Les raisons de la grève
L’Union des syndicats professionnels du transport a annoncé le 5 octobre 2019 qu’elle avait l’intention d’observer une grève générale les 14 et 15 du mois courant, menaçant ainsi de paralyser le secteur du transport pendant 48 h.
« Au terme d’une série de réunions et de rencontres organisées récemment, nous avons constaté que le gouvernement n’a pas donné suite au dossier revendicatif et n’a pas tenu ses promesses envers la profession. Dès lors, nous avons décidé d’observer une grève de 48 h à partir du 14 octobre dans tout le royaume y compris les points les plus importants à savoir le port de Casablanca, celui de Tanger Med et le poste-frontière de Guerguerat », a indiqué l’Union des syndicats professionnels du transport dans un communiqué consulté par nos confrères duH24info. « Il s’agit d’une grève générale qui touchera toutes les villes du pays », explique Abderrahim Harchaoui, secrétaire général du Syndicat Démocratique du Transport (STD).
Ce dernier affirme par ailleursà Médias 24 que cette protestation traduit la frustration des professionnels du transport vis-à-vis du retard enregistré dans la mise en œuvre des engagements du ministère de tutelle. Lesdits engagements ont été notifiés dans un PV signé en octobre 2018 et concernent trois points essentiels, à savoir le gasoil professionnel, le tonnage et la gratuité de la carte du conducteur professionnel. De plus, les transporteurs dénoncent plusieurs nouvelles mesures appliquées par le ministère de l’Équipement et du Transport, notammentles amendes « excessives » apportées par la nouvelle loi (code de la route).Ces amendessont « très élevées par rapport aux capacités financières des chauffeurs de taxis et de camions », déplore le syndicat.
Réaction du gouvernement face à cette grève générale
Le ministère du Transport a exprimé, dans un communiqué de presse repris par Médias24,« son étonnement de cette annonce qui intervient dans une conjoncture sensible, malgré les efforts déployés et les résultats positifs obtenus à ce jour, et réitère sa confirmation de tenir son engagement pour veiller au bon déroulement du processus de dialogue avec les professionnels du secteur, afin de répondre à leurs requêtes et d’améliorer leurs conditions de travail ». Et d’ajouter que le ministère « œuvre pour la mise à niveau du secteur du transport routier au Maroc, toutes catégories confondues, et l’amélioration des conditions de travail des professionnels et ce, à travers le processus de dialogue lancé en octobre 2018 marqué par la tenue d’environ 17 réunions et l’organisation de deux journées d’étude, qui ont abouti à des résultats positifs pour l’ensemble des professionnels », poursuit le document.
La même source rapporte aussi qu’ « il a été procédé à la constitution de trois commissions thématiques et la convocation des différentes représentations des professionnels de cette catégorie pour participer aux réunions de ces commissions, selon le planning suivant :
– Réunion relative à la formation des conducteurs professionnels, le 14 octobre 2019 ;
– Réunion relative à la charge des camions et le renouvellement du parc, le 17 octobre 2019 ;
– Réunion relative au gasoil professionnel, le 28 octobre 2019.»
Lors de ces rendez-vous sera également présenté le bilan des actions réalisées par le ministère ainsi que les revendications des professionnels, et ce dans le cadredu contrat-programme qui vise la promotion et la mise à niveau du secteur du transport routier de marchandises, souligne le communiqué de presse.
L’impact probable de cette grève
Alors que l’avis de grève a été signé et approuvé par plusieurs syndicats, ces derniers ne représentent pas l’ensemble du secteur, explique Médias24.« Ces syndicats représentent entre 6 % et 7 % de la flotte nationale du transport de marchandises. L’essentiel étant assuré par des petits transporteurs ayant deux à trois camions et qui travaillent généralement dans l’informel. L’impact sera limité pour le marché local, mais sera plus lourd sur les activités import-export », affirme Mustapha Chaoune, secrétaire général de l’Organisation démocratique des professionnels du transport (ODPT) dont le syndicat ne participe pas à la grève. « Sincèrement, nous ne comprenons pas cet appel à la grève qui intervient alors que les canaux de dialogue sont maintenus avec le ministère. Nous avons eu une rencontre le 21 septembre durant laquelle le ministère s’est engagé à discuter avec nous des différents points durant le mois d’octobre. Suite à cela, nous venons de recevoir, la veille de l’appel à la grève, une invitation à des réunions tout au long du mois d’octobre pour parler justement des engagements du 8 octobre », révèle Chaoune au même média.
Toutefois, Harchaoui déclare : « Nous avons également reçu cette invitation que nous estimons être un piège. Il faut savoir qu’après la réunion du 21 septembre, nous avons eu une nouvelle rencontre avec le SG du ministère sans qu’il y ait du nouveau et nous lui avons annoncé notre volonté de faire grève. Nous nous demandons pour quelles raisons allons-nous tenir de nouvelles discussions alors que les points sont clairs et notifiés dans un PV. La seule réponse que nous attendons, c’est le déploiement des mesures », avant d’expliquer que pour les transporteurs, « cette grève est un moyen et non une fin en soi et qu’ils aimeraient bien avoir des signaux positifs avant le 14 octobre ».
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Rédaction LeBrief - 4 novembre 2024