Temps de lecture : 4 minutes

Accueil / Histoire / 29 mai 1960 : les toutes premières élections du Maroc

29 mai 1960 : les toutes premières élections du Maroc

Temps de lecture : 4 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 4 minutes

Le 29 mai 1960 marque un tournant décisif dans l’histoire politique du Maroc, avec la tenue des premières élections générales du pays. Cet événement historique a été le résultat d’une longue lutte pour l’indépendance et la démocratie, et il a marqué le début d’une nouvelle ère pour la nation marocaine.

Temps de lecture : 4 minutes

Après des décennies de domination coloniale, le Maroc a accédé à l’indépendance en 1956, mettant fin au protectorat français et espagnol. Toutefois, la transition vers un régime politique démocratique était encore en cours, et les élections générales de 1960 ont été un pas crucial dans cette direction.

Ces élections ont été organisées dans un contexte de grande effervescence politique, avec plusieurs partis nouvellement formés cherchant à prendre le pouvoir. Parmi les partis les plus influents figuraient l’Union nationale des forces populaires, UNFP, actuelle USFP, le Mouvement populaire (MP), le Parti de l’Istiqlal, et le Parti du progrès et du socialisme (PPS, anciennement nommé Parti communiste marocain).

L’Union socialiste des forces populaires, fondée en 1959 par Mehdi Ben Barka, a été l’un des partis les plus actifs et les plus populaires de l’époque. Prônant le socialisme et l’indépendance économique, l’USFP a attiré un large soutien parmi les travailleurs et les classes défavorisées.

Lire aussi : Élections : le long chemin vers la démocratie

Le Mouvement populaire (MP) a également joué un rôle important dans le paysage politique marocain. Favorisant le nationalisme arabe et la défense des intérêts berbères, le MP a mobilisé une base de soutien importante, en particulier dans les régions rurales.

Le Parti de l’Istiqlal, fondé en 1944 et dirigé par Allal El Fassi, était l’un des premiers partis politiques marocains à avoir émergé pendant le mouvement pour l’indépendance. Il a joué un rôle clé dans la lutte pour la libération du pays et a continué à exercer une influence politique significative après l’indépendance.

Quant au Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), il a été fondé en 1959 en tant que parti communiste marocain, prônant le socialisme et la justice sociale. Bien que moins influent que les autres partis, le PPS a néanmoins participé activement au processus démocratique.

Les élections

Les élections générales de 1960 ont été marquées par une participation massive des électeurs, démontrant l’engagement du peuple marocain envers la démocratie naissante. 4.590.000 Marocains et Marocaines se sont déplacés aux urnes afin d’élire les membres des premiers conseils communaux de l’histoire du Maroc. Les résultats ont abouti à la formation d’une coalition dirigée par l’UNFP et l’Istiqlal.

Ces premières élections générales ont jeté les bases d’un système politique démocratique au Maroc, marquant le début d’une période de pluralisme politique et de débat démocratique. Elles ont également ouvert la voie à des réformes sociales et économiques importantes visant à améliorer les conditions de vie de la population.

L’expérience électorale marocaine présente un caractère unique. Entre mai 1960 et avril 1963, le Maroc a organisé trois élections au suffrage universel, permettant aux partis politiques de mener des campagnes avec un certain succès sur des thèmes variés, parfois en opposition avec ceux du gouvernement en place. Des opposants ont été élus, et des ministres en poste ont été battus. Pour saisir la portée politique de ces événements, Rémy Leveau, de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, Université Aix Marseille, compare brièvement l’instauration du système électoral marocain avec des processus historiques similaires en Europe. Bien que les méthodes diffèrent, certaines hypothèses sur les intentions des dirigeants peuvent rapprocher ces cas des modèles européens classiques, notamment concernant le rôle des élections dans un système monarchique en transition.

« L’intensité de la participation populaire dans la lutte pour le retour d’exil de Mohammed V peut alors se comparer à celle des révolutions européennes du XIXe siècle. À côté de cela, la décision royale instituant, le 1er septembre 1959, l’élection au suffrage universel direct sans limitation aucune, n’arrivait pas comme une conquête populaire, mais plutôt comme la suite d’un débat politique au sein de la classe dirigeante. Les demandes du Parti de l’Istiqlal n’étaient pas excessivement pressantes, et la résistance du Roi provenait plus de considérations ayant trait au contexte politique ou au calendrier, qu’à une opposition de principe à la démocratie », détaille le chercheur.

Discours de feu Hassan II, en juillet 1970. Fin de l'état d'exception

Discours de feu Hassan II, en juillet 1970. Fin de l’état d’exception.

La politique sous Hassan II

Feu le roi Hassan II avait demandé l’avis des Marocains sur un projet de Constitution en 1962. Bien que l’Union nationale des forces populaires (UNFP) ait boycotté ce référendum, il a recueilli un soutien massif de 80,10%, avec une participation élevée de 77,88%.

Deux ans après le début de la première législature, le 7 juin 1965, feu le roi Hassan II prend la décision de dissoudre le Parlement, présidé par Abdelkrim El Khatib, non pas en convoquant des élections anticipées, mais en déclarant l’état d’exception. La situation était critique, et la tension sociale, à son paroxysme. Trois mois auparavant, des milliers de citoyens avaient péri lors du soulèvement de Casablanca. Le chômage et la situation économique générale avaient suscité la colère de la population. L’augmentation des prix avait encore exacerbé les tensions. En juin, les étudiants, s’opposant aux coupures dans l’enseignement supérieur, se sont joints au mouvement.

Cette conjonction de facteurs a poussé le Roi à proclamer l’état d’exception. En invoquant l’article 35 de la Constitution de 1962, le défunt Souverain s’est octroyé tous les pouvoirs législatifs et exécutifs.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 4 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité

Et sur nos réseaux sociaux :

élections

11 juin 1936 : premières grandes grèves des Marocains sous protectorat

Sous protectorat français, il fallait faire et se taire. Les travailleurs marocains avaient évidemment moins de droits et d’opportunités que…
élections

3 juin 1970 : à l’origine des paroles de l’hymne national marocain

Il suffit d'en entendre les premières notes pour sentir cette précieuse fierté. À chacun son souvenir : un match marquant, une matinée parti…
élections

Chellah : le joyau historique de la capitale

Situé sur la rive sud du Bouregreg, à quelques kilomètres à peine du centre de Rabat, le site historique du Chellah est l'un des joyaux cult…
élections

16 mai 2003 : ces attentats qu’on n’oubliera jamais

16 mai 2003. Casablanca. 22h00. Les nouvelles, ce soir-là, s’emballent. L’impensable est arrivé. La capitale économique est victime de cinq …
élections

21 ans de Moulay El Hassan : portrait d’un prince héritier qui fascine

Ce 8 mai 2024, le prince héritier Moulay El Hassan fête ses 21 ans. Un âge que le prince n’a pourtant pas attendu pour s’engager dans la vie…
élections

1775 à nos jours : Maroc-USA, meilleurs ennemis ou amis ?

L'amitié Maroc - USA n’est pas née d’hier. L'arrière-plan relationnel est inscrit dans un processus historique particulier. Les relations du…
élections

25 avril 1945, libération de l’Italie : un tournant historique

La naissance du fascisme Le fascisme en Italie a émergé dans les années 1920 sous la direction de Benito Mussolini, qui a exploité le mécon…
élections

20 avril 1889 : de l’ascension à la chute, qui était Adolf Hitler ?

L'ascension de Hitler   Né à Braunau am Inn, en Autriche-Hongrie (aujourd'hui Autriche), Adolf Hitler a vu le jour le 20 avril 1889. A…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire