Accueil / Monde

Poutine fête ses 20 ans à la tête du gouvernement russe

Temps de lecture

Il y a vingt ans, le 9 août 1999, le président russe Boris Eltsine a nommé son quatrième Premier ministre en moins de 18 mois : Vladimir Poutine, qui était à l’époque un chef des services de sécurité relativement méconnu et qui avait peu d’expérience politique.

Eltsine cherchait un successeur et rares étaient ceux qui auraient pu prédire que deux décennies plus tard, Poutine continuerait à diriger la Russie après avoir assumé un rôle majeur sur la scène mondiale.

Mais cet anniversaire survient à un moment d’incertitude dans le règne du dirigeant.

Les taux de popularité de Poutine se maintiennent à un seuil que la plupart des dirigeants occidentaux lui envieraient, mais ils ont été touchés par une économie stagnante et une baisse du niveau de vie.

Un mouvement de protestation à Moscou a entre-temps vu des milliers de personnes arrêtées ces dernières semaines — la plus grande vague de répression depuis une vague de manifestations contre le retour de Poutine au Kremlin en 2012.

À 66 ans, il est confronté un dilemme dramatique de succession.

Il s’agit de son dernier mandat en vertu de la constitution russe, mais après avoir éliminé la concurrence et pris le contrôle de la plupart des médias, il n’y a pas de candidat potentiel pour le remplacer.

Selon les analystes, il est peu probable que le dirigeant russe le plus ancien depuis Joseph Staline abandonne complètement le pouvoir lorsque son mandat actuel prendra fin en 2024.

L’analyste politique Konstantin Kalachev explique : « La popularité de Poutine est maintenant complètement différente de celle qu’il avait auparavant. Autrefois, les gens le vénéraient vraiment. Aujourd’hui, sa notoriété est basée sur l’absence d’alternative, sur le principe de “tant que ce n’est pas pire”. »

Poutine, le libéral

La situation était très différente lorsque Poutine a remporté sa première élection présidentielle après la démission anticipée d’Eltsine la veille du Nouvel An 2000.

« La Russie, malgré sa pauvreté et ses problèmes de criminalité, était encore un pays démocratique et libéral », a déclaré le journaliste Nikolai Svanidze, qui a souvent interviewé Poutine au début de son séjour au Kremlin.

« Après 20 ans au gouvernement, il est quasiment devenu sultan, son pouvoir n’a plus de limites ».

L’analyste politique Konstantin Kalachev a déclaré que Poutine a commencé comme un libéral qui était prêt à travailler avec l’Occident, mais avec le temps, il a adopté une position plus conservatrice et hostile.

« Jusqu’au milieu des années 2000, il y avait une vie politique dans le pays et les élections étaient compétitives », a expliqué Kalachev.

Après la révolution orange de 2004 en Ukraine, que le Kremlin croyait soutenue par des gouvernements étrangers pour réduire l’influence de la Russie sur son satellite soviétique, l’attitude de Poutine a changé.

L’attitude méprisante de l’Occident à l’égard de la Russie ainsi que ses interventions en Irak, en Libye et ailleurs ont exacerbé Poutine, a déploré Kalachev.

« Je crois que sa déception… a été le déclencheur de cette évolution » vers une ligne plus dure, a déclaré l’analyste.

Les Russes libéraux, cependant, avaient des doutes sur leur chef depuis le début, non seulement à cause de ses antécédents au KGB, mais aussi à cause de la sévérité de sa répression contre les séparatistes tchétchènes.

Des questions subsistent au sujet d’une série d’attentats à la bombe perpétrés contre des immeubles d’habitation russes, qui ont été attribués à des séparatistes, mais certaines allégations ont été présentées par les services de sécurité pour couvrir une intervention militaire ultérieure en Tchétchénie.

La réaction ferme de Poutine face à cette crise a stimulé sa popularité auprès du grand public et l’a aidé à passer de président intérimaire à dirigeant élu, avec 53 % des voix.

Il reste apprécié par une grande partie de l’opinion publique, qui le considère comme l’homme qui a restauré la dignité de la Russie après l’effondrement humiliant de l’URSS et comme une garantie de stabilité après les changements des années 90.

Mission historique

Maintenant, Poutine et son équipe cherchent un moyen de sortir du Kremlin qui leur permettra de maintenir leur influence, a déclaré l’analyste et chroniqueur Gregory Bovt.

Cela pourrait se traduire par la création d’une nouvelle institution plutôt que par un bref retour au rôle de premier ministre pour contourner les limites constitutionnelles du mandat de la présidence, comme en 2008, selon Bovt.

« Une sorte d’organe collectif sera créé pour diriger le pays, et Poutine restera toujours à sa tête », a-t-il affirmé — un système similaire à celui de l’ancien Kazakhstan soviétique, où Nursultan Nazarbayev, dirigeant de longue date, s’est retiré, mais continue à diriger le pays.

Mais si cela se produit, Poutine sera probablement très loin de la direction quotidienne de la Russie.

« Il continuera de veiller sur le pays… sa tâche est de remplir sa mission historique », a ajouté Bovt.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Moscou : le drapeau de l’opposition syrienne flotte sur l’ambassade

Monde - Le drapeau de l'opposition syrienne flotte désormais sur l’ambassade de Syrie à Moscou, un geste symbolique qui marque un tournant historique dans la crise syrienne.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

La Syrie après la chute de Bachar el-Assad : une ère d’incertitudes et de tensions

Monde - La chute historique de Bachar el-Assad, provoquée par une offensive rebelle menée par Abou Mohammed al-Joulani, ouvre un nouveau chapitre pour la Syrie. Entre ambitions politiques, rivalités géopolitiques et défis humanitaires, le pays se retrouve à un carrefour décisif.

Farah Nadifi - 9 décembre 2024

Royaume-Uni-UE : relance des relations au cœur de la visite de Rachel Reeves à Bruxelles

Monde - La ministre des Finances, Rachel Reeves, entame ce lundi une visite à Bruxelles pour renforcer les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Syrie : Bachar Al- Assad évincé du pouvoir par une coalition de rebelle

Monde - Une coalition de rebelles a annoncé la chute du régime de Bachar al-Assad, au pouvoir en Syrie depuis 24 ans.

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

Syrie : les statues des Assad renversées dans un élan populaire historique

Monde - Des statues de de la famille Al-Assad sont déboulonnées et piétinées après l’annonce par une coalition de groupes rebelles de la fuite de Bachar al-Assad.

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

L’Espagne dévoile sa stratégie pour l’Afrique 2025-2028

Monde - Le gouvernement espagnol a présenté son plan 2025-2028 pour l'Afrique, axé sur le renforcement des relations économiques et diplomatiques avec les pays africains.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Mercosur-UE : un accord historique après 25 ans de négociations

Monde - Après un quart de siècle de discussions, le Mercosur et l’UE ont signé ce vendredi un accord historique de libre-échange.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Donald Trump nomme David Perdue ambassadeur en Chine

Monde - Donald Trump a désigné l’ancien sénateur républicain David Perdue comme ambassadeur des États-Unis en Chine.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024
Voir plus

Kamala Harris concède sa défaite face à Donald Trump

Monde - La candidate Kamala Harris, a appelé Donald Trump pour le féliciter de sa victoire et concédé sa défaite.

Mbaye Gueye - 6 novembre 2024

Barnier sur le fil : la France face à la censure

Monde - Le recours au 49.3 pour valider le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale place le gouvernement de Michel Barnier dans une situation critique.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Équateur : la grogne de la population se poursuit

Monde - La police de Quito, la capitale de l’Équateur, a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants indigènes qui tentaient de prendre d’assaut le Parlement. Cette protestation paralyse le pays et dénonce la hausse des prix du carburant et du niveau de vie.

Nora Jaafar - 24 juin 2022

Est-ce que l’hypnose fonctionne vraiment ?

Monde - L'hypnose permet d'accéder aux couches les plus profondes du cerveau, souvent bridées par la conscience

Rédaction LeBrief - 3 avril 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire