Dans le projet de Loi de Finances 2020, le gouvernement mise sur une croissance de 3,7 %. Loin, très loin des 5 % enregistrés entre l’année 2000 et 2010. L’Économiste s’est intéressé dans son édition du lundi 23 décembre 2019 au récent rapport de l’Agence Française de Développement (AFD). Dans ce rapport, l’AFD explique qu’«une trajectoire d’émergence économique suppose une croissance économique forte et continue durant plusieurs décennies successives». Le rapport cite comme exemple, les pays asiatiques, qui grâce à 30 ans de croissance à plus de 5 % par an, ont pu améliorer le niveau de vie de leur population.
Le Maroc quant à lui se heurteà un mur.Le royaume n’arrive pas à atteindre la barre des 6 % (taux spécifique et idéal des pays émergents). Hormis la décennie 2000-2010, où le royaume n’y était pas loin, le taux de croissance est actuellement en constante détérioration. Pourtant, le pays regorge d’atouts et de conditions propices pour développer rapidement son économie. Parmi ces attributs, la stabilité politique et l’amélioration de sonclimat des affaires.
Le modèle de développement remis en cause
L’Économiste se demande si l’accélération de la croissance constatée au milieu des années 2000 n’est pas due à «un boom impressionnant de crédits » (taux de glissement annuel de 24 % de 2007 à 2009). Les économistes nationaux évoqués par le rapport de l’AFD soulignent qu’«il est difficile d’augmenter le taux d’investissement public ou de maintenir un rythme de progression du crédit aussi élevé que dans la seconde moitié des années 2000. C’est donc le modèle de développement qui devrait être remis en cause». En effet, la commission chargée du nouveau modèle de développement a entamé ses fonctions il y a plus d’une semaine et présentera son rapport au roi Mohammed VI au mois de juin prochain.
L’AFD note que leMaroca enregistré pendant la période entre 1960 et 2002 un taux de croissance annuel moyen de 4,2 %, alors que sa population a augmenté de 2,2 %. «Une performance qui reste insuffisante, comparée aux potentialités du pays et à celles d’autres pays comparables comme la Malaisie, la Corée du Sud, la Tunisie ou encore le Botswana», souligne le rapport.
L’étude révèle également que la crise économique est aussi un élément non négligeable qui expliquerait cette situation. «La crise économique ayant impacté les pays d’accueil des MRE a entraîné une baisse des transferts et des investissements directs à l’étranger», déplore le rapport. Toutefois, l’AFDcite une série de points importants qu’il faudra prendre en considération afin de basculer une nouvelle fois vers des taux plus élevés. Parmi ces points, on retrouve la qualité du capital humain, la poursuite des réformes de gouvernance et l’amélioration du climat des affaires. L’assouplissement du marché de travail, le ciblage des politiques d’investissementet la transformation structurelle de l’économie sont également soulignés.
L’Agence Française de Développement indique enfin que tout n’est pas catastrophique et que quelques éléments sont porteurs d’espoirs. Elle évoque, entre autres, le bond du Maroc au classement Doing Business(60e en 2019, contre 130e en 2009), l’assouplissement des conditions de financement et la réduction de la dépendancevis-à-vis de l’Union européenne.
Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit
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