Le rapport annuel du Conseil économique, social et environnemental (CESE), approuvé par son président, Ahmed Réda Chami, a livré les premières conclusions de son étude sur « Les nouvelles formes de protestation au Maroc ». Ce rapport, fruit de plusieurs mois de concertations et d’échanges entre associations de protection des consommateurs, dirigeants d’entreprises, institutionnels et le CESE, a analysé la campagne de boycott qui avait étélancée le 20 avril 2018 dernier contre Centrale Danone, Afriquia etSidi Ali (produit des Eaux Minérales d’Oulmès). Selon le quotidien l’Economiste dans son édition du 30 octobre, qui a analysé cette étude, le Conseil a souligné que «le mouvement constitue un événement majeur et inédit, qui a marqué l’environnement socio-économique et politique au Maroc en 2018 ». Et d’ajouter que la prompte expansion de cette campagne s’explique par «une certaine prédisposition parmi de larges franges de la population dans un contexte marqué par un malaise social général».
En effet, la même source indique que le boycott affecte encore les marques ciblées, un an après son lancement. Cet engagement démontre quecertains consommateurs, faute de leader qui pourrait négocier une trêve, refusent encore d’acheter les produits de ces marques. Le rapport du CESE souligne quece mouvement« semble avoir trouvé un terreau fertile nourri par les différentes failles observées au niveau de la régulation des marchés, de la capacité de communication et de réaction en temps de crise, ainsi qu’au niveau de la capacité du cadre juridique à traiter ces nouvelles formes de protestation. Il révèle également le manque de confiance du citoyen dans la capacité du cadre institutionnel actuel à protéger ses droits contre tout abus éventuel en matière de fixation des prix et des marges », rapportent nos confrères de H24.
Par ailleurs, l’étude du Conseil a révélé l’aspect spontané et mal organisé de cette campagne « issu d’une forte mobilisation au niveau des plateformes virtuelles et réseaux sociaux numériques et qui a connu une diffusion accélérée auprès de larges franges de la population », explique l’Économiste. Le journal ajoute quecette nouvelle forme de protestation« que connaît le monde entier »,« dépasse de plus en plus les divers corps intermédiaires : partis politiques, syndicats, associations de consommateurs, société civile». Ainsi, pour reprendre le contrôle de la situation,indique H24, « le CESE a émis un certain nombre de recommandations détaillées qui ont été regroupées en six blocs :
. Renforcer le cadre institutionnel et réglementaire de protection des droits du consommateur et lui garantir les voies de recours?;
. Renforcer le cadre de régulation des marchés pour une concurrence plus saine et pour résorber les abus et pratiques illicites sur les marchés?;
. Améliorer l’accès à l’information sur les marchés et mettre en place un observatoire des prix et des marges comme outils d’aide à la décision?;
. Accorder un poids plus important à l’anticipation et la gestion de crises et à la communication en situation de crise vis-à-vis du citoyen et ce, aussi bien au niveau des pouvoirs publics que du secteur privé?;
. Réformer le cadre juridique et institutionnel pour corriger les situations de conflit d’intérêts pouvant éroder la confiance des citoyens?;
. Promouvoir la place de la responsabilité sociétale de l’entreprise ».
Selon les résultats de l’enquête du CESE, relayés par l’Économiste, différentes catégories sociales ont été engagées dans ce mouvement de boycott, mais les classes moyennes, les jeunes, les urbains et les femmes ont été relativement les plus impliqués. De plus, ce mouvement a également constitué une occasion d’appeler à la réactivation du Conseil de la concurrence et au renforcement de la protection du consommateur, conclut le quotidien.
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