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Algérie : nouvelle escalade de tension entre l’armée et le peuple

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Bien que des centaines d’Algériens continuent à défiler dans tout le pays pour faire pression sur les autorités afin que l’élection présidentielle du 12 décembre soit annulée, le Général de corps d’Armée, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah, a salué le mardi 19 novembre la « forte adhésion du peuple autour de son armée ». Cette déclaration qui prête à confusion survient alors que le peuple réclame le départ du régime actuel.

« Je tiens à affirmer, une fois encore, en cette honorable occasion, que nous enregistrons avec une grande admiration et fierté, cet élan populaire qui s’est propagé à travers tout le pays, lorsque toutes les franges de notre peuple, toutes catégories confondues, hommes, femmes, jeunes, étudiants et vieux, sont sorties dans une des plus belles images de la cohésion, la solidarité et l’adhésion du peuple autour de son Armée, scandant, d’une seule et même voix, des slogans patriotiques exprimant dans leur ensemble la volonté de se diriger massivement aux urnes le 12 décembre prochain, afin de faire réussir les présidentielles et contribuer par conséquent à édifier un avenir prometteur. Tel est le peuple algérien et telle est l’Algérie », a soutenu Gaïd Salah dans une allocution d’orientation dans le cadre de sa visite de travail et d’inspection à la 4e Région militaire, rapporte le quotidien algérien Hiwar. Ce dernier a ajoutéque « d’ailleurs, nous n’avons aucune ambition politique et nos objectifs ne sont autres que nationalistes, des objectifs pour le bien de l’Algérie et de son peuple ».

De leur côté, les manifestants poursuivent leur mouvement de protestation antigouvernemental. Notons que ce soulèvement a démarré en février 2019,lorsque l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, s’est présenté pour un 5e mandat lors d’une élection initialement prévue en juillet dernier. Des centaines de milliers de personnes ont ainsi réclamé sa démission ainsi que le départ de l’ancienne élite dirigeante qui avait gouverné le pays depuis son indépendance de la France en 1962. L’armée a par la suite retiré son soutien à Bouteflika, qui n’avait plus d’autre choix que de partir, et a lancé une campagne anti-corruption visant les alliés du président déchu, notamment de hauts responsables politiques, des ministres et des hommes d’affaires. Les élections de juillet ont en outre été reportées, entrainant un profond vide constitutionnel.

Une élection présidentielle pour sortir de l’impasse

Selon le journal algérien El Watan, pour Gaïd Salah,le scrutin de décembreest le seul moyen de rétablir la normalité et de calmer les protestations. Il exhorte de ce fait « toutes les franges du peuple algérien, à travers tout le pays, à se tenir la main pour mettre l’Algérie et son intérêt suprême au-dessus de toute considération et de participer à ce rendez-vous qui sera, avec l’aide d’Allah, une véritable fête nationale par excellence et une porte ouverte sur le bonheur et la prospérité pour l’Algérie et son peuple, ouvrant grand la voie face au parachèvement de l’édification de l’État national algérien moderne »,souligne le quotidienHiwar.

Toutefois, depuis le début officiel de la campagne présidentielle, le dimanche 17 novembre, les militantsont décidéd’accroître leur présence dans les rues du pays pour forcer le gouvernement à annuler les élections générales du 12 décembre prochain. Bien que l’armée a affirmé à plusieurs reprises qu’elle ne soutiendra aucun des candidats à la présidence, les manifestants envahissent, désormais chaque jour, les principales artères d’Algérie, en scandant en cœur « Non au vote, non au vote ». Par ailleurs, les cinq hommes qui se sont présentés aux élections sont tous d’anciens politiciens de l’ère Bouteflika,affirme l’agence de presse Reuters, même sicertains d’entre eux se sont prononcés plus tard contre ce dernier ou se sont opposés à lui lors de précédentes présidentielles.

Pour le peuple algérien, une élection présidentielle organisée par une élite politiquement corrompue ne peut avoir lieu. Les manifestants réclament depuis près de 10 mois la destitution du régime actuel, afin qu’une nouvelle ère de démocratie et de liberté, loin de l’armée, puisse voir le jour.

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