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L’ONU dans le rouge, les salaires de ses employés menacés

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Les Nations Unies disposent d’un budget de fonctionnement annuel global de plusieurs milliards de dollars, qui couvre toutes leurs activités, de l’aide humanitaire au désarmement. Mais à l’heure actuelle, l’organisme souffre du retard de versement de contribution de certains pays et cherche à s’assurer que les employés reçoivent leurs salaires à temps.

Comment l’organisme mondial s’est-il retrouvé avec plus de 200 millions de dollars dans le rouge ?

La réponse : les États membres n’ont pas encore versé leurs contributions, dont les États-Unis d’Amérique.

Le mardi 8 octobre, le Secrétaire général, António Guterres, a annoncé la « pire crise de trésorerie que l’ONU ait connue depuis près d’une décennie ». Il a déclaré que l’ONU « court le risque d’épuiser ses réserves de liquidités d’ici la fin du mois et de manquer à ses obligations de paiement envers son personnel et ses fournisseurs ».

Plusieurs États membres accusent en effet un retard dans le paiement de leurs cotisations. L’ONU n’a pas pointé publiquement du doigt ces pays, mais des sources ont révélé à l’AFP que les principaux coupables sont les États-Unis, le Brésil, l’Argentine, le Mexique et l’Iran. Au total, 64 pays doivent de l’argent à l’ONU. Sur la liste des retardataires figurent également le Venezuela, la Corée du Nord, la Corée du Sud, la République démocratique du Congo, Israël et l’Arabie saoudite. La Syrie, malgré la guerre qui la ravage, était le dernier pays à avoir payé, a déclaré mardi le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric, lors de sa conférence de presse quotidienne.

Dans une lettre envoyée lundi aux 37 000 employés du secrétariat de l’ONU, et consultée par l’AFP, António Guterres a déclaré que l’ONU souffrait d’un déficit de 230 millions de dollars depuis le mois de septembre. Il a indiqué ce mardi que si l’organe mondial n’avait pas pris l’initiative de réduire ses dépenses depuis le début de l’année, le gouffre aurait été encore plus profond en octobre – peut-être 600 millions de dollars de déficit – et aurait pu affecter l’Assemblée générale à laquelle les dirigeants mondiaux avaient participé le mois dernier.

Réduction du nombre de voyages officiels

Dans sa déclaration du mardi, Guterres a remercié les 129 États membres qui ont déjà versé leurs contributions, et a exhorté ceux qui ne l’ont pas encore fait à payer d’urgence et intégralement. Pour limiter les dépenses d’ici la fin de l’année, le chef de l’ONU a évoqué la possibilité de reporter certaines conférences et réunions, de limiter tous les voyages officiels sauf ceux qui sont essentiels et de réduire le volume de leurs services. Un fonctionnaire de l’ONU s’exprimant sous couvert de l’anonymat a déclaré au quotidien le New York Times qu’António Guterres avait partagé ses préoccupations budgétaires avec les États membres le printemps dernier, tout en leur demandant de payer à temps, mais ils ont refusé de le faire.

Hormis le montant des opérations de maintien de la paix, le budget de fonctionnement de l’ONU pour 2018-2019 s’élève à près de 5,4 milliards de dollars, avec une contribution américaine de 22 %. Le montant encore dû aux USA ? Près de 1,4 milliard de dollars. Washington est aussi le plus gros contributeur au budget du maintien de la paix de l’ONU. Le gouvernement du président Donald Trump a adopté une ligne dure à l’égard du financement de l’organisme, en réduisant ses cotisations et en encourageant des réformes visant à réduire ses coûts.

Comment l’ONU est-elle financée ?

Tous les membres de l’ONU sont tenus d’effectuer des paiements annuels pour aider à financer le budget ordinaire de l’Union, explique le Washington Post. Le montant payé par chaque membre est déterminé par une formule complexe qui tient compte du revenu national brut et de la population de chaque pays. L’ONU a déclaré que les pénuries de liquidités se produisent de plus en plus tôt dans l’année, ce qui l’oblige à puiser dans d’autres caisses et fonds.

Le budget ordinaire n’est plus déterminé par la planification des programmes, mais par la disponibilité des fonds, a déclaré Guterres. « Les gestionnaires ont reçu pour instruction d’ajuster leurs dépenses de recrutement et leurs dépenses autres que celles du personnel en raison de contraintes de liquidité », a-t-il déploré. Et il a ajouté : « Cela nuit à l’exécution du mandat et va à l’encontre de nos efforts visant à se concentrer moins sur les ressources et davantage sur les résultats ».

Notons que les principaux pays contributeurs au budget ordinaire des Nations Unies pour 2019 sont la Chine (497,3 millions de dollars), le Japon (354,8 millions de dollars), l’Allemagne (252,3 millions de dollars), la Grande-Bretagne (189,2 millions de dollars) et la France (183,4 millions de dollars).

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