Accueil / Société

Une première au Maroc : un tribunal reconnait le « viol conjugal »

Temps de lecture

Une première au royaume : le viol conjugal reconnu par un tribunal marocain. Ce verdict prononcé par la Chambre criminelle de la ville de Tanger a été publié par Legal agenda, une revu juridique arabophone. Cette affaire, qui remonte à mars dernier, avait suscité la polémique quand le tribunal de première instance a condamné le mari impliqué dans cette affaire à deux ans de prison ferme pour « violences conjugales ». Toutefois, bien que « le viol conjugal » ait bien été reconnu dans cette affaire, la sentence de l’accusé a, quant à elle, été réduite à un simple sursis. Une victoire que la presse marocaine a accueilli en demi-teinte.

Une première dans l’histoire judiciaire du Maroc. Selon Legal Agenda, une revue juridique arabophone où publient régulièrement des praticiens marocains, la Chambre criminelle de la ville de Tanger a condamné un homme à une peine de deux ans de prison avec sursis pour « viol conjugal ». Cette affaire remonte à mars 2019. Suite à la déposition d’une plaignante qui accusait son mari de « viol conjugal », le tribunal de première instance avait requalifié ce crime de « coups et blessures », affirmant qu’il n’y avait pas lieu de « parler de viol en présence d’un acte de mariage », rapporte Médias24. « Étant donné les aveux de l’accusé », les « déclarations de la plaignante » ainsi que l’attestation médicale et le constat de la police judiciaire, « la Cour est convaincue que le crime de viol avec défloration est établi » contre l’accusé « conformément aux articles 486 et 488 du Code pénal », souligne la même source.

Selon les juges de laCour, le viol dans le Code pénal marocain renvoie à « l’acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci ». Et d’expliquer, que de par cet arrêtée, « le législateur désigne toutes les femmes, et n’exclut pas la femme mariée, ce qui sous-tend que cette dernière est également concernée par l’application », souligne Femmes du Maroc. Ainsi, la décision de la Chambre criminelle de Tanger qualifie « d’incorrect » le jugement du tribunal depremière instance en affirmant que « le lien conjugal doit assurer la protection de l’épouse et ne doit pas être utilisé comme prétexte pour consommer un rapport sexuel d’une manière à laquelle elle n’a pas consenti ».

Cependant, Médias24 déplore une victoire à demi-teinte. En effet, malgré la reconnaissance du « viol conjugal », la cour d’appel a réduit les deux ans de prison fermes auxquels avait été condamné l’époux à un simple sursis. Le média ajoute également que conformément à l’article 486 du Code pénal, la peine minimum dans ce genre de crime estde 5 ans derrière les barreaux. Pour ce verdict, la Cour en question se serait basée sur des « circonstances atténuantes » en faveur de l’accusé, notamment « l’absence d’antécédents judiciaires », le « retrait de la plainte par l’épouse » et le maintien de la relation conjugale.

Pour rappel, lors de la dernière conférence d’ONU Femmes à Rabat, organisée par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), l’instance internationale avait dénoncé que 3,7 millions de Marocaines avaient subi des violences conjugales. Elle avait également précisé que les violences physiques à l’encontre des citoyennes du royaume en dehors du foyer conjugal avaient atteint un taux de 15 %, soit 1,4 million de victimes. Et,selon les dernières statistiques,le taux des violences sexuelles dans le paysest de 8,7 %, soit 827 000 victimes.

Dernier articles
Les articles les plus lu

2ème job, ces Marocains qui ne joignent plus les deux bouts

Dossier - Madame et Monsieur ont un job et une double vie, professionnelle, restons polis ! Immersion dans ce marché hors norme, devenu pour beaucoup une nécessité.

Sabrina El Faiz - 5 octobre 2024

Le douar : entre héritage socioculturel et défis institutionnels

Société - Le douar, unité de base des zones rurales et périurbaines, constitue un gardien du patrimoine socioculturel et naturel.

Rédaction LeBrief - 4 octobre 2024

Le bonheur au travail, réellement important au Maroc ?

Société - Le bonheur au travail permet une meilleure gestion du stress du travail, favoriser la productivité.

Yassine Chraibi - 4 octobre 2024

AKDITAL : 500 enfants de Tafraout pris en charge

Société - La Fondation AKDITAL a organisé une caravane médicale humanitaire dans la région de Tafraout afin de venir en aide à 500 enfants.

Ilyasse Rhamir - 4 octobre 2024

Salon du cheval d’El Jadida : immersion dans l’univers de la Tbourida

Société - La Tbourida est un héritage culturel du Maroc, enraciné dans des siècles de traditions guerrières et de rites communautaires.

Mbaye Gueye - 4 octobre 2024

CMR : nouveau système pour la gestion des retraites

Société - La CMR négocie l’acquisition, l'installation et la mise en place d’un nouveau logiciel de gestion des retraites et des pensions.

Ilyasse Rhamir - 4 octobre 2024

Agadir : un refuge innovant pour les chiens errants

Société - La ville d’Agadir se démarque avec la création d’un refuge d’envergure pouvant accueillir jusqu'à 1000 chiens errants et 200 chats

Ilyasse Rhamir - 4 octobre 2024
Voir plus

Violente reprise des feux de forêts à Cabo Negro et M’diq

Société - Les flammes ont ravagé les forêts entourant la station balnéaire de Cabo Négro, située à quelques kilomètres de Tétouan.

Hajar Toufik - 16 août 2022

Administration publique : un système archaïque

Société - En une décennie, cinq ministres se sont succédés à la tête d’un département chargé de la modernisation de l’administration avant que la modernisation ne se transforme en réforme de l’administration.

Hafid El Jaï - 10 septembre 2022

Ramadan 2024 à la TV : il y en aura pour tous les goûts

Société - Deux semaines nous séparent du mois sacré de Ramadan, pendant lequel les familles se réunissent chaque soir

Hajar Toufik - 26 février 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire