Il y a quelques mois, une banque danoise s’était fait une publicité mondiale en appliquant un taux négatif à un crédit immobilier sur une durée de dix ans. Inimaginable il y a encore quelques années. Mais, la politique monétaire ultra accommodante de la Banque centrale européenne pour relancer la croissance dans la zone euro a conduit à une décrue des taux de référence. Certains se sont aventurés en territoire négatif. L’idée est de stimuler la demande de crédit et aussi de pousser les banques à financer davantage l’économie. Les taux négatifs de la BCE les dissuadent d’y placer leur argent. Dans le même temps, les crédits qu’elles octroient sont moins rémunérateurs, voire ne rapportent rien. La pression qu’exercent les taux bas sur les revenus de la banque traditionnelle pousse certains établissements à rompre certains tabous. Cette fois-ci, c’est une banque allemande qui fait parler d’elle. Elle a décidé de prélever des frais sur les dépôts dans les comptes d’épargne à vue de ses clients.
La Volksbank Raiffeisenbank va appliquer un taux négatif de 0,5 % sur les comptes d’épargne à vue. Les autres dépôts à vue comme les salaires par exemple, tous ceux qui permettent aux clients de gérer leurs opérations courantes, ne sont pas concernés. C’est comme si les banques marocaines décidaient de taxer le compte sur carnet. En Europe, plusieurs banques font subir le même traitement que la BCE aux dépôts de leurs clients, c’est-à-dire en leur appliquant un taux négatif à partir d’un certain seuil (100 000, 500 000 voire 1 million d’euros selon les établissements). Mais jusqu’ici, aucune n’appliquait ces mesures à partir du 1er euro.
Au Maroc, la banque centrale a baissé à plusieurs reprises le taux directeur pour favoriser la relance du crédit et de la croissance, un peu comme la BCE. Comme en Europe, les effets de ces assouplissements sont limités. Ces décisions ne sont efficaces que si elles sont accompagnées d’autres réformes. C’est le cas en Europe comme au Maroc. Pour certains observateurs Bank Al-Maghrib devrait davantage baisser le taux de référence. Pour la banque centrale, il est facile de baisser le taux directeur et cela peut améliorer le coût de financement de certaines entreprises si les banques répercutent les baisses. Cependant, cette manipulation aura des effets négatifs sur la rémunération de l’épargne avertit-elle. Il faudra trouver le bon dosage.
Pour revenir à l’environnement de taux en Europe, la situation pourrait amener certains à reconsidérer leurs placements. Il y a de quoi y réfléchir notamment avec la perspective du partage automatique d’informations à des fins fiscales. Le Maroc s’y mettra à partir de 2021. La contribution libératoire en 2020 est donc la dernière fenêtre pour se mettre en règle pour les personnes concernées.
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