Le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez © DR
Ce mardi 7 janvier, et sauf coup de théâtre, le leader socialiste Pedro Sánchez devrait être reconduit pour la deuxième fois au poste de Premier ministre en Espagne. Ce dernier, qui est resté Premier ministre intérimaire depuis les élections peu concluantes de l’année dernière, cherche à former un gouvernement de coalition minoritaire avec le parti d’extrême gauche Podemos. Bien qu’il ait perdu le premier vote de confiance du dimanche 5 janvier, Sánchez détient aujourd’hui « assez de soutiens parmi les 350 députés pour remporter d’une très courte tête un deuxième scrutin où une majorité relative — soit plus de “oui” que de “non” — sera cette fois suffisante », rapporte Courrier International. Selon Le Monde, Sánchez « dépend de l’abstention des treize députés de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), avec qui il a négocié l’ouverture d’un “ dialogue ” entre Madrid et l’exécutif régional, contrôlé par les séparatistes, pour résoudre le conflit catalan ».
France 24 FRrappelle que l’Espagne, quatrième économie de la zone euro, fait face à une impasse politique depuis près de huit mois. Lepays a souffert d’un vide politique pendant l’année 2019 après l’échec des deux électionsd’avril et de novembre derniers. La même source indique que les socialistes ont remporté le scrutin du 10 novembre, mais n’ont assuré que 120 sièges — trois de moins qu’en avril — lors d’une élection qui a vu le parti d’extrême droite Vox se hisser à la troisième place. La Nouvelle Tribune explique que Sánchez s’est empressé par la suite de conclure un accord avec Podemos pour former ce qui serait le premier gouvernement de coalition post-dictature en Espagne. Une démarche inédite d’autant plus que le leader socialiste avait précédemment affirmé « qu’une coalition avec le parti d’extrême gauche l’empêcherait de dormir ».
Une coalition progressiste
Les deux parties s’engagent à virer vers la gauche, notamment par le biais d’unehausse de la fiscalité pour les plus riches et les grandes entreprises, une abrogation partielle de la réforme controversée du marché du travail adoptée en 2012 par les conservateurs, un encadrement des loyers…., etc, souligne France 24 EN.
Sánchez a précisé en outre que la situation politique en Catalogne reste quant à elle en évolution. Notons que cette riche région du nord-est de l’Espagne, qui a tenté de faire sécession en 2017, a été secouée en octobre par des manifestations parfois violentes après la condamnation à la prison de neuf dirigeants séparatistes, dont le chef d’ERC Oriol Junqueras, explique Les Échos. Ainsi, la nouvelle coalition de Sánchez a promis de lancer des négociations et à soumettre à l’approbation des Catalans le résultat obtenu. Toutefois, ajoute la même source,les libéraux ont dénoncé que cette démarche est « une humiliation nationale »,tandis que les conservateurs ont accusé Sánchez d’être « un mensonge ambulant » et de préparer une « opération de démolition constitutionnelle ». En réponse à ses détracteurs, le leader socialiste a affirmé que sa « coalition progressiste était le meilleur antidote contre la coalition de l’apocalypse » que représentent, selon lui, les partis dedroite, notamment le Parti populaire (PP), le Ciudadanos et Vox.
Le gouvernement Frankenstein
Le leader du PP, Pablo Casado, a accusé Sánchez de former un « gouvernement Frankenstein » composé de « communistes » et de « séparatistes » qui « veulent détruire l’Espagne ».Il a averti que le gouvernement proposé par le leader socialiste serait incapable de gouverner et ne finirait pas les quatre ans de son mandat, rapporte Le Monde. Rappelons queSánchez est arrivé au pouvoir en juin 2018 à la tête d’un gouvernement minoritaire, après avoir évincé son prédécesseur du PP, Mariano Rajoy, par un vote de défiance. Il a cependant été contraint de jeter l’éponge après moins d’un an au pouvoir lorsque les séparatistes catalans, dont l’ERC, ont refusé de soutenir son projet de budget, précise Reuters.
Par ailleurs, le Maroc suit de très près l’évolution de la politique espagnole. En effet, les deux pays sont en proie à un conflit majeur à propos de la délimitation des frontières maritimes du royaume. L’adoption de deux projets de loi sur les eaux territoriales du Marocen commission parlementairea provoqué l’ire de l’Espagne. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait affirmé fin décembre 2019 quele royaumeest « dans son droit souverain, mais ne cherche pas à aller au-delà de ses droits. Les autres pays ont délimité leur espace maritime sans demander d’autorisation. Le Maroc à son tour délimite, mais ne cherche pas à imposer le fait accompli, il est ouvert au dialogue, notamment avec l’Espagne ». Par le biais de cette démarche, le Maroc cherche à fermer la porte à toute éventuelle mise en cause de sa souveraineté sur la totalité de son espace maritime. De nombreuses réunions devraient être organisées dans les semaines à venir afin de trouver un accord commun qui satisferait toutes les parties prenantes.
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