Accueil / Économie

Pourquoi l’investissement ne redémarre pas ?

Temps de lecture

Image d'illustration. DR.

L’investissement est capital pour relancer la croissance et créer des emplois. L’Etat investit massivement dans les infrastructures, mais l’investissement productif, créateur de richesse et d’emplois et qui est du ressort des entreprises, est quasiment à l’arrêt depuis quelques années. Les raisons sont nombreuses. Explications.

En moyenne, l’économie croît de 3% par an depuis dix ans au Maroc, ce qui reste faible pour un pays en développement. L’atonie de l’activité réduit les débouchés pour les entreprises. Les chefs d’entreprises ont du mal à se projeter loin et donc à investir. Cette difficulté est accentuée par un climat des affaires peu propice. Les délais de paiement, la bureaucratie, la justice commerciale…sont régulièrement dénoncés par les chefs d’entreprises comme des facteurs de blocage de l’investissement.

Retards de paiement: une plaie pour l’économie

Négocier un délai de paiement est normal et fait partie de la relation commerciale. La loi prévoit 60 jours et jusqu’à 90 jours contractuellement. Dans la pratique, la situation est bien différente. Les PME se font payer en moyenne à plus de 120 jours et les TPE à plus de 150 jours. La moyenne explose dans certains secteurs comme le BTP ou elle s’établit à 200 jours. C’est une boucle. Les entreprises qui sont payées en retard le répercute sur leurs fournisseurs, ce qui crée un cercle non vertueux. Les petites et moyennes entreprises souffrent le plus de cette situation. Elles sont contraintes d’accorder des délais de paiement très longs à leurs clients, souvent de grandes entreprises, pour maintenir la relation. Pour les mêmes raisons, elles n’osent pas appliquer les pénalités de retard. Malgré elles, elles sont les banquières de leurs clients. Déjà qu’elles sont faiblement capitalisées, une tension sur la trésorerie est souvent fatale pour les PME. Les difficultés de trésorerie expliquent pour une bonne partie les défaillances d’entreprises chaque année.

Comment revenir à de bonnes pratiques en matière de paiement

Beaucoup d’entreprises dépendent des marchés publics. Même l’Etat et ses démembrements sont interpellés sur leurs délais de paiement. L’apurement d’une bonne partie du butoir de la TVA est déjà un pas en avant. 30 milliards de DH ont été restitués aux entreprises en 2018. Le gouvernement promet de liquider le stock avant la fin de l’année et de mettre en place les mesures pour éviter sa reconstitution. La fragilité financière de nombreuses entreprises publiques se traduit aussi par de mauvais comportements de paiement. Là aussi, l’État s’engage à traiter les fragilités et améliorer les délais de paiement. Sur les paiements dans le secteur privé, là où se situe le gros des impayés, il faudra de l’ingéniosité pour mieux protéger les PME. Le président du Conseil Économique Social et Environnemental propose par exemple de sortir les factures non recouvrées de la base imposable du fournisseur et de ne plus accepter l’imputation dans les charges d’exploitation, les montants des factures non réglées chez le client (mauvais payeur). L’État peut aussi décider d’appliquer le « name and shame », c’est-à-dire montrer du doigt les entreprises qui ne paient pas à temps leurs fournisseurs. Pour les grands groupes, l’impact sur leur image peut être bien plus lourd que des sanctions financières.

Le Maroc dispose de plusieurs facteurs de croissance importants, notamment au niveau des PME, mais qui sont aujourd’hui étouffés par des pratiques de paiements peu éthiques. Si le pays veut profiter pleinement du dynamisme de sa population et de ses entrepreneurs, il devra faire un effort collectif au niveau des grandes entreprises, qui devront jouer le jeu du développement de leurs fournisseurs/partenaires. Dans cette situation, l’état aurait un rôle prépondérant pour prendre les choses en main et montrer le bon exemple.

Dernier articles
Les articles les plus lu

CMGP Group : une entrée en Bourse qui restera dans les mémoires

Économie - Ce jour restera dans les mémoires. Celui où CMGP Group et a raflé le gros lot avec 33.771 souscripteurs.

Sabrina El Faiz - 16 décembre 2024

Viande rouge : le Maroc s’approvisionne en Espagne

Économie - La flambée des prix de la viande rouge au Maroc pousse les acteurs économiques et les autorités à s'approvisionner en Espagne pour endiguer cette crise persistante.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

OCP Africa et le Niger : un accord pour transformer l’agriculture

Afrique, Économie, Économie - OCP Africa, filiale du Groupe OCP, a signé un accord stratégique avec le ministère nigérien de l’Agriculture et de l’Élevage.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Cour des comptes : radiographie des finances publiques

Économie - En matière de vérification et de jugement des comptes, 3.951 arrêts et jugements ont été rendus.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024

Renforcement du partenariat économique entre le Maroc et la Zambie

Afrique, Diplomatie, Économie - Le Maroc et la Zambie ont décidé de consolider leur coopération économique à travers la première session de la Commission mixte de coopération (CMC), tenue à Laâyoune.

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Mobilité durable : le Maroc, leader africain au Green Impact Expo 2025

Économie - Le Maroc réaffirme son leadership en matière de lutte contre le changement climatique en organisant un événement d'envergure qui redéfinira les enjeux de la mobilité durable au niveau régional.

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Marsa Maroc et la BERD signent un accord de financement de 690 MDH

Économie -  La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a conclu avec Marsa Maroc un accord de financement de 690 MDH.

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Production industrielle, énergétique et minière, qu’en est-il ?

Économie - Penchons-nous sur la dernière note diffusée par le HCP, relative à l’indice de la production industrielle, énergétique et minière.

Sabrina El Faiz - 13 décembre 2024
Voir plus

AGR prévient un besoin brut de 68 MMDH pour le trésor

Économie - Attijari Global Research (AGR) estime que le besoin de financement brut du trésor marocain pour 2024 atteindra 68 MMDH.

Rédaction LeBrief - 2 août 2024

Le Maroc régule les cryptomonnaies et les risques climatiques

Économie - Le Maroc s’engage dans une démarche ambitieuse de régulation des cryptomonnaies, un secteur en pleine expansion.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

HCP : hausse modérée des prix à la production industrielle en octobre 2024

Économie - En octobre 2024, l’indice des prix à la production industrielle au Maroc a progressé de 0,2% par rapport à septembre

Mbaye Gueye - 29 novembre 2024

Crédit du Maroc affiche des résultats croissants

Économie - Sur le plan commercial, Crédit du Maroc enregistre une progression des crédits de 7,6%, atteignant 55.173 millions de dirhams.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Le Maroc et la Roumanie célèbrent leurs relations avec l’émission spéciale de deux timbres-poste communs

Économie - Barid Al-Maghrib a annoncé l'émission de deux timbres-poste conjoints avec la poste de Roumanie, Romafilatelia.

Mbaye Gueye - 21 mai 2024

Bank Al-Maghrib réduit son taux directeur à 2,75%

Économie - D'après Bank Al-Maghrib, le Conseil continuera de suivre de près l'évolution de la conjoncture économique et de l'inflation.

Hajar Toufik - 25 juin 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire