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Affaire Omar Radi : Une mobilisation à grande échelle

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L’arrestation et la détention du journaliste et défenseur des droits de l’homme Omar Radi est rapidement devenu un événement politique galvanisant. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer sa détention. Le jeune homme de 33 ans, en état d’arrestation depuis le 26 décembre, sera jugé le 2 janvier pour un tweet publié en avril 2019. Il y dénonçait le verdict du juge Lahcen Talfi, qui a condamné des membres du mouvement Hirak à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.

Le journaliste Omar Radi entame, ce lundi 30 décembre, son 6e jour derrière les barreaux. Ila été convoqué pour la première fois par la Brigade Nationale de la Police Judiciaire (BNPJ), le jeudi 26 décembre. Il a ensuite été placé, par le tribunal de première instance de Casablanca, en détention préventiveen attendant son procès, prévu le 2 janvier 2020.

Une mobilisation importante

Alors que les autorités affirment que Radi est légitimement poursuivi pour « Outrage à magistrat », la nouvelle de sa détention a entrainé un tollé d’indignation publique et la colère de journalistes marocains et étrangers. Deux membres de la Commission spéciale du nouveau modèle de développement ont également condamné l’arrestation du journaliste. Rachid Benzine, un politologue franco-marocain et membre de cette instance, a tweeté que la détention de Radi est un « coup fatal » pour la démocratie du Maroc. Il a soutenu que le développement exige une consolidation démocratique, qui, à son tour, exige la liberté d’expression et l’ouverture à la critique, aux désaccords publics et au débat.

Driss Ksikes, journaliste et chercheur chevronné faisant également partie de la Commission spéciale du nouveau modèle de développement, a fait écho à l’argument de Benzine selon lequel les critiques et les désaccords sont des ingrédients importants pour la liberté d’expression, pour un espace public libre et pour un développement socio-économique optimal. Il a présenté Radi comme un journaliste non seulement critique et un activiste engagé, mais aussi comme l’incarnation du genre de démonstration d’audace publique dont le royaume a besoin pour se développer et évoluer.

Selon TelQuel, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a pour sa part fustigé une campagne féroce de l’État contre la liberté d’opinion et d’expression. La même source rapporte que le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) considère quant à lui que, « quel que soit le contenu du post, le procès du confrère Omar Radi sur la base d’articles du droit pénal, au lieu de la loi sur la presse, est inacceptable ».

Par ailleurs, du côté international, plusieurs médias, dont le New York Times, France 24, CNN, The Daily News, Le Parisien … etc, ont rapporté la position de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) qui condamne violemment l’arrestation du journaliste. « Critiquer les fonctionnaires est un discours protégé et personne ne devrait être condamné à une peine de prison pour l’avoir fait pacifiquement. Les autorités marocaines devraient immédiatement libérer Omar Radi et abandonner les poursuites engagées contre lui, ce qui pue la vengeance politique contre son journalisme critique et son militantisme »,a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de HRW. Et d’ajouter : « Sa détention et son procès injustifiés surviennent dans une atmosphère de plus en plus suffocante pour les journalistes, dissidents et artistes marocains qui s’expriment sur les réseaux sociaux ».

La défense de Omar Radi

Me Omar Bendjelloun, l’un des avocats du journaliste, a écrit sur sa page Facebook : « Nous nous sommes (Omar Radi et son équipe de défense) entretenus sur la stratégie de défense et la préparation de la prochaine audience prévue le 2 janvier 2020, qui sera marquée par le traitement des vices de formes et nullités qui aboutiront sur notre requête d’annulation des poursuites ». Contacté par nos confrères de Médias24, l’avocat a précisé que « l’action publique a été déclenchée suite à l’autosaisine du parquet. Personne n’a déposé plainte ». La même source indique quele juge impliqué dans cette affaire n’a pas porté plainte et n’a pas demandé réparation.Me Bendjelloun explique que« l’outrage à magistrat »fait partiedes « crimes et délits commis par les particulierscontre l’ordre public ».Toutefois, poursuit le pénaliste, « Omar Radi a été entendu en avril suite aux instructions du parquet. La décision de le confronter au procureur, de le poursuivre et de le faire comparaître devant le tribunal s’est faite le 26 décembre. Un délai de décision inhabituel ». Conformément à l’article 263 du Code pénal, Radi risque jusqu’à un an de prison. La défense du journaliste déplore une « application et une interprétation restrictive et sévère des législations en place, qui interpelle sérieusement la politique pénale ».

Radi, dont la demande de liberté provisoire a été rejetée, est poursuivi pour « Outrage à magistrat ». En avril 2019, il avait dénoncé sur son compte Twitter le verdict du juge Lahcen Talfi,qui a condamné des membres du mouvement Hirak, dont leur leader Nasser Zafzafi, à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. « Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier en prétendant “avoir exécuté des ordres”. Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité », avait déploré le journaliste plus tôt cette année.

Cette affaire risque encore de faire couler beaucoup d’encre. Les manifestations, les sit-in et les condamnations sur les réseaux sociaux se multiplient pour soutenir le journaliste en détention ainsi que pour dénoncer son arrestation et réclamer sa libération. De leurs côtés, les activistes, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme, tous attendent avec impatience ce qui va se passer ce jeudi, après la première audience de Omar Radi.

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