Accueil / Société

La lutte des Marocaines pour leurs libertés individuelles

Temps de lecture

Des milliers de Marocaines se sont exposées au risque d’être arrêtées en admettant avoir eu des rapports sexuels hors mariage et avoir subi des avortements, en solidarité avec Hajar Raissouni, une journaliste de 28 ans qui a été emprisonnée.

Le Code pénal marocain interdit les relations sexuelles en dehors du mariage et les avortements qui ne présentent aucun risque pour la vie de la mère. Les chiffres officiels indiquant que plus de 14 500 personnes ont été jugées l’année dernière pour « débauche », 3 048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avoir subi un avortement. En 2016, le gouvernement a approuvé un certain nombre d’amendements du Code pénal, dont la légalisation de l’avortement dans les cas de viol, d’inceste, de situations où la mère a de graves problèmes de santé mentale, ou lorsque le fœtus souffre d’une maladie grave ou d’une malformation. Toutefois, ces changements n’ont pas encore été appliqués.

La colère des Marocaines

Les activistes marocains affirment que des milliers de femmes ont signé le manifeste lancé par deux Marocaines, Sonia Terrab et Leila Slimani, dans lequel elles déclarent avoir enfreint à la fois la loi sur les relations sexuelles hors mariage et celle sur l’avortement, afin de soutenir Hajar Raissouni, une journaliste emprisonnée pour les deux délits. Celles qui ont signé la déclaration, qui a fait la Une du journal français Le Monde, ont affirmé qu’elles continueraient à enfreindre « des lois injustes et obsolètes » jusqu’à ce qu’elles fassent l’objet d’une révision.

Le manifeste, rédigé par l’écrivaine franco-marocaine Leila Slimani et la cinéaste marocaine Sonia Terrab, compte aujourd’hui plus de 7 000 signatures, dont celle de plusieurs hommes. « Lorsqu’une femme se donne du pouvoir, elle en donne à tout le monde autour d’elle », a déclaré Terrab à The Independent. « Je suis étonnée de voir à quel point les femmes marocaines sont fortes et courageuses en ce moment — surtout les jeunes. Nous avons atteint 7 000 signatures et nous poursuivons notre lutte. Je suis si fière ».

La réaction deHuman Rights Watch

Human Rights Watch a condamné l’arrestation de Raissouni, qui « viole de manière flagrante » ses droits — en exhortant les autorités à abandonner les charges retenues contre elle et à la libérer immédiatement, et en déplorant que son droit à la vie privée et à la liberté a été violé.

« En premier lieu, Hajar Raissouni est accusé de comportement privé présumé qui ne devrait pas être criminalisé », a déclaré Ahmed Benchemsi, directeur de la communication du groupe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. « De plus, en rendant publiques des allégations détaillées sur sa vie sexuelle et reproductive, les autorités ont bafoué son droit à la vie privée et ont visiblement cherché à salir sa réputation». Son arrestation illustre le «manque de respect des libertés individuelles» de la nation et l’utilisation sélective de la loi, a-t-il ajouté.

Ce qui s’est passé

Hajar Raissouni, issue d’une célèbre famille dissidente, est mariée religieusement, mais pas encore légalement et devait se marier avec son partenaire Rifaat Al-Amin au début du mois. Selon ces dires, la police l’a agressé elle et son fiancé, les forçant à retourner chez le médecin et affirmant qu’elle avait subi un avortement. Raissouni, son fiancé et le personnel médical ont tous été arrêtés pour avortement illégal — un avortement qui, selon la victime, n’a jamais eu lieu.

L’arrestation de la journaliste a déclenché de vivesprotestations dans le pays. Le hashtag #FreeHajar a été lancé sur les réseaux sociaux en solidarité avec elle. Le fiancé de Raissouni, le médecin qui aurait effectué l’avortement et ses deux assistants sont accusés de complicité et risquent jusqu’à dix ans de prison.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Etudes à l’étranger : assouplissement des mesures de changes

Société - L'Office des changes a publié la circulaire relative aux mesures d'assouplissement du régime de voyages pour études à l'étranger.

Rédaction LeBrief - 3 janvier 2025

Casablanca: 100 Dhs d’amendes pour les pollueurs

Société La commune de Casablanca prépare le lancement d’une "police de la propreté" pour lutter contre l'incivisme de certains citoyens.

Mouna Aghlal - 3 janvier 2025

Génération Bêta : au carrefour du futur et de l’espoir

Société - Après les Millennials, la génération Z et les Alpha, une nouvelle cohorte s’apprête à voir le jour : la génération Bêta.

Ilyasse Rhamir - 2 janvier 2025

Innovation et sécurité : Tanger au cœur des réseaux intelligents

Société - Les villes de Tanger et Chefchaouen accueilleront, les 10 et 11 avril, la 8e édition de la Conférence internationale dédiée aux réseaux, aux systèmes intelligents et à la sécurité.

Ilyasse Rhamir - 2 janvier 2025

RAM : Rabat – Dakhla enfin connectées

Société - RAM étoffe son réseau domestique en inaugurant une nouvelle ligne directe entre Rabat et Dakhla à partir du 15 janvier 2025.

Rédaction LeBrief - 2 janvier 2025

Jours fériés et vacances scolaires au Maroc en 2025

Société - L'année 2025 au Maroc est marquée par une riche variété de célébrations et de fêtes. Elles témoignent de la richesse culturelle du Royaume. 

Mbaye Gueye - 2 janvier 2025

Vers un système de santé renforcé d’ici 2030

Société - Le ministre de la Santé, a annoncé une augmentation de 88% des places pédagogiques dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire en 2024.

Ilyasse Rhamir - 2 janvier 2025

Réforme des retraites : vers un départ à 65 ans et le gel de la revalorisation des pensions

Société - La réforme propose de relever l’âge de départ à la retraite à 65 ans pour les secteurs public et privé, d’augmenter les taux de cotisation, et d’introduire un plafond unifié dans le système fondamental, équivalent à deux fois le salaire minimum.

Mbaye Gueye - 2 janvier 2025
Voir plus

Santé mentale au Maroc : briser les tabous, réformer le système

Société - Au Maroc, la santé mentale demeure un domaine préoccupant, longtemps négligé dans les politiques publiques.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Lutte contre la cyberviolence : le Maroc en première ligne

Société - La cyberviolence, dissimulée et dévastatrice, est devenue un enjeu majeur pour les autorités marocaines.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire