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2022 : l’économie marocaine prise en tenaille

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Gros plan

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2022 restera une année mitigée pour l’économie nationale. C’est une année avec un taux de croissance qui ne dépasserait pas les 0,8%, très bas par rapport aux prévisions initiales (3,2%). Mais c’est aussi l’année de reprise de certains secteurs comme le tourisme qui affiche des résultats exceptionnels. La superposition de deux crises (pandémie de Covid-19 et guerre en Ukraine) ainsi que la sécheresse qui a plombé l’activité du secteur primaire ont aussi causé des dommages certains aux couches populaires et à la classe moyenne. Rétrospective…

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S’il y avait un seul mot à retenir pour résumer l’année 2022 d’un point de vue économique, cela serait : inflation. L’année qui s’achève a éprouvé les ménages avec une flambée généralisée et inégalée des prix. À fin novembre, le Haut-Commissariat au plan (HCP) annonçait une progression de 6,5% de l’Indice des prix à la consommation (IPC). Les citoyens n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Les prix des produits alimentaires et énergétiques sont au plus haut depuis des mois et, à part l’effort fourni par le gouvernement en matière de compensation du gaz butane, de la farine et du sucre, les ménages subissent les différentes augmentations sans percevoir de retour à la normale. Seule mesure exceptionnelle décidée par le gouvernement : le soutien apporté aux professionnels du transport dont la 8e vague d’aide a été débloquée il y a quelques jours.

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Vous avez dit résilience ?

De l’aveu même du patron du HCP, Ahmed Lahlimi, la crise a fait perdre au Maroc deux ans et demi de croissance. Interrogé auparavant par LeBrief.ma, l’économiste Abdelghani avait estimé que depuis la crise sanitaire et le déclenchement de la guerre en Ukraine, nous avons vécu une superposition de deux crises, la demande causée par le confinement suivi d’un choc de l’offre, principal moteur de l’inflation. «À l’instar de tous les gouvernements du monde, le gouvernement Akhannouch fait face au dilemme entre la sanctuarisation de la résilience économique pour sauvegarder le pouvoir d’achat ou l’aggravation de la dette publique et le déficit budgétaire (…) Désormais, le pouvoir d’achat structure tout, les Marocains s’attendaient à l’ »indemnité inflation », pour eux elle devait se trouver dans le prix de l’essence et du gasoil et ils sont des millions à penser que le gouvernement avait cette possibilité», estimait-il.

Lire aussi : Ahmed Lahlimi : la crise a fait perdre au Maroc 2 ans et demi de croissance

Fort heureusement, certains indicateurs de revenus ont connu une évolution positive. Les crédits à la consommation ont augmenté de 3,8% à fin octobre, les transferts des MRE ont bondi de 11,5% à fin octobre et les créations d’emplois rémunérés se sont bonifiés de 152.000 au 3e trimestre 2022.

Les autres indicateurs macro-économiques fournis par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) dans sa note de conjoncture du mois de décembre sont plutôt positifs. On notera notamment le maintien de l’effort d’investissement comme en atteste le bon comportement des importations des biens d’équipement et des demi-produits (respectivement +20,8% et +51,3% à fin octobre) et des recettes des IDE (+33% à fin octobre), ainsi que de l’investissement du Budget général de l’État (+23,7% à fin novembre). Mais attention. D’un autre côté, le déficit commercial s’est creusé de 56,4% et le taux de couverture a baissé de 3,3 points à fin octobre. Pourquoi ? C’est tout simplement le résultat d’une hausse des importations (+44,2%) plus importante que celle des exportations (+36,4%). Cela prouve que le principe de préférence nationale et le « Made in Morocco » n’ont pas encore d’effets réels.

Les secteurs qui performent

L’exercice qui s’achève a vu des secteurs performer à l’export comme celui des phosphates et dérivés (+63%). Au titre des dix premiers mois de cette année, les exportations du secteur automobile se sont élevées à 89,18 milliards de DH, en accroissement de 36,7% par rapport à fin octobre 2021. Ces exportations atteignent ainsi leur niveau le plus élevé durant la même période au cours des cinq dernières années. En parallèle, les exportations du secteur agricole et agroalimentaire se sont établies à plus de 66,95 MMDH à fin octobre 2022, en augmentation de 19,9% par rapport à la même période de 2021. Quant aux exportations du textile et cuir, elles se sont accrues de 24,4% (+7,35 MMDH) au titre des dix premiers mois de l’année.

Grand pourvoyeur de devises, après deux années de disette, le secteur touristique a connu une embellie sans précédent malgré une ouverture tardive des frontières au mois d’avril. Le secteur a non seulement rattrapé son retard, mais il a carrément dépassé le niveau pré-pandémie. Après avoir atteint un niveau record au troisième trimestre 2022, soit 34,8 milliards de dirhams, en amélioration de 240,6% en une année et de 30,6% par rapport au même trimestre de 2019, les recettes touristiques poursuivent leur élan. En atteste leur performance au mois d’octobre de +142,1%, en glissement annuel et de +29,1% par rapport au mois d’octobre 2019. On parle de 71,1 milliards de DH grâce à un bond des arrivées touristiques (7,7 millions de touristes).

Lire aussi : 2022, une année qui redonne des couleurs au tourisme

L’année 2022 a aussi été marquée par deux baisses du taux directeur, décidée par Bank Al-Maghrib (BAM). Cette politique restrictive priorise le soutien de la stabilité des prix. Au volet financier toujours, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) a autorisé en cette année l’assurance Takaful complétant ainsi l’écosystème de la finance participative. Un préalable pour un développement pérenne en 2023…

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