Accueil / Économie

Créances douteuses : BAM réfléchi à purifier les bilans des banques

Temps de lecture

Les créances en souffrance représentent plus de 7% des crédits accordés par les banques, soit 65 milliards de DH à fin 2018. La dégradation du taux de sinistralité aura une influence sur leur capacité à continuer à financer normalement l’économie. Ces créances sont couvertes à 69% par des provisions. Pour sortir ce risque du bilan, l’une des options qui se présente aux banques est de titriser le portefeuille de prêts douteux. Cette opération permet d’afficher les pertes réelles sur les crédits et de libérer des fonds propres réglementaires. Sur certains portefeuilles, les banques auront tendance à privilégier cette technique pour ne pas tout perdre, même si en amont elles se couvrent en exigeant un certain nombre de garanties. Sur d’autres, elles vont miser sur l’efficacité de leurs équipes de recouvrement.

Depuis quelques années, l’activité réglementaire dans le secteur bancaire s’est intensifiée demandant une adaptation constante des établissements sous le contrôle de Bank Al-Maghrib. L’année dernière les banques ont implémenté la norme IFRS 9. D’autres à venir comme la circulaire 19/G sur la classification et le provisionnement des créances auront des conséquences lourdes. Cela va entrainer des changements importants dans le comportement des banques ce qui se reflétera aussi sur leur relation avec la clientèle. En même temps, la Banque centrale réfléchit à d’autres moyens pour alléger les bilans bancaires des crédits non performants (créances en souffrance).

A fin 2018, l’encours de ces crédits totalisait 65 milliards de DH. En tenant compte des activités des banques qui sont exposées en Afrique subsaharienne, cet encours monte à 93 milliards de DH. Il y a peu, la banque centrale et l’agence de notation financière Fitch se sont accrochées sur le niveau des impayés. Fitch estime que les chiffres publiés par les banques ne reflètent pas la réalité et que les créances en souffrance sont bien plus significatives. L’agence de notation est jusqu’ici restée inflexible sur sa position.

Un impact sur l’octroi de crédit

A leur niveau actuel, les créances en souffrance représentent plus de 7% des crédits accordés par les banques. La dégradation du taux de sinistralité aura une influence sur leur capacité à continuer à financer normalement l’économie. Les impayés absorbent des fonds propres. Moins il y en a, moins les banques seront amenées à constituer des provisions pour couvrir le risque. Sachant que la philosophie change aujourd’hui avec l’IFRS 9, puisque les banques doivent désormais provisionner même les crédits sains. Elles seront donc plus regardantes sur l’octroi du crédit. Les provisions pour créances en souffrance s’élèvent à 45 milliards de DH et couvrent 69% des impayés. Le taux de provisionnement diffère d’une banque à l’autre banques. Les filiales des banques françaises affichent des taux de provisionnement parmi les plus élevés du marché parce qu’elles appliquent des règles bien plus contraignantes en raison des exigences de leur maison mère, elles-mêmes soumises à une réglementation très stricte (accords de Bâle III).

Comment assainir son bilan?

Pour élaguer ce risque du bilan, l’une des solutions dont dispose les banques est de titriser les créances en souffrance. Cette technique revient à transformer les prêts douteux en titres financiers, à travers un véhicule de titrisation, et à les céder à des investisseurs sur un marché secondaire.

Pour les banques, cette opération permet d’afficher les pertes réelles sur les crédits et de libérer des fonds propres qui vont permettre de développer d’autres crédits. C’est ce sur quoi la banque centrale et les banques réfléchissent. Mais, c’est un sujet complexe. Pour liquider leurs crédits non performants, les banques doivent entre autres accepter un prix nettement inférieur à la valeur du portefeuille. C’est comme pour les tomates, les belles ne sont pas vendues au même prix que les pourries. Attention toutefois aux dérives que cela peut entrainer. C’est cette technique qui, entre autre, était à l’origine de la crise des subprimes de 2008.

La valorisation des créances en souffrance est donc un sujet capital. Sur certains portefeuilles, les banques auront tendance à privilégier cette technique pour ne pas tout perdre, même si en amont elles se couvrent en exigeant un certain nombre de garanties. Sur d’autres, elles vont miser sur l’efficacité de leurs équipes de recouvrement.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Rail marocain : cap sur 2030 avec une révolution ferroviaire

Économie - Lors du Rail Industry Summit, des responsables et experts ont dévoilé un plan ambitieux pour révolutionner le réseau ferroviaire national.

Ilyasse Rhamir - 10 décembre 2024

Rencontre entre la Confédération des TPE-PME et Nadia Fettah

Économie - L’objectif de cette réunion était de traiter les enjeux économiques pesant sur les TPE-PME, qui constituent 98% des entreprises marocaines.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Al Haouz : +16% de nuitées à fin octobre 2024

Économie - Les EHTC de la province d’Al Haouz ont connu une augmentation notable de leur activité au cours des dix premiers mois de l’année 2024.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

HCP : une croissance record en 2023, mais des défis à relever

Économie - Le Revenu national brut disponible (RNBD) a enregistré une augmentation de 9,7% pour s’établir à 1.575,6 MMDH en 2023, selon HCP.

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024

AMMC : dépôt d’un projet d’OPA obligatoire sur les actions « Eqdom »

Économie - Les sociétés Saham Finances, Société Générale Marocaine de Banques et Investima ont décidé auprès du l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) un projet d’offre publique d’achat (OPA) obligatoire visant les actions « Eqdom ».

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024

Crypto-monnaies : Nadia Fettah plaide pour une régulation

Économie - Les crypto-monnaies pourraient devenir un levier essentiel pour renforcer l’inclusion financière au Maroc, a affirmé Nadia Fettah, lors de l'AFIS 2024.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

RAM : reprise des vols directs entre Casablanca et Sao Paulo

Économie - Après cinq ans d’interruption, Royal Air Maroc (RAM) a repris ses vols directs entre Casablanca et Sao Paulo.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Casablanca accueille l’Africa Financial Summit 2024

Économie - Casablanca accueille depuis ce lundi les travaux de l'Africa Financial Summit, un événement phare du secteur financier africain.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024
Voir plus

Banque mondiale : le spectre d’une imminente crise de la dette

Économie - Dans son nouveau rapport sur la dette internationale, la Banque mondiale alerte sur le risque de surendettement des pays pauvres.

Manal Ben El Hantati - 12 décembre 2022

Driss Guerraoui primé à Barcelone

Économie - Le professeur Driss Guerraoui, président de l’Université Ouverte de Dakhla, a reçu le Prix international du leadership en intelligence économique pour l’année 2024.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

CNT : Hamid Bentahar réélu

Économie - Hamid Bentahar se voit réélu pour un mandat de 3 ans à la tête de la CNT et Othman Ibn Ghazala élu vice-président générale.

Ilyasse Rhamir - 30 septembre 2024

HCP : la croissance de l’économie nationale devrait augmenter au T1-2023

Économie - Selon les projections du HCP, la croissance de l’économie nationale s’est située à 1,4% au dernier trimestre de 2022.

Rédaction LeBrief - 3 janvier 2023

Budget 2025, réforme sociale : les annonces de Younes Sekkouri

Économie - Avec une enveloppe budgétaire globale de 14 milliards de dirhams, le ministère ambitionne de relever plusieurs défis, notamment dans les domaines de l’emploi et du soutien économique.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire