Accueil / Monde

Carlos Ghosn : « Je n’avais pas d’autre choix que la fuite »

Temps de lecture

Ce mercredi 8 janvier, Carlos Ghosn, ex-patron de Renault-Nissan, a tenu à Beyrouth la première conférence de presse depuis son arrestation en 2018. Ghosn, qui est poursuivi au Japon pour malversation financière et pour corruption, a réussi la semaine dernière à s’évader au Liban, et ce malgré les conditions très strictes de sa liberté provisoire sous caution. Les détails de la fuite de l’ex-patron de Renault-Nissan de Tokyo restent encore très flous.

À Beyrouth, Carlos Ghosn a décidéde profiter de sa première sortie médiatique, depuis son arrestation en 2018, pourdénoncerle système juridique japonais et exposer les contours de son arrestation. Il a affirmé qu’il était victimed’un complot visant à l’évincer de la plus puissante alliance automobile du monde, rapporte Euronews. « Pour la première fois depuis le début de ce cauchemar, je peux me défendre et parler librement », a-t-il déclaré. Il a précisé que l’objectif de sa conférence n’était pas de raconter la façon dont il a fui le Japon. « Je ne peux pas parler de ma fuite, car si je le fais je vais exposer beaucoup de personnes à des problèmes. Un jour, peut-être, vous connaîtrez la réalité. Dans vingt ans, je pourrai peut-être confirmer ou infirmer ces informations ! », a-t-il expliqué, indique 20minutes. Il a souligné que sa sortie visait à blanchir son nom et d’expliquer pourquoi il « n’aurait jamais dû être arrêté en premier lieu ». Notons que Ghosn a été appréhendé il y a plus d’un an à Tokyo,où ilest poursuivi pourmalversations financières. Il a également été accusé d’avoir falsifié les montants de ses revenus pendant des années et d’avoir détourné 5 millions de dollars de l’argent de Nissan vers un concessionnaire automobile qu’il contrôlait.

Selon Bloomberg, depuis le début de cette affaire, l’ancien titan de l’industrie automobile a démenti tout acte répréhensible. Ce mercredi, il a critiqué le système de justice pénale du Japon, qui, selon lui, « viole les principes les plus fondamentaux de l’humanité ». Ghosn a affirmé que sa détention était le résultat d’un complot, dont le principal objectif était de le détrôner de la présidence de l’empire automobile qu’il avait construit avec Nissan (NSANF), Renault (RNLSY) et Mitsubishi Motors. « J’étais arrêté pour des revenus différés, qui n’avaient pas été décidés nivalidés » par le conseil d’administration. En d’autres termes, Ghosn considère qu’il n’avait aucune obligation de déclarer les revenus incriminés. Selon lui, ce n’est « pas une affaire pénale, pas un délit non plus, et en aucun cas cela ne justifie une arrestation », souligne Le Figaro. La même source rapporte que Ghosn a révélé les noms des personnes impliquées dans cette affaire, notamment le PDG de Nissan de l’époque, Hiroto Saikawa, l’ancien responsable de la communication et des relations avec le gouvernement de Nissan, Hitoshi Kawaguchi, ainsi qu’un autre cadre de l’entreprise japonaise, Hidetoshi Imazu.

La chaine CNN indique que moins de 24 heures avant le début de cette conférence, l’équipe de défense de Ghosn a publié une déclaration fustigeant l’enquête de Nissan sur son ancien patron, affirmant qu’elle ne cherchait pas à révéler la vérité, mais qu’elle était plutôt « menée dans le but spécifique et prédéterminé de le faire tomber ». Ghosn, a pour sa part,dénoncé à Beyrouth une « collusion » entre Nissan et le procureur japonais. « La collusion entre Nissan et les procureurs est à tous les niveaux », a-t-il lancé. « Quand j’ai demandé à mes avocats (…) ils ont dit qu’ils craignaient que cinq ans s’écoulent peut-être au Japon avant que je n’obtienne un verdict », a-t-il ajouté. « Il n’y avait aucune chance que je sois traité équitablement. Imaginez que vous vous retrouvez dans une situation comme la mienne, où (…) vous avez 99,4 % de chances d’être inculpé », a expliqué Ghosn. Nissan, qui à ce jourrefuse de commenter les allégations de son ancien patron, a confirmé qu’elle poursuivrait « une action en justice appropriée » contre Ghosn.

Rappelons que Ghosn a réussi à s’échapper du Japon malgré les conditions strictes de sa mise en liberté sous caution, notamment l’obligation de rester dans le pays. La ministre japonaise de la Justice, Masako Mori, a confirmé le dimanche 5 janvierqu’il avait quitté le pays « clandestinement par des méthodes illégales », rapporte Reuters. Elle a ordonné au ministère de l’Immigration de son pays de « renforcer davantage » les règles de sortie du territoire « afin que cette situation ne se reproduise pas ».

De son côté, le Liban a annoncé la semaine dernière que Ghosnétait entré légalement dans le pays, rapporte L’Orient Le Jour. Le géant déchu de l’industrie automobileest citoyen de France, du Brésil et du Liban, précise la même source. Trois de ses passeports avaient été confisqués et détenus par son équipe de défense japonaise pour l’empêcher de fuir le pays. Mais Junichiro Hironaka, son avocat, a révélé le samedi dernier que son client avait un deuxième passeport français. Il a déclaré que le passeport en question était caché dans une boîte verrouillée, que seuls ses avocats y avaient accès.

Par ailleurs, interrogé sur la demande d’arrestation remise à son encontre au Liban par Interpol, Ghosn a répondu qu’on « peut combattre une notice rouge » d’Interpol. « Je ne me considère pas comme un prisonnier au Liban, je suis ravi d’être ici », a-t-il déclaré, expliquant être « prêt à rester sur le long terme au Liban », rapporte Le Parisien.

Enfin, frustrés par la fuite spectaculaire de Ghosn,les procureurs japonais ont émis le mardi 7 janvier un mandat d’arrêt contre sa femme, Carole Ghosn. Ces derniers l’accusent d’avoir présenté un faux témoignage lors d’une audience devant le tribunal remontantà avril 2019. Elle a assisté au côté de son mari à la conférence de presse de ce mercredi.Ghosn a fortement nié que les membres de sa famille auraient contribué à sa fuite et a conclu la conférence en disant : « Je n’avais pas d’autre choix que la fuite pour me protéger et protéger ma famille.Cette fuiteétait la décision la plus difficile de ma vie », rapporte Le Figaro.

Dernier articles
Les articles les plus lu

La CPI et immunités d’État : le cas Netanyahu et les ambiguïtés du droit international. Interview

Monde - La France, le 27 novembre, qui a souligné pour la première fois l’immunité de Benjamin Netanyahu, en raison du statut d’Israël, non partie au Statut de Rome

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

Le Mexique met en garde contre les tarifs douaniers américains

Monde - Selon Ebrard, ces tarifs douaniers risquent de coûter 400.000 emplois aux États-Unis et de freiner la croissance économique

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

Incendies : 1,5 million de décès annuels liés à la pollution de l’air

Monde - La pollution de l'air générée par les incendies est responsable de 1,5 million de décès par an dans le monde

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

CPI : la France évoque l’«immunité» de Netanyahu malgré le mandat d’arrêt

Monde - Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, bénéficie d’une « immunité » qui devra être prise en compte.

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Cessez-le-feu en vigueur au Liban : le Hamas se déclare «prêt» à une trêve avec Israël à Gaza

Monde - Le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban est entré en vigueur à 3 heures du matin, pour une durée indéterminée.

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Israël annonce un cessez-le-feu au Liban

Monde - Netanyahu a annoncé mardi un projet d’accord de cessez-le-feu au Liban visant à mettre fin aux combats entre Israël et le Hezbollah.

Rédaction LeBrief - 26 novembre 2024

Le G7 s’engage à respecter les obligations liées au mandat de la CPI contre Netanyahu

Monde - Les membres du G7 s'engagent à respecter leurs obligations concernant le mandat d'arrêt délivré contre Netanyahu

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Le doyen de l’humanité est décédé à l’âge de 112 ans

Monde - John Tinniswood, reconnu comme l'homme le plus âgé de la planète, est décédé à 112 ans dans le nord de l'Angleterre.

Mbaye Gueye - 26 novembre 2024
Voir plus

Affaire Hassan Iquioussen : la CEDH s’oppose à la suspension de son expulsion

Monde - La Cour européenne des droits de l'homme a rejeté une demande de suspension de l'expulsion du prédicateur Hassan Iquioussen vers le Maroc.

Hajar Toufik - 4 août 2022

Chaleur extrême au Brésil : jusqu’à 62,3°C ressentis, la population suffoque

Monde - Une vague de chaleur sans précédent s'abat sur l'Amérique latine depuis le début de l'année. Lundi à 09 heures 55 locales, la température ressentie a .

Rédaction LeBrief - 19 mars 2024

Comment la célébration façon Mbappé est-elle née ?

Monde, Sport - Bras croisés contre son torse et les deux pouces levés, une célébration que Kylian Mbappé doit à son petit frère Ethan.

Atika Ratim - 22 novembre 2022

Chine : au moins 31 morts après une explosion dans un restaurant

Monde - Au moins 31 personnes ont été tuées dans une explosion mercredi soir dans un restaurant dans le nord-ouest de la Chine

Nora Jaafar - 22 juin 2023

Syrie : les statues des Assad renversées dans un élan populaire historique

Monde - Des statues de de la famille Al-Assad sont déboulonnées et piétinées après l’annonce par une coalition de groupes rebelles de la fuite de Bachar al-Assad.

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire