Eltsine cherchait un successeur et rares étaient ceux qui auraient pu prédire que deux décennies plus tard, Poutine continuerait à diriger la Russie après avoir assumé un rôle majeur sur la scène mondiale.
Mais cet anniversaire survient à un moment d’incertitude dans le règne du dirigeant.
Les taux de popularité de Poutine se maintiennent à un seuil que la plupart des dirigeants occidentaux lui envieraient, mais ils ont été touchés par une économie stagnante et une baisse du niveau de vie.
Un mouvement de protestation à Moscou a entre-temps vu des milliers de personnes arrêtées ces dernières semaines — la plus grande vague de répression depuis une vague de manifestations contre le retour de Poutine au Kremlin en 2012.
À 66 ans, il est confronté un dilemme dramatique de succession.
Il s’agit de son dernier mandat en vertu de la constitution russe, mais après avoir éliminé la concurrence et pris le contrôle de la plupart des médias, il n’y a pas de candidat potentiel pour le remplacer.
Selon les analystes, il est peu probable que le dirigeant russe le plus ancien depuis Joseph Staline abandonne complètement le pouvoir lorsque son mandat actuel prendra fin en 2024.
L’analyste politique Konstantin Kalachev explique : « La popularité de Poutine est maintenant complètement différente de celle qu’il avait auparavant. Autrefois, les gens le vénéraient vraiment. Aujourd’hui, sa notoriété est basée sur l’absence d’alternative, sur le principe de “tant que ce n’est pas pire”. »
Poutine, le libéral
La situation était très différente lorsque Poutine a remporté sa première élection présidentielle après la démission anticipée d’Eltsine la veille du Nouvel An 2000.
« La Russie, malgré sa pauvreté et ses problèmes de criminalité, était encore un pays démocratique et libéral », a déclaré le journaliste Nikolai Svanidze, qui a souvent interviewé Poutine au début de son séjour au Kremlin.
« Après 20 ans au gouvernement, il est quasiment devenu sultan, son pouvoir n’a plus de limites ».
L’analyste politique Konstantin Kalachev a déclaré que Poutine a commencé comme un libéral qui était prêt à travailler avec l’Occident, mais avec le temps, il a adopté une position plus conservatrice et hostile.
« Jusqu’au milieu des années 2000, il y avait une vie politique dans le pays et les élections étaient compétitives », a expliqué Kalachev.
Après la révolution orange de 2004 en Ukraine, que le Kremlin croyait soutenue par des gouvernements étrangers pour réduire l’influence de la Russie sur son satellite soviétique, l’attitude de Poutine a changé.
L’attitude méprisante de l’Occident à l’égard de la Russie ainsi que ses interventions en Irak, en Libye et ailleurs ont exacerbé Poutine, a déploré Kalachev.
« Je crois que sa déception… a été le déclencheur de cette évolution » vers une ligne plus dure, a déclaré l’analyste.
Les Russes libéraux, cependant, avaient des doutes sur leur chef depuis le début, non seulement à cause de ses antécédents au KGB, mais aussi à cause de la sévérité de sa répression contre les séparatistes tchétchènes.
Des questions subsistent au sujet d’une série d’attentats à la bombe perpétrés contre des immeubles d’habitation russes, qui ont été attribués à des séparatistes, mais certaines allégations ont été présentées par les services de sécurité pour couvrir une intervention militaire ultérieure en Tchétchénie.
La réaction ferme de Poutine face à cette crise a stimulé sa popularité auprès du grand public et l’a aidé à passer de président intérimaire à dirigeant élu, avec 53 % des voix.
Il reste apprécié par une grande partie de l’opinion publique, qui le considère comme l’homme qui a restauré la dignité de la Russie après l’effondrement humiliant de l’URSS et comme une garantie de stabilité après les changements des années 90.
Mission historique
Maintenant, Poutine et son équipe cherchent un moyen de sortir du Kremlin qui leur permettra de maintenir leur influence, a déclaré l’analyste et chroniqueur Gregory Bovt.
Cela pourrait se traduire par la création d’une nouvelle institution plutôt que par un bref retour au rôle de premier ministre pour contourner les limites constitutionnelles du mandat de la présidence, comme en 2008, selon Bovt.
« Une sorte d’organe collectif sera créé pour diriger le pays, et Poutine restera toujours à sa tête », a-t-il affirmé — un système similaire à celui de l’ancien Kazakhstan soviétique, où Nursultan Nazarbayev, dirigeant de longue date, s’est retiré, mais continue à diriger le pays.
Mais si cela se produit, Poutine sera probablement très loin de la direction quotidienne de la Russie.
« Il continuera de veiller sur le pays… sa tâche est de remplir sa mission historique », a ajouté Bovt.
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