Accueil / Société

Mobilisation mondiale contre la violence à l’égard des femmes

Temps de lecture

L’agence des Nations unies pour les femmes a donné ce lundi 25 novembre le coup d’envoi de 16 jours de mobilisation contre la violence subie par les femmes, dénonçant les brutalités leur étant infligées dans le monde entier. Plusieurs marches, rassemblements et manifestations ont été organisés dans plusieurs pays pour dénoncer le « féminicide ». Au Maroc, les organisations ont révélé des chiffres alarmants sur ce fléau .

Partout dans le monde, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et pour soutenir la campagne « L’égalité des générations, contre le viol ! ». La directrice exécutive de l’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, a déclaré que le viol «peut avoir un impact traumatisant sur la vie des victimes, des effets non désirés (une grossesse ou une maladie sexuellement transmissible), un grand changement de comportement et un sentiment de honte injustifié». Malgré les mouvements qui font la une des journaux comme #MeToo, #TimesUp et #BalanceTonPorc, ONU Femmes a déclaré que « la violence sexuelle continue d’être normalisée et sévit dans notre environnement social ».

Selon The Independant UK il existe une « culture du viol » qui inclut la banalisation de ce crime, le blâme des victimes, l’utilisation d’un langage misogyne, l’« objectivation » du corps des femmes et la glorification de la violence dans la publicité, à la télévision et dans les films. La même source souligne en citant les déclarations d’ONU Femmes qu’il est difficile de déterminer le nombre exact de viols ou d’agressions sexuelles en raison de la crainte qu’ont de nombreuses victimes à signaler les abus dont elles ont souffert. Toutefois, les Nations Unis affirment qu’environ 15 millions d’adolescentes de 15 à 19 ans dans le monde ont eu des rapports sexuels forcés. L’organisme estime qu’une femme sur trois dans le monde a été victime de violence physique ou sexuelle, ou les deux, de la part d’un partenaire, un membre de la famille, un proche ou un inconnu.

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réitéré l’engagement de son organisation à mettre fin à toutes les formes de violence contre les femmes, affirmant dans une allocution que «ces violations sont les plus horribles, persistantes et généralisées au monde». « La violence sexuelle contre les femmes et les fillesest le résultat de plusieurssiècles de domination masculine », a-t-il déploré. « N’oublions pas que les inégalités qui alimentent la culture du viol traduisent essentiellement un déséquilibre de pouvoir », a-t-il ajouté.

Manifestation dans plusieurs pays dénonçant le féminicide

Les marches condamnant la violence contre les femmes ont commencé ce week-end lorsque plus de 10 000 personnes ont défilé à Rome le samedi 23 novembre. Puis près de 10 000 activistes ont manifesté à Bruxelles le jour suivant. Ce lundi, en Suisse, une veillée a été organisée en souvenir des femmes tuées par leur partenaire. En France, le gouvernement s’est engagé à saisir les armes à feu des conjoints violents et à améliorer la formation des policiers pour réduire le nombre de femmes tuées par leurs conjoints.

Cependant, dans d’autres pays, ces rassemblements pacifiques ont très vite dégénéré. En effet, enTurquie, une marche est devenue violente et la police a utilisé du gaz poivré pour disperser la foule. À Madrid, le secrétaire général du parti nationaliste-populiste Vox, Javier Ortega, s’est heurté à la colère des féministes lorsqu’il a profitéde cette journéepour demander l’abolition d’une loi visant à protéger les femmes. Tandis qu’en Russie, des femmes ont exprimé leur crainte vis-à-vis de l’annulation d’un nouveau projet de loi visant à durcir les peines pour les violences domestiques.

Selon, The New York Times qui rapporte une déclaration de Mlambo-Ngcuka : « Même si plus de 80 % des pays ont maintenant une législation qui criminalise toutes les formes de violence contre les femmes, y compris la violence domestique, le viol conjugal n’est toujours pas considéré comme un crime dans environ 45 pays ». Elle ajoute que « La société ne comprend tout simplement pas à quel point cela nuit et blesse les femmes ». Elle a également souligné dans une interview précédente : « Nous voulons sans cesse insister sur le fait qu’il s’agit d’un crime, d’une violation des droits de la femme et non pas d’un problème familial, mais d’une poursuite judiciaire», a lancé Mlambo-Ngcuka.

Au Maroc, des chiffres éloquents

En 2018, 12 233 cas de violences faites aux femmes ont été signalés contre 10 559 en 2017. 2 475 victimes de violences conjugales ont été accueillies dans les différents centres du Royaume, rapporte le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia, dans son numéro du 26 novembre 2019. Ce bilan a été dévoilé par un réseau d’association de protection des droits de la Femme, qui a mené une enquête couvrant 24 provinces du pays.Les violences infligées sont classées seloncinq catégories :psychologiques, physiques, économiques, juridiques ou sexuelles, indiquent la même source.

De son côté le journal Le Matin indique que Le Département de la Solidarité, du Développement social, de l’Egalite et de la Famille a révélé, que le taux national des violences perpétrées contre les femmesest de 54,4 %, dont 55,8 % en milieu urbain et 51,6 % dans les zones rurales. Le quotidien soutient qu’il « devient urgent de se livrer à une mobilisation générale et à un effort commun pour mettre en œuvre des actions pour venir en aide à ces femmes victimes en détresse ». Par ailleurs, poursuit Le Matin, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a créé des cellules de prise en charge des femmes et des filles victimes de violences pour les accompagner, conformément à la loi 103-13 du 22 février 2018. Notons que cette loi impose des sanctions sévères aux harceleurs, notamment un à six mois d’emprisonnement et une amende de 2 000 à 20 000 dirhams. Elle s’applique non seulement au harcèlement de rue, mais aussi aux propos à caractère sexuel tenus ou envoyés par SMS, messages vocaux, ou encore à travers des photos. Toutefois, et malgré les efforts consentis pour mettre fin à ce fléau, les associations et les activistes marocains estiment que la promulgation de cette loi ne suffit pas pour résoudre le problème des violences faites aux femmes, voire même qu’elle ne protège pas de manière efficace et efficiente leurs droits.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Alerte Météo : vents violents au nord du Maroc

Société - La DGM a émis un bulletin d’alerte de niveau orange concernant des rafales de vent localement fortes prévues lundi dans certaines provinces du nord du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Saigner pour guérir

Dossier - Rien qu’un rasoir, une pipette et un seau ne peuvent guérir. Car la saignée est réputée pour être «miraculeuse».

Atika Ratim - 14 décembre 2024

Deux soldats des FAR périssent dans l’explosion d’une mine

Société - Une mine antichar a explosé, causant la mort de deux soldats des Forces armées royales (FAR) et blessant grièvement un troisième.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Caravane médicale : coopération sud-sud renforcée entre le Maroc et le Sénégal

Afrique, Société, Société - La deuxième édition de la caravane médicale humanitaire multidisciplinaire a été lancée jeudi à Diass, à 40 km de Dakar.

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Protection sociale : 15 millions de Marocains couverts

Société - Mustapha Baitas a annoncé que 3.769.000 travailleurs indépendants sont désormais inscrits au régime de couverture médicale.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

LF 2025 : exonération totale des pensions pour 164.000 retraités

Société - Le gouvernement franchit une étape importante avec l’exonération des pensions et des rentes viagères des retraités prévue par la loi de finances 2025.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Le Maroc, modèle régional des droits de l’Homme

Société - Lors de la Journée internationale des droits de l’Homme, Abdellatif Ouahbi, a souligné l’engagement du Maroc dans la promotion des droits fondamentaux.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Salé : une tentative de trafic de près de 5.000 comprimés psychotropes avortée

Société - La DGST a réussi à déjouer une importante tentative de trafic de substances psychotropes, mercredi après-midi.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024
Voir plus

Notes de route du Sahara

Société - Très impressionnante, l'histoire de sa vie fait d'elle un personnage romanesque. A son premier voyage dans le Sahara, Isabelle Eberhardt, reporter, voyageuse et aventurière, tombe amoureuse de cette terre et de ses gens.

Rédaction LeBrief - 4 avril 2024

L’INDH : 18 ans après, quel bilan ?

Société - Lancé en 2005 par le roi Mohammed VI, l’Initiative nationale pour le développement humain souffle aujourd’hui ses 18 bougies.

Hajar Toufik - 18 mai 2023

Le racisme expliqué à ma fille

Société - Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. C’est en m’accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l’immigration que ma fille m’a interrogé sur le racisme.

Rédaction LeBrief - 22 mars 2024

Nouvelles du Maroc

Société - À l'extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l'Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc est un carrefour d'influences unique au monde où se mélangent modernité et traditions.

Rédaction LeBrief - 1 avril 2024

Baignade : entre amusement et drames

Société - Cet été est marqué par une forte chaleur dans toutes les régions du Maroc. Les plages deviennent le seul refuge des Marocains et des touristes pour se rafraîchir. Cependant, les activités aquatiques peuvent des fois se transformer en drame.

Khadija Shaqi - 16 août 2022

Confidences à Allah

Société - Confidences à Allah est un monologue fiévreux, enragé et plein d’humour d’une jeune fille du Maghreb qui tente d’échapper à l’enfermement.

Rédaction LeBrief - 29 mars 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire