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L’avortement, un débat stérile au Maroc

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La presse marocaine revient ce mercredi sur le récent communiqué du Conseil des Oulémas abordant l’avortement. Publié ce lundi 2 décembre, le document souligne que les dispositions du Code pénal relatives à cette question ne connaîtront aucune modification « sauf ce qu’exige l’intérêt et permet l’Ijtihad ». La réponse de cette instance intervient à un moment où le gouvernement comme les activistes et les associations des droits de l’homme multiplient les débats sur l’avortement et les libertés individuelles.

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Ce mercredi 4 décembre, plusieurs supports médiatiques consacrent leurs une à la position du Conseil des Oulémasface au sujet polémique de l’avortement. Le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia indique qu’en évoquant l’« Ijtihad », l’instance ne souhaite pas fermer définitivement la porte à toute éventuelle concession de sa part sur ce sujet. En effet, l’« Ijtihad » estconsidéré comme 3e source du droit musulman après le Coran et la Sunna, rappelle Yabiladi.com. Pour leur part, les journaux Al Akhbar et Al Massae rapportentque le Conseil dévoile sa position sur la question del’avortement et refuse d’être impliqué dans un débat à caractère politique. Akhbar Al Yaoum, quant à lui, titre que l’instance « impose son véto contre l’avortement ».

Notons que, le communiqué du Conseil des Oulémasfait suite aux critiques de Abderrahim Chikhi, président du Mouvement Unicité et Réforme. Ce dernier avait indiqué en octobre 2019 que l’instance tergiverse à participer aux débats portant sur la légalisation de l’avortement. En réponse, l’instance a d’ailleurs concluson communiqué en confirmant que ce sujet « demeure une affaire publique et le mécanisme avec lequel il [le Conseil] participe à ce débat est connu et personne ne peut l’ignorer ».

La polémique de l’avortement ne date pas d’hier

Le communiqué du Conseil des Oulémas sur l’avortement attise une nouvelle fois la dialectique autour de ce sujet. Cependant, selon Al Ahdath, cette polémique remonte à 2015. La source explique que face à plusieurs années de débats et d’échanges politico-sociaux houleux, Sa Majesté le roi Mohammed VI avait créé en mars 2015 une commission dédiée à la révision et à l’amendement des lois relatives à l’avortement. Cette commission était composée du ministre de la Justice et des Droits de l’homme, celui des Habous et des Affaires Islamiques ainsi que duprésident du Conseil National des droits de l’homme (CNDH). Ces derniers ont conclu après deux mois de concertation que l’avortement serait autorisé dans trois cas : quand la grossesse menace la vie de la femme enceinte ; quand la grossesse résulte d’un viol ou d’un acte incestueux et si un médecin confirme qu’une déformation ou une maladie grave menace la vie du fœtus. Bien que ces modifications aient été approuvées par le gouvernement en 2016, le projet de loi stagne encore dans les tiroirs du comité de justice et d’exécution. À ce jour, ce comité n’a toujours pas présenté ce projet au parlement pour qu’il soit voté, souligne le quotidien.

Alors que l’article 9 du projet de la loi de finance2020, qui malgré la controverse qu’il suscite, a bien été approuvé par la Chambre des représentants, les lois sur l’avortement restent quant à ellesinchangées. Les revendications des activistes, des associations et des ONG ainsi que lesdernières recommandations« révolutionnaires » du CNDH, qui exhortent au changement et à l’amélioration de ces lois,peinent visiblement à convaincre le gouvernement et le Conseil des Oulémas.

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