Accueil / Monde

Liban : la nomination controversée du nouveau Premier ministre

Temps de lecture

Hassan Diab, ex-ministre de l’Éducation et ancien universitaire, est devenue le jeudi 19 décembre Premier ministre sunnite du Liban. Sa nomination intervient à un moment où le pays souffre d’une grave crise économique et fait face à des manifestations massives, qui réclament le départ de l’élite politique et qui ont renversé son prédécesseur, Saad Hariri. Diab, fortement soutenu par le mouvement chiite du Hezbollah, promet d’engager des mesures radicales pour pallier l’effondrement du pays.

Le Liban a un nouveau premier ministre sunnite. Ce jeudi 19 décembre et après deux longs mois de tergiversation, le président libanais, Michelle Aoun,a chargé Hassan Diab, un professeur peu connu et ancien ministre de l’éducation, de former la nouvelle coalition gouvernementale du pays. Suite à sa nomination, Diab a promis de s’atteler à désigner un nouveau gouvernement afin de «mettrefin à l’effondrement du pays et à rétablir la confiance » entre politiques et Libanais. Le nouveau premier ministre devra en effet faire face à une contestation populaire inédite et à la profonde crise financière qui saigne le pays depuis plusieurs années.

Depuis le 17 octobre 2019, les manifestants ont pris d’assaut les places des villes et bloqué les routes principales du pays, pour exprimer leurfrustrationsuite àdesannées de corruption et de mauvaise gouvernance. Ce mouvement de colère a exacerbé la crise financière qui dure depuis longtemps au Liban, l’un des pays les plus endettés du monde. Notons que le pays est dirigé par un gouvernement intérimaire depuis que le Premier ministre sortant, Saad Hariri,a démissionné le 29 octobre dernier. Selon le New York Times, il semble peu probable que la nomination deDiab,vice-président sexagénairede l’Université américaine de Beyrouth, puisse calmerles protestations. Le quotidien ajoutequ’il n’est même pas certain qu’il puisse prendre des mesures rapides pour amortir l’effondrement économique du pays.

L’ingérencedu Hezbollah

Après que d’autres candidats n’aient pas réussi à obtenir le soutien parlementaire nécessaire, le Président Michel Aoun a nomméHassan Diab Premier ministre. Ce derniera décroché ce poste après avoir convaincu69 membres du Parlement du pays, qui compte 128 sièges, de voter en sa faveur, explique Le Figaro. Le journal rappelle que dans le système politique sectaire du Liban, le Premier ministre doit impérativement être un musulman sunnite. Cependant, ajoute la même source, ce n’est pas la communauté sunnite qui a soutenu Diab, mais c’est plutôt le Hezbollah et ses alliés ainsi que les partis chrétiensqui ont appuyé sa candidature. Rappelons que le Hezbollah estun puissant mouvement chiite que les États-Unis et d’autres pays occidentaux considèrent comme une organisation terroriste, indique le New York Times.

Le quotidien américain précise quela dominance chiitepourrait entraver la capacité deDiab à former un cabinet représentatif. De plus l’ingérencedu mouvement de Hassan Nassrallah pourrait aussi compromettre les efforts de la nouvelle coalition visant à débloquer des aides financières et militaires internationales. Selon Le Monde, la communauté internationale a conditionné toute mesure de sauvetage financier à la formation d’un cabinet réformateur. Le quotidien déplore qu’un gouvernement dominé par le Hezbollahrisquerait de compliquer l’accès à cette aide.

Le scepticisme des Libanais

Certains analystes, interrogés par Reuters, ontexprimé leurs doutes quant à la capacité deDiab à résoudre les crises politiques, économiques etsociales qui sévissent dans le pays. « Le Libana besoin de quelqu’un d’intègre et de visionnaire, quelqu’un qui comprend que le pays a atteint un tournant décisif tant sur le plan politique que financier, quelqu’un qui peut gérer cette transition », a déclaré Sami Atallah, le directeur du Centre libanais d’études politiques. Et d’ajouter : « Le pays besoin d’une équipe compétente pour se pencher sérieusement sur toutes ces questions, et je n’ai pas l’impression que Diab est la bonne personne pour piloter ni pour former une coalition efficace et efficiente ».

De leur côté, les manifestants se sont rassemblés à la Place des Martyrs dans le centre-ville de Beyrouth pour s’opposer à la nomination de Diab. Le mouvement de protestation sans leader réclame la formation d’un cabinet de technocrates indépendants du sérail politique au pouvoir depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). Les militants exigent également le départ de la classe dirigeante,qu’ils accusentde corruption et d’incompétence. « Le Liban traverse une crise économique dure et difficile, et Diab n’a pas une baguette magique pour la résoudre », explique un activiste à Asharq Al Awsat. « Le nouveau premier ministre va former le même gouvernement basé sur le partage de pouvoir entre les sectes, et c’est contre cela que nous avons manifesté depuis plusieurs mois ».

Dernier articles
Les articles les plus lu

Cyclone Chido à Mayotte : la France en deuil national

Monde - La France observe un deuil national ce lundi en solidarité avec Mayotte, durement frappée par le cyclone tropical Chido.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Japon : Honda et Nissan en discussions pour une fusion historique

Monde - Les constructeurs automobiles japonais, Honda et Nissan, envisagent une fusion pour créer le troisième plus grand groupe mondial

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Record mondial : les astronautes chinois battent la marque de sortie extravéhiculaire

Monde - Deux astronautes chinois ont établi un nouveau record mondial de sortie extravéhiculaire en passant plus de neuf heures dans l’espace le 17 décembre, selon l’Agence spatiale habitée chinoise.

Farah Nadifi - 21 décembre 2024

Briefing virtuel : Washington a fait le point sur la Syrie

Monde - Le vendredi 20 décembre, le Département d’État américain a organisé un briefing de presse virtuel consacré à la situation en Syrie.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Belgique : nouvelle prolongation pour la formation du gouvernement

Monde - Le Roi Philippe (Belgique) a décidé de prolonger la mission de Bart De Wever, le leader du parti nationaliste flamand N-VA, jusqu’au 7 janvier 2025.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Vol MH370 : la Malaisie relance les recherches dix ans après le crash

Monde - Dix ans après la disparition du vol MH370 de Malaysia Airlines, le gouvernement malaisien a approuvé la reprise des recherches.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

France : une loi spéciale pour sauver le budget 2025

Monde - Face à l’impasse budgétaire pour 2025, le Parlement a adopté une loi exceptionnelle pour garantir le fonctionnement minimal des services publics.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Verdict historique en France : peines de 3 à 20 ans pour des viols en série

Monde - Un tribunal français a rendu un verdict marquant dans une affaire de viols en série ayant ébranlé la France.

Rédaction LeBrief - 19 décembre 2024
Voir plus

UE : cap sur l’hydrogène renouvelable

Monde - L’Union européenne s’apprête à franchir une nouvelle étape dans sa politique en faveur de l’hydrogène renouvelable.

Ilyasse Rhamir - 5 novembre 2024

France : le gouvernement de Michel Barnier renversé par l’Assemblée nationale

Monde - Après plusieurs heures de débats très agités, 331 députés ont finalement décidé de faire chuter l'exécutif, alors que 288 voix étaient requises.

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

Leon l’Africain

Monde - En 1518, un ambassadeur maghrébin, de retour d’un pèlerinage à La Mecque, est capturé par des pirates siciliens, et offert en cadeau à Léon X. Ce voyageur s’appelait Hassan al-Wazzan. Il devint le géographe Jean-Léon de Médicis, dit Léon l’Africain.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2023

Mercosur-UE : un accord historique après 25 ans de négociations

Monde - Après un quart de siècle de discussions, le Mercosur et l’UE ont signé ce vendredi un accord historique de libre-échange.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Le Mexique met en garde contre les tarifs douaniers américains

Monde - Selon Ebrard, ces tarifs douaniers risquent de coûter 400.000 emplois aux États-Unis et de freiner la croissance économique

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

L’Espagne dévoile sa stratégie pour l’Afrique 2025-2028

Monde - Le gouvernement espagnol a présenté son plan 2025-2028 pour l'Afrique, axé sur le renforcement des relations économiques et diplomatiques avec les pays africains.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire