’accumulation de la dette au cours des cinquante dernières années dont la dernière a débuté en 2010. Cette dernière est celle au cours de laquelle la dette a augmenté le plus fortement, le plus rapidement et le plus largement, relèvent-ils. « Bien que le faible niveau actuel des taux d’intérêt atténue certains des risques associés à une dette élevée, les précédents épisodes de hausse de l’endettement à grande échelle se sont soldés par des crises financières généralisées », préviennent les experts. Chacun tirera les leçons qui s’imposent. Pour réduire la probabilité des crises et en atténuer l’impact si elles se concrétisent, « les États peuvent notamment mettre en place des cadres monétaires et budgétaires résilients, instaurer des régimes de surveillance et de réglementation solides et adopter des pratiques transparentes en matière de gestion de la dette », conseille la Banque mondiale.
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