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La stratégie du professeur de droit constitutionnel, âgé de 61 ans, de se présenter comme un candidat indépendant et intègre a porté ses fruits, indique le quotidien tunisien Al Chourouq. Il a parlé de la lutte contre la corruption et de la réévaluation du rôle social de l’État pendant la campagne électorale. Nabil Karoui a en revanche payé le prix des accusations de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale qui l’ont retenu sous verrous pendant sept semaines jusqu’à sa libération quatre jours seulement avant le second tour, l’empêchant ainsi de mener à bien sacampagne électorale.
Selon la même source, bien que son arrestation ait soulevé de nombreuses interrogations quant à l’indépendance de la magistrature et à l’exploitation politique du pouvoir judiciaire, les électeurs ont estimé que la réputation du magnat des médias a été entachée et ont choisi un homme qu’ils considèrent honnête et loin des politiques traditionnelles. Malgré son expérience de communicant, d’homme d’affaires et de philanthrope, Karoui, qui a promis qu’une fois élu il lancera un programme pour éliminer la pauvreté en trois ans, n’a pas réussi à convaincre les Tunisiens. Cependant, son parti, Qalb Tounes, a obtenu un bon résultat aux élections législatives, arrivant en deuxième position, devenant ainsi le premier parti d’opposition et acteur majeur du gouvernement tunisien.
Un long processus démocratique
La Tunisie avait frôlé le chaos dans les années qui ont suivi sa révolution, lorsque les forces islamistes et laïques se battaient pour le contrôle du pays. Sa transition s’est avérée hautement risquée en 2013 après l’assassinat de plusieurs dirigeants de gauche, prétendument par des extrémistes islamiques, aggravant ainsi la polarisation entre les factions politiques du pays, souligne le journalAssabah de Tunis.
Pourtant, la situation dans le pays s’est considérablement calmée depuis, en grande partie grâce aux efforts des groupes de la société civile (qui ont reçu le prix Nobel de la paix en 2015) et des anciens politiques qui ont conclu un accord improbable de partage du pouvoir en 2016. Cet accord a apporté la stabilité, mais il a également bloqué les réformes qui auraient pu contribuer à endiguer la corruption ou à alléger la bureaucratie excessive et sclérosée du pays, déplore la même source.
Saïed était considéré comme le favori et bénéficiaitdu soutien du parti islamiste Ennahda, qui a remportéle plus grand nombre de sièges au parlement, bien qu’il soit loin d’avoir obtenu une majorité. Le pouvoir présidentiel est également limité, et « les réformes importantes préconisées par Saïed nécessitent une majorité de deux tiers au parlement, ce qui sera difficile à obtenir », a déclaré Safwan Masri, professeur de politique du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à l’Université Columbia, au quotidien The Guardian. « Il va être un leader isolé parce qu’il n’a pas de parti politique », poursuit Masri. « Il y a une chance qu’il puisse être un président insignifiant».
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