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Après des décennies de domination coloniale, le Maroc a accédé à l’indépendance en 1956, mettant fin au protectorat français et espagnol. Toutefois, la transition vers un régime politique démocratique était encore en cours, et les élections générales de 1960 ont été un pas crucial dans cette direction.
Ces élections ont été organisées dans un contexte de grande effervescence politique, avec plusieurs partis nouvellement formés cherchant à prendre le pouvoir. Parmi les partis les plus influents figuraient l’Union nationale des forces populaires, UNFP, actuelle USFP, le Mouvement populaire (MP), le Parti de l’Istiqlal, et le Parti du progrès et du socialisme (PPS, anciennement nommé Parti communiste marocain).
L’Union socialiste des forces populaires, fondée en 1959 par Mehdi Ben Barka, a été l’un des partis les plus actifs et les plus populaires de l’époque. Prônant le socialisme et l’indépendance économique, l’USFP a attiré un large soutien parmi les travailleurs et les classes défavorisées.
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Le Mouvement populaire (MP) a également joué un rôle important dans le paysage politique marocain. Favorisant le nationalisme arabe et la défense des intérêts berbères, le MP a mobilisé une base de soutien importante, en particulier dans les régions rurales.
Le Parti de l’Istiqlal, fondé en 1944 et dirigé par Allal El Fassi, était l’un des premiers partis politiques marocains à avoir émergé pendant le mouvement pour l’indépendance. Il a joué un rôle clé dans la lutte pour la libération du pays et a continué à exercer une influence politique significative après l’indépendance.
Quant au Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), il a été fondé en 1959 en tant que parti communiste marocain, prônant le socialisme et la justice sociale. Bien que moins influent que les autres partis, le PPS a néanmoins participé activement au processus démocratique.
Les élections
Les élections générales de 1960 ont été marquées par une participation massive des électeurs, démontrant l’engagement du peuple marocain envers la démocratie naissante. 4.590.000 Marocains et Marocaines se sont déplacés aux urnes afin d’élire les membres des premiers conseils communaux de l’histoire du Maroc. Les résultats ont abouti à la formation d’une coalition dirigée par l’UNFP et l’Istiqlal.
Ces premières élections générales ont jeté les bases d’un système politique démocratique au Maroc, marquant le début d’une période de pluralisme politique et de débat démocratique. Elles ont également ouvert la voie à des réformes sociales et économiques importantes visant à améliorer les conditions de vie de la population.
L’expérience électorale marocaine présente un caractère unique. Entre mai 1960 et avril 1963, le Maroc a organisé trois élections au suffrage universel, permettant aux partis politiques de mener des campagnes avec un certain succès sur des thèmes variés, parfois en opposition avec ceux du gouvernement en place. Des opposants ont été élus, et des ministres en poste ont été battus. Pour saisir la portée politique de ces événements, Rémy Leveau, de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, Université Aix Marseille, compare brièvement l’instauration du système électoral marocain avec des processus historiques similaires en Europe. Bien que les méthodes diffèrent, certaines hypothèses sur les intentions des dirigeants peuvent rapprocher ces cas des modèles européens classiques, notamment concernant le rôle des élections dans un système monarchique en transition.
« L’intensité de la participation populaire dans la lutte pour le retour d’exil de Mohammed V peut alors se comparer à celle des révolutions européennes du XIXe siècle. À côté de cela, la décision royale instituant, le 1er septembre 1959, l’élection au suffrage universel direct sans limitation aucune, n’arrivait pas comme une conquête populaire, mais plutôt comme la suite d’un débat politique au sein de la classe dirigeante. Les demandes du Parti de l’Istiqlal n’étaient pas excessivement pressantes, et la résistance du Roi provenait plus de considérations ayant trait au contexte politique ou au calendrier, qu’à une opposition de principe à la démocratie », détaille le chercheur.
La politique sous Hassan II
Feu le roi Hassan II avait demandé l’avis des Marocains sur un projet de Constitution en 1962. Bien que l’Union nationale des forces populaires (UNFP) ait boycotté ce référendum, il a recueilli un soutien massif de 80,10%, avec une participation élevée de 77,88%.
Deux ans après le début de la première législature, le 7 juin 1965, feu le roi Hassan II prend la décision de dissoudre le Parlement, présidé par Abdelkrim El Khatib, non pas en convoquant des élections anticipées, mais en déclarant l’état d’exception. La situation était critique, et la tension sociale, à son paroxysme. Trois mois auparavant, des milliers de citoyens avaient péri lors du soulèvement de Casablanca. Le chômage et la situation économique générale avaient suscité la colère de la population. L’augmentation des prix avait encore exacerbé les tensions. En juin, les étudiants, s’opposant aux coupures dans l’enseignement supérieur, se sont joints au mouvement.
Cette conjonction de facteurs a poussé le Roi à proclamer l’état d’exception. En invoquant l’article 35 de la Constitution de 1962, le défunt Souverain s’est octroyé tous les pouvoirs législatifs et exécutifs.
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