Entreprises (image d'illustration) © DR
Le Maroc a gagné 7 places dans le classement Doing Business 2020 pour se hisser au 52e rang. C’est l’une des bonnes nouvelles sur le climat des affaires de l’année. Il reste que ce type de classement ne relève pas forcément les réalités du terrain. Il suffit d’amender quelques lois pour améliorer son score sur certains indicateurs. Or, leur application sur le terrain n’est pas forcément aux meilleurs standards.
L’avis des entreprises
Confrontés quotidiennement aux aléas du climat des affaires, les chefs d’entreprises ont vidé leur sac dans une enquête du HCP. L’échantillon est composé de 2.101 entreprises dont 769 proviennent de l’industrie, 371 de la construction, 294 du commerce et 667 des services marchands non financiers. En dehors de la bureaucratie que dénoncent régulièrement les dirigeants, l’accès au financement reste un obstacle majeur. Cela l’est davantage pour les TPE et les PME, même si ces dernières années il y a une prise de conscience sur la nécessité de mieux accompagner ces structures.
Dans cette population d’entreprise, les difficultés d’accès au financement constituent un obstacle sévère pour 40% d’entre elles, selon les résultats de l’enquête. Par ailleurs, 58% des chefs d’entreprises disent être insatisfaits des services offerts par les institutions financières. Le taux d’insatisfaction s’élève à 63% chez les dirigeants des TPE. Dans le même temps, les banques ne peuvent pas à elles seules assurer le financement de l’économie.
La nécessité d’une transformation structurelle
Dans sa contribution au débat sur le nouveau modèle de développement, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a estimé que pour atteindre ses ambitions, le Maroc doit notamment opérer un choc entrepreneurial. « La réussite de la transformation structurelle passe par la régénération massive et volontariste du tissu des TPME ». Pour cela, il faudra agir sur tous les leviers, qu’il s’agisse de subventions, de prêts d’honneur, de garanties publics aux prêts bancaires, d’incubateurs ou de fonds d’investissement en capital public-privés.
Pour réussir le choc entrepreneurial, « il faudrait se donner les moyens d’atteindre rapidement près de 10 milliards de dirhams par an à engager par le budget et près de 40 milliards de dirhams sous forme de garanties publiques aux prêts bancaires », évalue le CESE. En outre, «cet accompagnement sera destiné à tous les secteurs pour qu’ils soient en mesure de saisir l’ensemble des opportunités de création de valeur, que celles-ci soient latentes ou à créer (à travers l’innovation). Il s’agira aussi d’accompagner toutes les étapes du cycle de vie de l’entreprise tant en période de création, de croissance (TPE à PME, PME à ETI), que de transmission ou de redressement ».
Pour les dirigeants, la fiscalité pèse aussi sur la compétitivité des entreprises. Le système fiscal est jugé contraignant par 60% des d’entreprises, un facteur de découragement de l’investissement par 95% d’entre elles, source de méfiance vis-à-vis de l’administration fiscale par 88% et favorisant le recours à des pratiques informelles par 69%.
Des avancements en 2019
En 2019, certaines avancées ont été enregistrées sur le volet des délais de paiement. Les pratiques des entreprises et établissements publics sont affichées publiquement depuis quelques mois. La publication passera à une fréquence mensuelle à partir de mars 2020. Les entreprises susceptibles d’entrer en relation d’affaires avec ces structures sauront d’avance à quoi s’attendre. Il faut espérer que cette initiative s’étende au secteur privé. Le déploiement du programme Dun Trade au Maroc par Inforisk pourrait contribuer à améliorer les expériences de paiement. Ce programme permettra de fournir des données précises sur les délais de paiement des entreprises grâce aux informations collectées auprès de leurs fournisseurs. En garantissant l’anonymat, Inforisk va permettre surtout de mettre la lumière sur les mauvais payeurs et contribuer à accélérer le changement de comportement.
En attendant des avancées sur ces différents sujets, il faudra apaiser le climat au sein de la CGEM. L’organisation patronale a traversé une année tumultueuse marquée par des dissensions au sein de la gouvernance de la confédération et plusieurs démissions, dont celui du président Salaheddine Mezouar. De nouvelles élections sont prévues pour janvier 2020. Un seul binôme est en lice pour la présidence.
Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit
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