Accueil / Société

Affaire Raissouni : entre soulagement et interrogations

Temps de lecture

Le mercredi 16 octobre, Sa Majesté le roi Mohammed VI a gracié la journaliste, Hajar Raissouni, ainsi que son fiancé. Ils avaient été condamnés, le 30 septembre dernier, à un an de prison pour rapport sexuel hors mariage et avortement par le tribunal de première instance de Rabat. Au-delà de cette grâce royale, cette affaire monopolise la presse nationale qui s’empare de la question des libertés individuelles alors qu’à l’international, on s’interroge plus sur le statut de journaliste et la liberté d’expression.

Le ministère de la Justice a qualifié la grâce royale d’acte de « compassion et de miséricorde », affirmant que le roi Mohammed VI voulait « préserver l’avenir des deux fiancés qui envisageaient de fonder une famille conformément aux préceptes religieux et à la loi ».

Selon France24, une source gouvernementale a déclaré à l’AFP que le pardon a été accordé « sans entrer dans le débat souverain des citoyens marocains sur l’évolution de leur société et auquel, malheureusement, certains étrangers, intellectuels, médias et ONG se sont invités à prendre part ».

Après sa libération, Raissounia, de son côté, affirmé au média français que le débat soulevé par son cas dans le pays était « sain et utile ». Elle espère que cette affaire « servira de locomotive » pour dépénaliser l’avortement, les relations hors mariage, l’homosexualité et la rupture du jeûne en public, actuellement passibles de prison dans le Code pénal marocain, souligne TelQuel.« J’ai toujours défendu le respect des libertés individuelles, surtout que les affaires liées à ces libertés peuvent être instrumentalisées contre des personnes publiques ou des défenseurs des droits de l’homme », a-t-elle déploré.

De l’autre côté de l’atlantique, le New York Times rapporte queles défenseurs des droits de l’homme considèrent la condamnation de Raissouni comme une illustration dela persécution que fait subir l’Étataux journalistes indépendants. « Nous sommes soulagés que Hajar et ses co-accusés soient libres, mais ils n’auraient jamais dû être arrêtés en premier lieu », a déclaré Human Rights Watch. « Une lueur d’espoir pour ce déplorable incident est qu’un débat a été ouvert sur les lois archaïques du Maroc, et maintenant il y a une demande croissante pour abroger la criminalisation du sexehors mariagedans les textes juridiques », poursuit l’organisation.

« La récente libération de Hajar Raissouni, de son fiancé et du médecin apporte un nouvel espoir à la scène politique et militante marocaine. Cela montre que l’activisme et les campagnes donnent des résultats », a déclaré au Washington Post Fayrouz Yousfi, étudiante doctorante et activiste politique qui a mené une campagne en ligne pour libérer Raissouni. « Malheureusement, les grâces royales ne peuvent pas être la réponse à toutes les arrestations motivées par des considérations politiques. Justice doit être faite pour tous les militants, les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes qui sont écroués ».

La même source souligne qu’en 2016, les peines de prison ont été abolies par les lois marocaines régissant la presse. Cependant, les défenseurs de la liberté de la presse ont rapporté que l’État poursuivait de plus en plus les journalistes pour des délits qui ne concernent pas leur travail. Reporters sans frontières place le Maroc au 135e rang de son classement annuel de la liberté de la presse.

Le NYT a évoqué également les efforts des associations, organisations et comité qui ont œuvré pour la libération de la journaliste. Le collectif des « hors-la-loi »a notamment partagé le communiqué de presse suivant après la libération deHajar, son fiancé et l’équipe de son médecin.

hors la loi

Pour rappel, Raissouni, 28 ans, travaille pour un quotidien indépendant, Akhbar Al Yaoum. Elle et son fiancé, Al-Amin, ont été arrêtés le 31 août — deux semaines seulement avant leur mariage — alors qu’ils quittaient le bureau d’un gynécologue à Rabat. Ils ont été accusés d’avoir eu des rapports sexuels hors mariage et d’avortement. Dr Jamal Belkeziz, le gynécologue qui a procédé à « l’avortement » de la jeune femme a été condamné à deux ans de prison. L’anesthésiste de ce dernier ainsi que sonassistante ont également été reconnus coupables d’avoir participé à la procédure.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Protection sociale : 15 millions de Marocains couverts

Société - Mustapha Baitas a annoncé que 3.769.000 travailleurs indépendants sont désormais inscrits au régime de couverture médicale.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

LF 2025 : exonération totale des pensions pour 164.000 retraités

Société - Le gouvernement franchit une étape importante avec l’exonération des pensions et des rentes viagères des retraités prévue par la loi de finances 2025.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Le Maroc, modèle régional des droits de l’Homme

Société - Lors de la Journée internationale des droits de l’Homme, Abdellatif Ouahbi, a souligné l’engagement du Maroc dans la promotion des droits fondamentaux.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Salé : une tentative de trafic de près de 5.000 comprimés psychotropes avortée

Société - La DGST a réussi à déjouer une importante tentative de trafic de substances psychotropes, mercredi après-midi.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Saisie record : 3,6 tonnes de drogue interceptées à Casablanca

Société - Les forces de l’ordre marocaines, en coopération avec les services douaniers, ont mis en échec une tentative de trafic de drogue au port de Casablanca.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Berkane lance son premier parking intelligent

Société - Le premier parking intelligent de Berkane a été officiellement inauguré ce mercredi à la place de la Marche Verte.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024

Violence domestique : les mentalités changent-elles ?

Société - Une conférence à Guercif sensibilise la population aux dangers de la violence domestique et à son impact dévastateur sur la société et les individus.

Farah Nadifi - 11 décembre 2024

Déclaration CNSS : un nouvel outil numérique

Société - Une solution numérique innovante sera déployée pour simplifier l’enregistrement des employés auprès de la CNSS.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024
Voir plus

Bac 2023 : place au diplôme numérique

Société - À compter de cette année, les bacheliers récupéreront leurs diplômes plus vite grâce à la digitalisation de ce processus

Atika Ratim - 2 juin 2023

Horaires des prières à Meknès

Bienvenue sur notre page consacrée aux horaires de prière à Meknès ! Ici, nous fournirons les heures exactes des prières à Meknès ainsi que d'autres informations utiles.

Rédaction LeBrief - 5 septembre 2023

Pourquoi le site Narsa Khadamat est-il hors service ?

Société - Depuis un mois, l’accès au site Narsa Khadamat est impossible. Découvrez la raison de cette interruption.

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2024

Palestine : Barid Al-Maghrib émet un timbre-poste arabe commun en solidarité

Société - Le groupe Barid Al-Maghrib a lancé un timbre-poste spécial intitulé Avec Gaza en signe de solidarité avec le peuple palestinien.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire