Le journaliste Omar Radi entame, ce lundi 30 décembre, son 6e jour derrière les barreaux. Ila été convoqué pour la première fois par la Brigade Nationale de la Police Judiciaire (BNPJ), le jeudi 26 décembre. Il a ensuite été placé, par le tribunal de première instance de Casablanca, en détention préventiveen attendant son procès, prévu le 2 janvier 2020.
Une mobilisation importante
Alors que les autorités affirment que Radi est légitimement poursuivi pour « Outrage à magistrat », la nouvelle de sa détention a entrainé un tollé d’indignation publique et la colère de journalistes marocains et étrangers. Deux membres de la Commission spéciale du nouveau modèle de développement ont également condamné l’arrestation du journaliste. Rachid Benzine, un politologue franco-marocain et membre de cette instance, a tweeté que la détention de Radi est un « coup fatal » pour la démocratie du Maroc. Il a soutenu que le développement exige une consolidation démocratique, qui, à son tour, exige la liberté d’expression et l’ouverture à la critique, aux désaccords publics et au débat.
La mise en détention d’@OmarRADI nous interpelle et nous rappelle qu’aucun modèle de développement ne saurait être défendable ni viable sans la garantie de la liberté d’expression et d’information. Le développement implique la critique et le débat d’idées, ou il n’est pas. pic.twitter.com/hO9FCbZ2Ax
— Rachid Benzine (@BenzineRachid) December 27, 2019
Driss Ksikes, journaliste et chercheur chevronné faisant également partie de la Commission spéciale du nouveau modèle de développement, a fait écho à l’argument de Benzine selon lequel les critiques et les désaccords sont des ingrédients importants pour la liberté d’expression, pour un espace public libre et pour un développement socio-économique optimal. Il a présenté Radi comme un journaliste non seulement critique et un activiste engagé, mais aussi comme l’incarnation du genre de démonstration d’audace publique dont le royaume a besoin pour se développer et évoluer.
Omar Radi, journaliste talentueux et critique, a voulu prévenir contre le retour à une logique de répression arbitraire d’activistes par la justice. L’expression de sa colère par un tweet lui vaut aujourd’hui une poursuite intempestive par le parquet et un emprisonnement malvenu.
— Driss Ksikes (@ksikes4) December 26, 2019
Selon TelQuel, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a pour sa part fustigé une campagne féroce de l’État contre la liberté d’opinion et d’expression. La même source rapporte que le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) considère quant à lui que, « quel que soit le contenu du post, le procès du confrère Omar Radi sur la base d’articles du droit pénal, au lieu de la loi sur la presse, est inacceptable ».
Par ailleurs, du côté international, plusieurs médias, dont le New York Times, France 24, CNN, The Daily News, Le Parisien … etc, ont rapporté la position de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) qui condamne violemment l’arrestation du journaliste. « Critiquer les fonctionnaires est un discours protégé et personne ne devrait être condamné à une peine de prison pour l’avoir fait pacifiquement. Les autorités marocaines devraient immédiatement libérer Omar Radi et abandonner les poursuites engagées contre lui, ce qui pue la vengeance politique contre son journalisme critique et son militantisme »,a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de HRW. Et d’ajouter : « Sa détention et son procès injustifiés surviennent dans une atmosphère de plus en plus suffocante pour les journalistes, dissidents et artistes marocains qui s’expriment sur les réseaux sociaux ».
Jailed for a tweet! #Morocco should immediately free Omar Radi and drop its case against him, which reeks of political vengeance against his critical journalism and activism. @hrw report here. https://t.co/EukLjrqMd6
— Sarah Leah Whitson (@sarahleah1) December 28, 2019
La défense de Omar Radi
Me Omar Bendjelloun, l’un des avocats du journaliste, a écrit sur sa page Facebook : « Nous nous sommes (Omar Radi et son équipe de défense) entretenus sur la stratégie de défense et la préparation de la prochaine audience prévue le 2 janvier 2020, qui sera marquée par le traitement des vices de formes et nullités qui aboutiront sur notre requête d’annulation des poursuites ». Contacté par nos confrères de Médias24, l’avocat a précisé que « l’action publique a été déclenchée suite à l’autosaisine du parquet. Personne n’a déposé plainte ». La même source indique quele juge impliqué dans cette affaire n’a pas porté plainte et n’a pas demandé réparation.Me Bendjelloun explique que« l’outrage à magistrat »fait partiedes « crimes et délits commis par les particulierscontre l’ordre public ».Toutefois, poursuit le pénaliste, « Omar Radi a été entendu en avril suite aux instructions du parquet. La décision de le confronter au procureur, de le poursuivre et de le faire comparaître devant le tribunal s’est faite le 26 décembre. Un délai de décision inhabituel ». Conformément à l’article 263 du Code pénal, Radi risque jusqu’à un an de prison. La défense du journaliste déplore une « application et une interprétation restrictive et sévère des législations en place, qui interpelle sérieusement la politique pénale ».
Radi, dont la demande de liberté provisoire a été rejetée, est poursuivi pour « Outrage à magistrat ». En avril 2019, il avait dénoncé sur son compte Twitter le verdict du juge Lahcen Talfi,qui a condamné des membres du mouvement Hirak, dont leur leader Nasser Zafzafi, à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. « Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier en prétendant “avoir exécuté des ordres”. Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité », avait déploré le journaliste plus tôt cette année.
Cette affaire risque encore de faire couler beaucoup d’encre. Les manifestations, les sit-in et les condamnations sur les réseaux sociaux se multiplient pour soutenir le journaliste en détention ainsi que pour dénoncer son arrestation et réclamer sa libération. De leurs côtés, les activistes, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme, tous attendent avec impatience ce qui va se passer ce jeudi, après la première audience de Omar Radi.
Alerte Météo : vents violents au nord du Maroc
Société - La DGM a émis un bulletin d’alerte de niveau orange concernant des rafales de vent localement fortes prévues lundi dans certaines provinces du nord du Maroc.
Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024Saigner pour guérir
Dossier - Rien qu’un rasoir, une pipette et un seau ne peuvent guérir. Car la saignée est réputée pour être «miraculeuse».
Atika Ratim - 14 décembre 2024Deux soldats des FAR périssent dans l’explosion d’une mine
Société - Une mine antichar a explosé, causant la mort de deux soldats des Forces armées royales (FAR) et blessant grièvement un troisième.
Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024Caravane médicale : coopération sud-sud renforcée entre le Maroc et le Sénégal
Afrique, Société, Société - La deuxième édition de la caravane médicale humanitaire multidisciplinaire a été lancée jeudi à Diass, à 40 km de Dakar.
Farah Nadifi - 13 décembre 2024Protection sociale : 15 millions de Marocains couverts
Société - Mustapha Baitas a annoncé que 3.769.000 travailleurs indépendants sont désormais inscrits au régime de couverture médicale.
Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024LF 2025 : exonération totale des pensions pour 164.000 retraités
Société - Le gouvernement franchit une étape importante avec l’exonération des pensions et des rentes viagères des retraités prévue par la loi de finances 2025.
Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024Le Maroc, modèle régional des droits de l’Homme
Société - Lors de la Journée internationale des droits de l’Homme, Abdellatif Ouahbi, a souligné l’engagement du Maroc dans la promotion des droits fondamentaux.
Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024Salé : une tentative de trafic de près de 5.000 comprimés psychotropes avortée
Société - La DGST a réussi à déjouer une importante tentative de trafic de substances psychotropes, mercredi après-midi.
Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024Enseignement : des réformes urgentes face à un système en crise
Société - Le dernier rapport de la Cour des comptes dresse un état des lieux préoccupant du secteur de l’enseignement au Maroc.
Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024Un séisme tue 25 personnes au Cachemire pakistanais
Khansaa Bahra - 25 septembre 2019Brésil : des violents incendies ravagent l’Amazonie
Khansaa Bahra - 22 août 2019Call of Duty Modern Warfare : la bande-annonce
Khansaa Bahra - 10 septembre 2019Santé mentale au Maroc : briser les tabous, réformer le système
Société - Au Maroc, la santé mentale demeure un domaine préoccupant, longtemps négligé dans les politiques publiques.
Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024Urgence écologique : sauvetage de la forêt de Bouskoura
Société - L’ANEF a lancé un programme d’urgence pour 2025-2026 visant à préserver la forêt urbaine de Bouskoura, un espace vital pour la métropole de Casablanca.
Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024Lutte contre la cyberviolence : le Maroc en première ligne
Société - La cyberviolence, dissimulée et dévastatrice, est devenue un enjeu majeur pour les autorités marocaines.
Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024